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Dans le couloir de la mort, enfoui dans les entrailles de la prison, le temps s'écoule lentement. Coupés du monde, privés de lumière, de chaleur, de contact humain, les condamnés attendent leur heure. Le narrateur y croupit depuis longtemps. Il ne parle pas, n'a jamais parlé, mais il observe ce monde "enchanté" et toutes les âmes qui le peuplent : le prêtre déchu qui porte sa croix en s'occupant des prisonniers, le garçon aux cheveux blancs, seul, une proie facile.
Et surtout la dame, qui arrive comme un rayon de soleil, investie d'une mission : sauver l'un d'entre eux. Fouiller les dossiers, retrouver un détail négligé, renverser un jugement. A travers elle naissent une bribe d'espoir, un souffle d'humanité. Mais celui à qui elle pourrait redonner la vie n'en veut pas. Il a choisi de mourir. La rédemption peut-elle exister dans ce lieu ou règnent violence et haine ? L'amour, la beauté éclore au milieu des débris ?
Roman à la fois très sombre et lumineux, tel est le pari réussi par Rene Denfeld à travers cette évocation d'une prison des Etats-Unis et de son «couloir de la mort».
C'est ce «Lieu enchanté» et ce «donjon» que nous fait découvrir l'un des prisonniers en attente de la date fatidique, qui entend et voit ce que les autres n'entendent pas et ne voient pas, dans un style à la fois lyrique et fantastique, expliquant ce que devient la notion de temps dans cet univers carcéral où les stimuli extérieurs ne parviennent plus, où mentir n'a plus d'importance, sauf lorsqu'il s'agit de décrire le bout de ciel entrevu par la fenêtre du parloir.
Parmi les personnages non détenus, trois ont une importance particulière. La «Dame» dont le rôle est de trouver les éléments permettant d'éviter à certains la peine capitale, un prêtre ayant abandonné la soutane et un directeur faisant preuve d'une certaine humanité. Chacun à sa manière rajoute encore un peu de noirceur dans le récit en révélant peu à peu un vécu poignant.
La vie carcérale est décrite sans concessions, de façon brutale, notamment la compromission de gardiens faisant fi de tout respect de l'être humain, quitte à détruire des jeunes gens se retrouvant pour des délits mineurs au milieu de dangereux individus dans le bâtiment des condamnés à perpétuité. Certains passages sont tellement choquants que l'on ose espérer que l'auteur a volontairement forcé le trait, sans malheureusement arriver à s'en persuader.
De cet océan de noirceur émergent quelques îlots de grâce, plus particulièrement lors de visites émouvantes de la Dame à la mère d'un prisonnier.
On ressort quelque peu secoué de cette lecture, surtout après le final bouleversant que nous a réservé Rene Denfeld, qui a tout de même la sympathique attention de glisser dans les ultimes phrases un mot porteur d'espérance.
Tout d’abord, je souhaitais vous informer que ce livre avait reçu le « Prix du Premier Roman Etranger 2014 » et j’ai trouvé que c’était amplement mérité. René Denfeld, l’auteure, est journaliste mais également enquêtrice spécialisée dans les peines de mort et a mis son expérience professionnelle à profit pour écrire cette histoire.
L’auteure a su rendre « poétique » ces lieux si froids, si menaçants et si impitoyables que sont les couloirs de la mort où attendent des dizaines de détenus, qui restent avant tout de redoutables meurtriers, avant leur exécution. Alors qu’en Belgique, nous en avons définitivement (?) fini avec la peine de mort, les Etats-Unis restent un exemple criant.
Dans ce roman, on y découvre un univers à part entière via un narrateur qui ne parle pas (dont le mystère reste entier) mais qui côtoie des âmes si particulières : un prêtre semblant avoir perdu la foi, un directeur tentant d’apporter un peu d’humanité avec le peu de moyens dont il dispose, des prisonniers plus cruels les uns des autres et cette dame qui, pour beaucoup, reste le dernier espoir dans ce sombre univers. Alors qu’un nouveau dossier lui revient, celui de York dont la date de l'exécution approche à grand pas, le principal intéressé a décidé - lui - d’accepter sa mort prochaine. Pourtant, la dame décide de, malgré tout, mener un combat de tous les instants afin que son procès soit révisé.
L’univers carcéral est dur et ça on ne peut en douter. Mais de par sa plume aérienne, René Denfeld nous le fait découvrir d’une façon originale. Il est facile et évident de penser que cette fameuse « dame » dans la prison soit une part de René Denfeld, elle-même et de son propre parcours.
Même si ce livre reste une fiction, il n’en reste pas moins brillant d’authenticité. L’humanité qui découle de ce livre est tout bonnement une petite parenthèse enchantée dans mes lectures qui sont parfois, si sombres. Coup de cœur assuré !
http://musemaniasbooks.blogspot.be/2018/05/en-ce-lieu-enchante-de-rene-denfeld.html
Un détenu dans les couloirs de la mort qui observe, tapi, le monde carcéral qui l'entoure. Un homme qui ne parle pas, il lit seulement les livres ce qu'on lui donne à lire.
