Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Trente ans après son passage dans l'agence Hutte, Jean Eyben réouvre le dossier qu'il avait gardé sur la disparition jamais élucidée de Noëlle Lefebvre.
Il contient peu de choses. Son adresse 13, rue Vaugelas dans le 15e arrondissement, celle du Dancing de la Marine et celle des magasins Lancel, place de l'Opéra, où elle travaillait. Quelques noms : Gérard Mourade, comédien, Roger Behaviour, Brainos, Sancho, Mollichi... Et un carnet.
Des indices qui convergent vers un château en Sologne, Annecy, et puis plus rien.
Plus rien, car, un jour, Noëlle Lefebvre a passé la frontière pour une autre vie.
Je n'ai pas mieux comme avis que celui de frconstant sur ce même site. Une histoire qui se révèle par petites touches pour un final réussi. Du grand art littéraire, évidemment.
Il y a une trentaine d'années, le narrateur, employé par l'Agence de recherches Hutte, avait été chargé de retrouver une certaine Noëlle Lefebvre.
Seul élément connu : une adresse de poste restante dans le XVème arrondissement de Paris.
Il s'y était intéressé quelques temps, sans succès, croisant des connaissances de la jeune femme, un comédien en herbe, qui l'avait mis sur la piste d'un dancing en bord de Seine, une collègue du magasin Lancel place de l'Opéra ...
Point commun entre Noëlle et le narrateur, leur origine : tous deux étant des environs d'Annecy.
Le temps avait passé, mais de temps en temps le souvenir de Noëlle resurgissait ...
De souvenirs, en rencontres titillant la mémoire, ce roman, comme si souvent chez l'auteur explore les méandres de la mémoire, la façon dont parfois des souvenirs remontent, se désédimentent ...
Une belle occasion de nous offrir des promenades dans un Paris suranné, loin des quartiers rebattus, dans ce fin fond des XVème et XVIème arrondissements, jusqu'à la si tranquille rue des Eaux à l'allure si provinciale.
Un roman bien trop court, qui glisse et s'insinue et, j'en suis certaine restera longtemps présent en moi.
On suit la trame de l'auteur qui nous entraîne à la recherche de Noelle dans les rues de Paris. On marche, on cherche dans le passé. Une courte histoire quo se laisse lire.
Avez-vous déjà observé un aquarelliste ? Au départ, sur sa feuille, il n’y a rien. Rien que du pas encore, même pas en devenir. Et puis, sans que vous en compreniez la logique, ses pinceaux nourrissent la planche de taches de couleurs, de traînées d’indices, l’idée s’ébauche. Des îlots de rationalité s’annoncent et ne prennent vraiment sens que par les blancs qui apparaissent, les vides qui révèlent la limite des sujets et offrent, par leur silence, une promesse de sens à la composition.
Dans son roman « Encre sympathique », l’auteur nous entraîne à la recherche de Noëlle Lefebvre, jeune femme disparue à Paris XVe, il y a trente ans. Plus exactement, il expose à la lumière les souvenirs de Jean, le narrateur, enquêteur et futur écrivain. Il s’est vu confier alors un dossier pour retrouver cette femme. Dossier apparemment aussi vide que peu intéressant. A laisser filer, à classer sans suite et à oublier aussitôt ? C’est sans compter la découverte de l’agenda de Noëlle qui écrivait alors « Si j’avais su… » Il n’en faut pas plus au narrateur pour se remettre en piste et tâcher de comprendre le silence qui se cache derrière ces points de suspension.
Patrick Modiano, Prix Nobel de littérature 2014, affectionne le travail de mémoire et les tris qu’il impose. Comme si la sagesse consistait, chez lui, à identifier dans ses propres écrits le contour du connu, le doute du certain et la place des blancs, des vides, seuls capables de laisser croire que le souvenir peut tout combler.
