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À Londres, un brave garçon, George Fraser, ancien employé de banque et maintenant placier en bouquins, a été un enfant introverti et solitaire car abandonné en bas âge par ses parents artistes itinérants. Pour échapper à un destin médiocre, il s’imagine être Bulldog Drummond, puis Jack Dempsey, le célèbre boxeur, et finalement il se voit bien dans la peau d’un tout puissant chef de gang de Chicago, amassant les dollars par millions et terrorisant jusqu’aux lieutenants du terrible Al Capone. Il se voit aussi l’idole de beautés blondes éblouissantes et magnifiquement vêtues. Il raconte ses exploits imaginaires à Ella, la femme de chambre de la minable pension de famille où il habite. En réalité, George n’est qu’un loser renvoyé de sa banque suite à des paris perdus et à des dettes non remboursées qui en est réduit à essayer péniblement de placer au porte à porte une méthode d’éducation pour un éditeur, Robinson, qui l’arnaque sur le taux de commission alors qu’il le croyait honnête et quasiment son seul ami. C’est son nouveau partenaire de travail, un certain Sydney, un affranchi plus malin que lui, qui lui ouvre les yeux. Et tout finit par basculer dans la vie monotone de Georges quand Sydney lui présente comme sa sœur une jeune et jolie personne…
« Elles attigent » se présente plus comme un roman noir ou un roman psychologique que comme un classique roman policier. Tout tourne autour du personnage de George Fraser, un prototype de gogo, de naïf, de benêt qui voudrait bien avoir l’air d’un voyou alors qu’il n’est qu’un cave, un blaireau, en dépit de sa puissante musculature, de ses histoires de gangsters sorties de films américains et même d’un Lüger qu’il n’ose pas charger de peur d’un accident. Comme il tombe amoureux au premier regard de Cora, la prétendue sœur de Sydney, celle-ci peut faire de ce pigeon son joujou et lui demander n’importe quoi. Et peu à peu, notre nigaud se laisse enferrer de plus en plus dans une histoire rocambolesque qui ne manque pas de piment tout en le menant à la catastrophe finale. Si on y ajoute le style fluide et agréable du grand romancier américain et une galerie de personnages haut en couleurs, on ne boude pas son plaisir avec cet opus qui n’a pas pris la moindre ride. Du divertissement de grande qualité.
Un classique du roman noir par un spécialiste du genre.
La lecture n’a pas toutes les vertus ! Prenez George, ce pauvre George ! Malaimé, solitaire, il vivote en vendant en porte à porte des encyclopédies familiales. Il n’a pour seul ami que Léo un chat qui n’est même pas à lui. Alors, dans sa minable chambre meublée, rêvant et dévorant les livres et les magazines qui racontent les tristes exploits des gangsters américains, il s’invente un passé de gunman suffisamment convaincant pour impressionner une femme de ménage ou la barmaid du pub voisin. Triste, triste comme un jour de pluie sans vente et donc sans argent. Attention, nous ne sommes pas chez Dickens ou Zola, mais dans un roman noir alors, forcément, un beau jour (croit-il) il va croiser la femme fatale…Pauvre George ! « (il) savait le moment exact où il devint amoureux de Cora Brant. Cela lui arriva soudain, et pour lui, aussi dramatiquement qu’un coup de poing en pleine figure »,… « La suivant, George, victime impuissante de la chevelure d'un noir d'ébène et des minces hanches qui le précédaient dans l'escalier, s'achemina vers son destin ». Pauvre George !
Manipulé, trompé, ridiculisé mais toujours amoureux transi, il s’en ira comme dans la chanson de Stephan Eicher « recevoir sa peine, le cœur léger, la joue tendue ». C’est fou ce que l’amour peut rendre idiot ! Mais à force d’abuser, « d’attiger » comme dit le titre, la femme fatale prend un risque. Et si ce pauvre George, se remémorant ses lectures, passant enfin de l’imagination à l’exécution finissait, comme dans le film de Grangier, par jouer «Le Cave se Rebiffe ?»
_ « Oh ! fit George, je ne suis pas déprimé. Maintenant je suis vraiment très heureux.
Un instant plus tard, l’auto l’emmena vers son destin ».
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