Un univers de violence, de vermine, de morts, de viols, très sombre, très rude.
Pourtant la poésie et la lumière vont surgir d'une dame qui tente te les sauver de la peine capitale, d'un prêtre déchu et d'un étrange garçon aux cheveux blancs.
Premier roman très remarqué, j'en ai apprécié la lecture et la lumière qui surgit malgré tout.
Pourtant je n'ai pas été conquise et submergée par l'émotion, trop descriptif, lent. Je suis probablement passée à côté si j'en juge les avis d'autres lecteurs. Un jour peut être je le relirai.
Magnifique !
Ce livre est un coup de coeur pour moi. Une fois commencé il vous transporte et à la fin laisse une trace en vous. Je pense que cette lecture va me marquer pour un moment.
Le personnage principal est emprisonné dans le couloir de la mort. Il vit dans un sous-sol sans fenêtre et devine la vie des rares personnes qui passe devant sa cellule. Il y en a 3 principalement : la dame, le prêtre déchu et le directeur de la prison.
La dame s'occupe des recours pour éviter la peine de mort : elle fouille dans le passé des condamnés pour leur éviter la mort, elle s'occupe justement d'un autre prisonnier qui à choisi de mourir et attend la fin avec résignation comme le personnage principal. Mais la dame a un travail a effectuer avec ou sans son aide et son enquête va la bouleverser et lui rappeler son passé.
Le prêtre déchu lui se traîne en cherchant un sens à l'existence et nous découvrons peu à peu ce qui l'a amené dans ce lieu "enchanté"
Quand au directeur il essaye tant bien que mal de diriger cette prison sans moyen ou tout le monde essaye de s'entre-tuer, il a des idées bien arrêtées mais vit un drame personnel qui lui font se poser des questions.
Tout ce petit monde se croise dans le couloir de la mort et le personnage principal aimerait pouvoir communiquer avec eux et leur donner des conseils. Seulement voilà il ne parle pas, n'a jamais parlé depuis son enfance sauf une fois... Et il le regrette depuis ! Il se réfugie dans son imaginaire pour oublier l'absence de nourriture , la mort prochaine, ses crimes, les coups qu'il a reçu.... Pour s'oublier lui-même. Il voit cette cellule comme un refuge et vit entre rêve et réalité et nous emporte dans son monde rempli de chevaux d'or, de grisegoules et d'hommes dans les murs. Tout dans son monde et violence , mort et sang mais l'auteur par sa plume sublime réussit à rendre le récit sublime et poétique. Il n'y a pas de pathos ni de larmes. Elle nous emmène dans ce lieu enchanté où les hommes ne comptent plus le temps puisqu'ils n'ont pas d'avenir.
Qu'est-ce que l'humanité ? Que reste-t-il de nous quand on a plus rien ? Le mal existe-t-il ? Sommes-nous prédestinés ? Le personnage principal a commis des actes abominables mais nous arrivons à nous identifier à lui à le prendre presque en pitié...
Bref, vous l'aurez compris j'ai adoré ce livre qui fait désormais partie de mes livres préférés et vous recommande vivement de le découvrir. Mais attention il faut avoir le coeur bien accroché car ce "lieu enchanté " regorge de danger et violence. Le seul point noir de ce livre reste pour moi que l'auteur défend la peine de mort. Mais ça n'a pas dérangé ma lecture et j'ai facilement fait l'impasse sur ce point.
Livre choc de la rentrée littéraire 2014, une vraie claque !
Quand vous aurez fini de lire ce livre bouleversant, vous ne penserez plus à la peine de mort et à la vie carcérale de la même façon, car contrairement à ce que le titre pourrait laisser imaginer, ce lieu enchanté est un terrible établissement pénitentiaire où des criminels endurcis attendent la mort depuis des années.
Le narrateur ne parle pas et on ne saura jamais exactement ce qu'il a fait, mais il est là depuis très longtemps et tous ses voisins de couloir attendent comme lui la sentence qui les enverra à la mort. Il écoute les bruits de la prison, observe tous les intervenants du système judiciaire et on découvre par son monologue omniscient les tenants et aboutissants de cet univers carcéral sordide qui pour luit cache un univers magique et enchanté, un univers où des chevaux d'or courent dans les profondeurs de la terre, des petits hommes frappent les murs de leurs minuscules marteaux et des oiseaux de nuit duveteux choient du firmament.
On découvre ainsi le « prêtre déchu » rongé par la culpabilité et plein de compassion, le directeur bienveillant qui souffre en silence, York et Striker, ses voisins de couloir, un garçon aux cheveux blancs, nouveau prisonnier vulnérable, les gardiens ripoux et dévoyés et... « la dame » : à certains de ces hommes bousillés dès l'enfance, « la dame » vient apporter les dernières lueurs d'espoir. Elle est mandatée pour mener une enquête, et déterminée à transformer leur condamnation à mort en condamnation à perpétuité, pas par conviction intime mais parce que c'est son travail et que son passé la met dans une situation d'empathie compréhensive.
Avec pudeur, sans porter de jugement mais avec beaucoup de poésie et une douceur infinie qui allège la misère et la souffrance, Rene Denfeld donne la parole à ceux qui ne l'ont pas et leur accorde ce que le monde leur dénie, l'HUMANITE.
