Le narrateur entreprend l'écriture d'un premier roman. Il a néanmoins des idées très arrêtées sur le (bonne) littérature qui doit, selon lui, être pure fiction libérée de la réalité. Peu importe l'histoire, c'est la narration qui est importante. Aussi a-t-il décidé de réécrire Madame Bovary. Et, comme l'imagination lui fait défaut, il choisit une femme aperçue dans la rue comme modèle d'Emma. La suite montrera que ce n'était pas une bonne idée.
Un roman ou la réalité est mise en abyme avec la fiction, où une femme peut en cacher une autre et où un chat parle de narratologie avec vulgarité.
Voici un narrateur ambitieux qui se propose pas moins que de réécrire Madame Bovary, ce roman dont l’auteur n’était pas du tout satisfait. Donc, louable entreprise que voilà ! Si Flaubert déclarait qu’il écrivait sur rien, on va vite comprendre que Gustave, le narrateur, écrit sur peu de chose, c’est -à-dire sur l’écriture. Car il a des idées bien arrêtées, que l’auteur nous dit ne pas toutes partager, ce qui déculpabilise le lecteur outré ! Là où Gustave a moins d’idées, c’est sur le personnage d’Emma. Mais il va trouver son inspiration chez une femme qu’il croise dans son quartier, qu’il va suivre et vous imaginez bien qu’il va ensuite se passer des choses…
Le narrateur se et nous fait plaisir en picorant dans la littérature, émaillant son propos de références comme des perles d’intertextualité, semant alors au fil du texte les choses qui peuplaient les années qui sont le cadre de ce récit. Nul lecteur ne saura s’il a glané tous les cailloux, l’auteur lui-même en ayant peut-être laissé échapper quelques uns tombés de sa poche sans qu’il s’en aperçût. Mais quel spectateur pourrait se targuer d’avoir décelé tous les indices laissés pour lui par le réalisateur d’un film policier à intrigue ? Le plaisir de les savoir présents peut parfois suffire.
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