"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Le challenge Globe-Trotter des Lecteurs de Babelio m'aura permis de découvrir de nombreux auteurs.
Certains excellents comme Gioconda Belli, d'autres moins, et parfois, certains m'ont fait longuement peiner sur un roman qui n'était pourtant pas très long !
C'est dans cette dernière catégorie que je range 'Et l'amour aussi a besoin de repos de Drago Jancar', auteur slovène.
Ce roman met en scène trois personnages principaux : Sonja une jeune femme de Maribor, Valentin (dit Tine) son amoureux, et Ludek (Ludwig) dont les destins s'entrecroisent à l'aube de la seconde guerre mondiale.
Les garçons feront des choix différents, l'engagement dans les troupes allemandes pour l'un, la résistance slovène pour l'autre et la jeune femme en voulant en sauver l'un sera perdue par l'autre.
Un roman à la trame classique donc, mais traité de façon lente et parfois itérative par un narrateur qui décrit longuement les agissements des deux hommes - la difficile obtention de clous pour l'un, les pérégrinations hivernales dans les montagnes pour l'autre.
Bref, un roman lent, long, mais qui me permet de valider un nouveau pays :)
J’ai beaucoup aimé que le cliché de la jaquette soit celui sur lequel se construit l’histoire. La photo jaunie d’une rue assez large de Maribor, ville du Nord Est de Slovénie, où se tiennent 2 jeunes filles dont l’une tourne la tête. Elle s’appelle Sonja, elle sera l’héroïne, malgré elle, du dernier roman de l’auteur slovène Drago Jančar (prononcez Yantchar en roulant le R). Ce qu’elle a fait n’a pourtant rien d’héroïque, en cette période de 2nde guerre mondiale, elle voulait juste que Valentin, son amoureux, retenu en prison par les SS, soit libéré. Sur le cliché, elle est avec une amie qui l’encourage à courir derrière l’officier que Sonja vient de reconnaître. C’est le fils d’un ami de son père, avec qui elle avait skié enfant, il était gentil, il l’avait ramassée après une chute. Folle d’espoir, elle le rattrape et lui demande une faveur : faire sortir Valentin de prison. Mais le gentil Ludek est devenu Ludwig, qui combat au côté des allemands. Complètement acquis à la cause d’Hitler, professionnel et méfiant, il va se pencher sur le « cas » du jeune Valentin. Il va aussi profiter de la situation et de la jolie Sonja. Valentin est libéré d’une prison dont un partisan ne sort pourtant jamais. Alors le doute s’installe, en Valentin d’abord qui a peur de ce que Sonja a dû faire. Les partisans de sa section qu’il a rejoints immédiatement s’interrogent aussi, Valentin serait-il passé de l’autre côté ? En disparaissant alors qu’il est sous surveillance allemande, Valentin risque la mort, mais sera-t-elle plus douce que celle que lui infligeront les partisans s’il ne peut prouver qu’il n’est pas un espion ?
Les personnages sont entraînés malgré eux, dans un enchaînement de situations qui les mène à une chute absurde. C’est incompréhensible, on a envie de les mettre en garde, de leur parler de la noirceur des hommes, de leur folie. On garde l’espoir, mais ce roman n’est pas un roman feel good, c’est l’histoire de la guerre, des hommes, de la vie. L’auteur nous donne une lecture très différente de la face héroïque de la guerre, celle des partisans, les résistants slovènes, qui malgré leur idéal de liberté, étaient des hommes, des combattants, courageux souvent, mais lâches aussi, hâbleurs, cruels, indifférents, insensibles et sadiques. J’avais été saisie par Cette nuit, je l’ai vue, j’ai ressenti les mêmes émotions en lisant Et l’amour aussi a besoin de repos. Deux excellents romans !
Après un début prometteur où les trois personnages se croisent et se (re)découvrent dans des rôles bien différents, nous nous retrouvons au coeur des combats de résistants et là je dois bien dire que l'ennuie m'a envahie. Qu'est ce qui ressemble plus à une scène qu'une autre scène de combat ? On change de lieux et de personnages mais globalement c'est la même chose d'autant que je n'ai pas vraiment saisi les enjeux.
Une lecture qui m'a semblé longue mais que je n'ai pas voulu abandonner pour autant car je voulais savoir ce que devenait notre trio de personnage. Mais j'avoue que ça a été laborieux... presque 15 jours de lectures pour à peine 340 pages !
J'aime énormément quand Drago Jancar parle de son pays, la Slovénie avec des personnages forts attachants et un territoire superbe aux cultures multiples qui n'a pas été épargné par les conflits de par sa position stratégique.
Dans son dernier roman, Drago Jancar s'inspire d'une photo d'archives prise à Maribor dans les années 1940 où l'on voit deux jeunes filles qui parlent entre elles et le profil de deux soldats en uniforme allemand.
Cette photo sert de cadre au premier chapitre du livre qui raconte le terrible destin de deux hommes et une femme, tous les trois slovènes.
Ludek qui a changé son prénom en Ludwig est devenu officier dans l'armée allemande, Tine a pris le maquis en tant que résistant et Sonja est la personnification de tout le malheur qui s'abat sur son pays.
Drago Jancar n'épargne aucune scène, les tortures dans les caves, les otages fusillés dont la vie est suspendue à une livraison de clous pour fermer leur cercueil, les faits sont effroyables de vérité.
Le terrible sort réservé à Sonja m'a bouleversée, trahie et abandonnée, elle ne sera plus que l'ombre d'elle-même à son retour du camp qui réserve un sort particulier aux femmes cultivées.
Les faits racontés sont d'autant plus poignants et difficiles à supporter que la vie d'avant la guerre était douce et pleine de promesses pour Sonja et Valentin. Ils étaient amoureux, ils aimaient la nature et la poésie slovène de Macha qu'ils s'écrivaient mutuellement.
Sans la guerre, l'officier Ludwig Mischkolnig serait-il resté Ludek, ce jeune homme aimable qui avait aidé Sonja à se relever alors qu'ils skiaient à la montagne. Lui non plus, il ne sera pas épargné. Il aurait peut-être trouver l'amour et l'affection qui lui manquait pour devenir un homme.
J'ai été sauvée de cette violence par la poésie et les beaux passages sur la nature, toujours bienveillante et présente à l'homme, la nature n'a pas de velléité .
Dans son errance dans les bois lui tenant lieu de maquis, Valentin retrouvera un peu d'humanité au contact de la nature :
« il sentit que la fraîcheur des hautes fougères humides, brunes et un peu gelées, des riches couches de feuilles tombées des hêtres, et celle des pins odorants et l'âpreté de l'air frais, il sentit que tout ce qui était autour de lui se changeait en sentiments, en respiration, en veines, en battements de coeur qui tapaient sur les tempes après sa longue marche ».
Le secours de la nature et de la poésie pour ressentir à nouveau une onde de joie ou faire jaillir aux yeux de Sonja des larmes libératrices quand elle lira bien des années plus tard ces vers de Byron qui donnent le titre au livre
«
Ainsi nous n'irons plus vagabonder
Si tard la nuit…
Car l'épée use le fourreau
Et l'âme épuise le coeur,
Et le coeur doit faire halte pour souffler
Et l'amour aussi a besoin de repos ».
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