"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Soixante-dix ans après 1936, nos sociétés ont profondément changé. Les
départs en vacances sont devenus massifs. La France accueille plus de
touristes étrangers qu'elle ne compte d'habitants. La durée du travail sur
une vie a été réduite de plus du tiers, la maison avec jardin est devenue un
rêve majoritaire, l'économie touristique porte des régions entières... Pour
Jean Viard, cette initiation populaire (et inégalitaire) aux temps libres et
son corollaire, la mobilité de masse, ont modifié, bien au-delà de ces faits
quantifiables, nos façons de vivre.
Pour lui, les gestes, les lieux, les normes et les valeurs construites pour
occuper nos temps libres sont en train de devenir les bases de notre culture
collective, bousculant les liens sociaux et politiques, remettant en cause
la place centrale du travail, favorisant l'étalement urbain. Il s'agit d'une
culture individuelle et mobile où chacun joue sans cesse avec l'absence et
l'abstention : zapping, divorce, déménagement, voyage, portable, internet...
forment un tout, avec une privatisation des liens sociaux, des exclusions
féroces, une crise du collectif et, malgré tout, certaines solidarités. Et
d'extraordinaires libertés quand on accède au droit de choisir ses mobilités
! Société paradoxale que cet essai analyse avec passion, optimisme et
inquiétudes.
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