Modiano écrit à l’encre sympathique, son récit ne se révèle à la lumière qu’en décalage avec le temps où il a été enfoui. Le style lui est personnel. Nul autre ne maîtrise comme lui les nostalgies juxtaposées, les mélancolies teintées d'inquiétudes, les recherches confuses d'une pensée qui existe déjà mais doit encore naître au jour. Chaque phrase, chaque idée, chaque étape du récit prend peu à peu son sens en laissant naître, à côté d'autres phrases, d'autres idées, d'autres moments, des blancs, des espaces de silence, d’oubli à remplir. Et le lecteur assiste au lent et fascinant effet d'un bain révélateur qui peu à peu fait apparaître le souvenir ultime, objet même de la quête de l’auteur.
« Modianesque ! », diront les inconditionnels de l’auteur. Plaisant et facilement abordable diront probablement ceux qui découvre cette plume. Pour ma part, j’ai aimé ce Modiano, comme je l’avais apprécié précédemment sous d’autres titres et comme je l’aimerai encore lors d’une prochaine rencontre.
Roman lu dans le cadre du défi de Madame-Lit que je salue avec plaisir.
Pas le meilleur Modiano, mais il n'empêche, j'ai une fois de plus eu le sentiment de vivre un moment suspendu grâce à l'élégance et la finesse du style.
Il y a trente ans, le narrateur s’était vu confié une enquête par l’agence de détectives qui l’employait : il s’agissait de retrouver une jeune femme disparue. Ses recherches avaient alors tourné court, et voilà que soudain, si longtemps après, cette affaire resurgit à sa mémoire et l’incite à la reprendre là où il l’avait laissée.
Construit comme une esquisse qui s’éclaircit à mesure des touches de lumière apposées peu à peu par l’auteur, le texte nous fait errer dans les limbes des souvenirs et non-souvenirs du narrateur, en quête des détails du passé qui lui permettront enfin d’élucider cette affaire de disparition. Toutes les explications sont à portée de sa conscience mais se dérobent dans le kaléidoscope de sa mémoire. Jusqu’à ce que…
Tout le roman repose sur l’idée que le présent est le résultat de notre passé et influencera lui aussi notre futur. Cette trame qui modèle notre vie à notre insu, en un invisible filigrane, est comme écrite à l’encre sympathique : les fils en sont cachés par une foule d’éléments parasites, déformés par notre mémoire, mais il suffit d’un rien pour qu’ils resurgissent soudain à notre esprit, révélant soudain à quel point ils nous ont construits et menés à notre vie d’aujourd’hui. Mais a-t-on vraiment intérêt à toujours tout comprendre ? Ne risque-t-on pas, en la perçant à jour, de rester prisonnier de cette forme de prédestination ?
Mélancolique et subtile, cette jolie réflexion sur la mémoire et le temps qui passe sans jamais disparaître tout à fait, est un petit bijou littéraire, où l’esquisse et le non-dit donnent tout son relief au texte.
« Cela me confortait dans l'idée que, si vous avez parfois des trous de mémoire, tous les détails de votre vie sont écrits quelque part à l'encre sympathique. »
Jean, le narrateur, a été engagé à l’essai dans une agence de détectives privés. La première affaire qui lui est confiée est la disparition mystérieuse d’une jeune femme, Noëlle Lefebvre. On n’était même pas sûr de son identité, a-t-elle réellement existé ? Comme indice, il n’a qu’une carte d’abonnement à la Poste restante avec une photo et un carnet à la couverture cartonnée retrouvé à son domicile avec cette phrase surprenante « Si j’avais su… »
Des blancs dans une vie, des témoins qui emportent leurs secrets dans la tombe. Mais peut-on se fier aux témoins et à leurs informations décousues et contradictoires. Une vie écrite à l’encre invisible et qui se révèle peu à peu. Au fil des pages, le narrateur va retrouver un chaînon manquant de sa propre vie.
