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Dans une enquête anthropologique qui étudie les interactions entre croyances collectives et expériences individuelles et développe une approche cognitive des faits de croyance, Marine Canin montre combien il importe pour l´éthnologie religieuse du monde indien de prendre en compte les stratégies individuelles. Partant d'histoires de vie de femmes dont elle a partagé l'existence au Bengale, l'auteur montre comment l'infortune qui frappe la personne est réinterprétée en termes de causalité religieuse dans des formes de culte non institutionnalisés. La plupart de ces femmes ont en effet vécu des expériences traumatisantes et ont été amenées à la dévotion à la suite d'un rejet, voire d'une exclusion ou d'une mort sociale. Personnage principal du livre, Parvati, par exemple, fonde un sanctuaire thérapeutique dédie à Shiva et à Kali, à la suite d'un mariage en dehors du groupe santal auquel elle appartenait à l' origine. On assiste alors à l'émergence d'un type nouveau de prêtrise féminine où l'expression de la dévotion voisine avec des formes populaires d' exorcisme . Tiraillées entre les divinités du monde tribal et les dieux hindous, ces personnes cherchent plus ou moins consciemment à revendiquer une identité sur le mode religieux, en manipulant des concepts liés au rituel pour les resituer dans leurs situations individuelles. Dès lors, certains symboles corporels exprimant l'ambivalence sexuelle permettent aux dévots des deux sexes de trouver de nouvelles formes d'éfficacité thérapeutique : c'est le cas des ojha, prêtres tribaux santal qui se féminisent pour assurer les cultes dont ils ont la charge et des prêtresses qui, inversement, adoptent des caractères masculins pour officier dans les sanctuaires. Au Bengale, dans un contexte où les différences entre tribus et castes tendent a s'estomper, la notion d'acculturation des Santal au monde hindou apparaît donc centrale dans un milieu fortement imprégné des cultes tantriques.
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