J'ai été profondément marquée par ce livre absolument inclassable et bouleversant d'humanité.
Ce lieu enchanté, c’est le couloir de la mort d’une prison sordide au fin fond des Etats Unis. Le lieu importe peu, d’ailleurs il n’est pas précisé. Il a un côté irréel, tout comme l’impression générale qui se dégage de ce roman : on plonge dans la magie et le sordide en même temps, c’est terriblement étrange et par moment inconfortable.
Et pourtant, il y a aussi une beauté dans ce texte. En ce lieu enchanté, Arden, le narrateur qui ne parle jamais est dans le couloir de la mort depuis quelques années. Il attend comme tant d’autres le jour de son exécution. Il est isolé dans sa cellule, et cependant il connait les moindres recoins de cette prison crasseuse, les mouvements anormaux, les règles implicites, les échanges, les coups, les trafics de drogue avec les matons, les viols des nouveaux arrivés, toute une vie glauque et inavouable, celle de gardiens corrompus, des détenus qui trafiquent jusque dans leur geôle, celle de la loi des plus forts contre les plus faibles.
« La dame » vient régulièrement rencontrer des condamnés. Le bureau d’avocats pour lequel elle travaille décide parfois de sauver un de ces hommes. Pour cela elle devra enquêter, chercher ce qu’il y a de moins noir en eux, comprendre d’où ils viennent, pour tenter d’atténuer leur responsabilité dans les atrocités qu’ils ont commis, et commuer leur sanction en perpétuité. Oui, mais tous ne sont pas d’accord ; certains ne souhaitent qu’une chose, que leur tour arrive pour qu’ils puissent enfin quitter définitivement le couloir de la mort.
Le roman pose la question dérangeante de la peine de mort. Faut-il sauver ceux qui ne le souhaitent pas pour leur donner une peine sans doute aussi barbare, celle d’un enfermement définitif. Faut-il sauver ces hommes dont on comprend qu’ils ont commis le pire, l’impardonnable, et que la société a déjà jugés. Je découvre une profession qui interpelle. C’est apparemment celle de l’auteur, René Denfeld, qui alterne poésie et violence pour évoquer un univers qu’elle connait. Un livre bien étrange, embarrassant, mais passionnant. Il m’a été impossible de le lâcher et ma nuit est passée à lire ce texte dans lequel les oiseaux et les chevaux d’or côtoient les détenus les plus noirs de la prison, avec tellement de poésie que c’en est magique.
L'univers carcéral américain a déjà été maintes et maintes fois abordé dans la littérature contemporaine, cette exploitation donne souvent naissance à des romans violents, noirs, crus, qui mettent en exergue la cruauté des hommes, leur part la plus sombre. D'ailleurs, on voit mal comment on pourrait tirer de cet univers étouffant un livre lumineux et plein d'humanité. Et pourtant...
En ce lieu enchanté est un roman hors norme, un petit chef-d’œuvre de poésie, rien de moins que cela. Il en faut du talent pour décrire avec autant de luminosité les couloirs de la mort que le narrateur surnomme le donjon. Là où la violence et la folie règnent en maître, là où l'on parque les hommes qui, poussés par leurs instincts les plus vils, répétant parfois ce qu'ils ont eux-mêmes subi, ont commis l'effroyable, l'impardonnable, Rene Denfeld parvient à faire sourdre une bienveillance pleine d'humanité.
Ce roman inspiré de la propre vie de l'auteur n'est pas un conte de fée mièvre, ni même un plaidoyer contre la peine de mort, c'est le roman d'un lieu, d'un lieu terrible puisqu'on y exécute des hommes qui ont commis le pire. Et pourtant, la dame, cette enquêtrice qui tente en remontant le fil de la vie de ses condamnés à mort de les éloigner de la chambre des lianes, ce lieu aseptisé dans lequel le bourreau mettra un terme à leur existence marquée souvent dès la plus tendre enfance du sceau de la violence et du délaissement, insuffle dans les couloirs de ce donjon un souffle ténu d'espoir. En enquêtant sur la vie de ceux qui l'ont ôté pour leur permettre d'échapper à la peine de mort, la dame redonne la place à ces invisibles qui peuplent l'Amérique profonde, elle réhumanise ceux que l'on considère comme des rebus. Elle ne cherche pas d'excuses à ces condamnés qui ne sont en rien des innocents, elle tente simplement de trouver la faille qui permettra de troquer la mise à mort par une peine d'emprisonnement à perpétuité.
Rene Denfeld insuffle une telle poésie et une telle humanité dans la détresse et la violence humaine qu'elle en fait presque oublié le caractère sombre et violent du couloir de la mort. À chaque mot le lecteur se sent porté par la bienveillance de l'auteur qui l'accompagne tout au long du roman, lui tenant la main pour lui montrer l'horreur, mais lui susurrer aussi que même dans les entrailles de l'enfer pour peu que l'on accepte d'ouvrir les yeux la lumière et le salut ne sont jamais bien loin.
En ce lieu enchanté est un beau et grand roman...
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