Un récit épuré, des vies qui s’entremêlent, des souvenirs qui remontent lentement à la surface, Paris, ses rues, ses cafés. Une fois de plus, je me suis plongé avec délectation dans le monde si particulier de Patrick Modiano, une atmosphère que l’on retrouve dans chacun de ses romans. De la très belle littérature qui vous hypnotise. Quel plaisir de terminer l’année en sa compagnie.
Modiano me fait toujours l'effet d'un auteur qui serait resté enfermé quelques décennies dans une boîte très hermétique que l'on aurait enfin ouverte. Rien de ce qui fait le XXIe siècle ne concerne ses romans: pas de traces de téléphones portables, d'ordinateurs ou de réseaux sociaux… Non, chez Modiano, on cherche un nom dans le Bottin, on écrit des lettres avec de l'encre bleu Floride, on parle de dancing et de bureau des PTT, de magnétophone et de télégramme…
Les gens sont aimables ou méfiants, habitent ou ont habité Paris (ils peuvent aussi être absents momentanément de Paris, ce qui est toujours vaguement inquiétant ou risqué) et s'appellent comme on ne s'appelle plus : Gérard Mourade, Noëlle Lefebvre ou George Brainos...
Généralement, l'un d'entre eux a disparu et un narrateur le recherche. Pourquoi ? On ne sait pas vraiment et lui non plus dans le fond. S'ensuit une espèce d'errance essentiellement parisienne, dans un périmètre assez limité et une chronologie relativement vague. On a toujours l'impression que le narrateur souffre d'une myopie prononcée qui l'empêche de voir au-delà d'une certaine distance (autrement, ce qu'il voit est flou) et qu'une forme d'amnésie l'a frappé peu de temps après sa naissance. Le personnage principal est donc quelqu'un qui ne se souvient pas et les gens qu'il interroge ne se souviennent pas eux non plus. Bref, tout le monde a tout oublié et l'on cherche des gens que personne n'a jamais rencontrés, et qui sont certainement morts depuis longtemps (mais là, c'est pas sûr!)
(Seules les traces font rêver, disait René Char… )
Bref, on tourne pas mal en rond, on rencontre une poignée de personnages (très peu) mais on finit quand même par les confondre (moi en tout cas), on se perd dans des détails (des histoires de lettres, de dossiers égarés ou incomplets…), les années passent, on vieillit (mais on ne change pas vraiment), on ne renonce pas à chercher (en s'autorisant quelques pauses assez longues tout de même) comme si le sens de la vie dépendait de ce qu'on allait trouver (ou pas) et puis, on finit toujours par mettre la main sur une personne : est-ce vraiment celle que l'on cherchait au début ou bien quelqu'un qui lui ressemble vaguement ? Peu importe, elle fera l'affaire.
Dans cette atmosphère hors du temps et hors de tout, des paroles d'une très grande banalité prennent soudain l'allure de questionnements philosophiques très profonds : exemple page 26 : « Et vous, qu'est-ce que vous faites dans la vie ? » Eh oui, qu'est-ce qu'on fout là, dis-le moi…
Bref, on aime Modiano ou pas. Si vous aimez, vous adorerez ce roman ; si vous n'aimez pas, passez votre chemin.
Quant à moi, je fais partie des fans absolus : j'aime l'écrivain qui à chaque question qu'on lui pose répond par « C'est compliqué » avant de plonger son regard inquiet dans le vide et de répéter une autre fois comme quelqu'un qui prend douloureusement conscience de la difficulté de traduire l'existence en mots, « oui, c'est compliqué »… J'aime ses textes parce qu'ils expriment une vision du monde très personnelle, et c'est bien là la caractéristique d'un grand écrivain, isn't it ?
L'errance modianesque dit le temps qui passe, s'effiloche, la mémoire qui vacille et l'oubli qui prend le relais. Les lieux, seuls, forment de vagues repères… et encore… Rien ne résiste au temps, ni les gens, ni les choses…
L'homme n'est qu'un passant… Un passant de passage… Qui a presque tout perdu et tout oublié.
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