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Gazâ a neuf ans et vit sur les bords de la mer Egée. Il travaille avec son père Ahad, passeur de clandestins. Ils entreposent dans un dépôt les individus qui viennent de parcourir plusieurs milliers de kilomètres. Un jour, Gazâ cause la mort d'un jeune Afghan. Dès lors, le garçon ne cesse de penser à lui et conserve précieusement la grenouille en papier qu'il lui avait donnée ce qui ne l'empêche pas de devenir le tortionnaire des clandestins qui ont le malheur de tomber entre ses mains. Un soir, tout bascule, et c'est désormais à Gazâ de trouver comment survivre...
On retrouve dans ce roman coup de poing le regard sans concession sur le monde contemporain et l'insolence de ton de l'auteur de D'un extrême l'autre (Prix du meilleur roman de l'année 2011, Turquie).
Un sujet brûlant évoqué sans pudeur ni angélisme. Un roman aussi dur que beau.Yann Perreau, Les Inrockuptibles.
Rageur et enfiévré. Juliette Bénabent, Télérama.
Un livre d'une violence intelligente, tellement réelle, fait de sang et de larmes. Une histoire qui dépeint une actualité qui se renouvelle chaque jour. Une plongée dans la lumière crue.
« La seule chose insupportable est que rien ne soit insupportable ». Cette citation d’Arthur Rimbaud reprise par l’auteur tel un aperçu de ce qui va suivre résume à elle seule l’essentiel du comportement de Gazâ. Orphelin de mère à sa naissance, élevé et embrigadé par son père dès l’âge de 9 ans, l’intelligence de cet enfant s’exercera à ses côtés comme passeur. Dès cette extrême jeunesse, il commet son premier crime, par paresse ou inattention, peu importe. La grenouille en papier et les fantômes de Cuma, jeune Afghan, l’accompagneront …
« Si mon père n’avait pas été un assassin, je ne l’aurais pas été non plus … ». Cette assertion revient comme un leitmotiv.
Etrangement, par le prisme de chacune des quatre techniques des peintures de la Renaissance, Hakan Günday gradue les paliers de l’évolution de Gazä, le flou artistique, les contours sans réelle limite, les couleurs aux nuances entremêlées, laissant entrevoir une issue de « réhabilitation » dans la société de cet enfant-animal, ou le plongeant davantage dans la monstruosité avant de stagner dans un univers embrumé par les substances illicites.
L’auteur exprime avec une grande violence le système parfaitement établi en Turquie, « pays-pont » emprunté par les migrants clandestins Afghans, Pakistanais, Syriens … dans l’espoir de gagner un utopique paradis européen.
Gazâ et son père réceptionnaient « la marchandise qui arrivait trois fois par mois » avant de les enfermer dans « le dépôt » qui était « un puit infernal qui pouvait contenir deux cents personnes à condition qu’elles rentrent le ventre et se serrent les unes contre les autres. Il était clos par un couvercle que j’actionnais en jouant les égoutiers ».
Même s’il s’agit d’un roman, l’actualité résonne fortement, le commerce des traversées mortelles en est la triste preuve. A cela s’ajoute le phénomène de la peur agité par certains pour mieux exercer leur domination. Hakan Günday s’est emparé d’un sujet brûlant et très dérangeant. En cela, c’est une réussite en termes de communication, il faut faire savoir. Sur la méthode, ou plutôt, la manière d’exprimer cette autre guerre, la plume de l’auteur agresse, logiquement peut-être, comme les scènes qu’il décrit ? Gazâ est inhumain, dénué de tout sentiment, il aime la cruauté, il joue de son intelligence pour la mettre en œuvre, il évite à tout prix de dévoiler le moindre soupçon d’attendrissement ou de regret, et pourtant, paradoxalement … n’invite-t-il pas à la compassion ?
Dans cette façon de décrire les comportements, de transmettre les émotions, Hakan Gunday démontre un réel talent.
Toutefois, en refermant le livre, j’ai eu besoin d’un peu de recul pour affirmer mon avis. L’imagination autour de ce sujet brûlant est intéressante, mais tant de violence m’a heurtée. En revanche, j’ai beaucoup aimé la façon dont est traitée la fin de l’histoire….
Il est certes dérangeant, mais ce n’est pas une raison pour ne pas le découvrir, il fait partie des romans coup de poing.
Encore fait parti des livres dont on ne sait pas si on a aimé ou pas. Explication...tiraillée entre fascination et répulsion, ce roman traite tout d'abord d'un sujet grave: le trafic d'être humain. D'autant plus actuel, il expose le passage des clandestins vers des destinations européennes. Ce qui rend le roman atypique n'est pas tant le thème mais le regard interne du protagoniste principal: il n'ai pas clandestin mais tortionnaire. Et au commencement ce tortionnaire à 9 ans. Il faut alors s'accrocher car il est juste impensable qu'un enfant soit confronté au quotidien à autant d'ignominies. Il est juste inacceptable que sa personnalité et sa jeunesse se soit forgé dans un monde aussi cruel et insensible. Mais il est surtout insupportable de penser qu'un enfant soit un bourreau.
En Turquie au bord de la mer Egée, à 9 ans, Gazâ premier de sa classe aurait pu avoir une vie pleine de rêves et d'espoir. Mais le destin en décide autrement ou plutôt son père car celui-ci, passeur de clandestins, initie son fils au labeur d'une vie et sa triste réalité. Loin de s'apitoyer du sort des malheureux, Gazâ nous explique d'un regard dépourvu de sentiments son rôle au sein de cette industrie. Mais un jour en causant la mort de Cuma, un Afghan, sa conscience se fissure pour le rattraper toute sa vie jusqu'à le mener à la folie. Cuma, en lui offrant une grenouille de papier, ne se doutait pas qu'elle serait l'incarnation de sa culpabilité. Un dialogue s'établit entre eux, comme un examen de conscience, à des moments clés de sa vie.
"C'est vrai, je ne les aimais pas. J'avais même parfois du mal à accepter leur existence. Parce qu'ils n'étaient pas seuls dans cette citerne. Ils ne se rendaient eut-être pas compte, mais j'y étais enfermé moi aussi. Ma haine restait en moi, bloquée juste derrière mes lèvres."
En entreposant la marchandise humaine dans un dépôt, Gazâ amenage et expérimente au fil du temps une étude anthropologique sur les groupes qu'il détient jusqu'à leur départ. Sa rationalité justifiée par une nature sombre est pétrifiante. Fataliste et rongé par les circonstances de sa naissance, il lutte pour comprendre et s'absoudre de son comportement. D'ailleurs on peut souligner que le roman commence ainsi: "Si mon père n'avait pas été un assassin, je ne serais pas né..." Dans un second temps, sa vie prend une toute autre tournure après un accident de la route qui le plonge dans l'horreur du confinement. La survie change de camp...
"Si la peur de la mort est le sens de la vie, l'une des façons des se sentir immortel est d'exercer une autorité... Le sujet méritait réflexion et justifiait des expériences."
Rythmé par quatre définitions de techniques de peinture de la Renaissance, comme le Sfumato, qui définissent très bien la nature profonde de ce personnage, le roman marque une vie complexe ou la lumière et l'obscur se côtoient. Déstabilisé par la sincérité et la lucidité du personnage le lecteur est écoeuré mais la force de l'auteur est d'en faire à son tour, un être meurtri . Loin d'un faire un martyre, il impose une réflexion sur la rédemption, la solitude pour réveiller une conscience. A travers des descriptions très dures, l'auteur condamne le lecteur à voir la noirceur humaine avec un style affirmé et sagace. Donc un bon roman qui m'a séduite dans un premier temps puis déstabilisé pour me laisser perplexe. Un thé noir et une tarte à l'orange devrait m'aider à y voir plus clair!
Un livre miroir qui dérange. Magnifique!
Ce roman est présenté comme un roman sur l'univers des clandestins et des passeurs turcs de la mer Egée, C'est l'histoire d'un enfant fils de passeur, sensible, intelligent et torturé . C''est un roman très dur qui dérange mais captive. Au fil des pages, on s'enfonce dans la noirceur.
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