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Eko

Couverture du livre « Eko » de Valdas Papievis aux éditions Le Soupirail
Résumé:

« Ces nuits-là justement la ville n'existe plus, seul un état de rêve demeure sans temps ni espace. » Paris est vide. Il n'y a plus l'agitation habituelle.
Une ville qui s'effondre - une métaphore de notre effondrement intérieur qui a déjà débuté.
Il semble qu'en peu de temps la nature ait... Voir plus

« Ces nuits-là justement la ville n'existe plus, seul un état de rêve demeure sans temps ni espace. » Paris est vide. Il n'y a plus l'agitation habituelle.
Une ville qui s'effondre - une métaphore de notre effondrement intérieur qui a déjà débuté.
Il semble qu'en peu de temps la nature ait réussi à reprendre ses droits.
Comment se repérer dans ce monde apocalyptique ?
En vagabond solitaire, le narrateur croise ?ko - un chien aussi solitaire que lui - rappel vivant de sa vie passée. Ensemble, ces héros se lancent à l'aventure des rues et immeubles désertés. Au gré de leurs rencontres avec ceux qui semblent « rescapés » se dessine l'espoir d'une arche de Noé...
Avec mélancolie et joie, dans une suite de miroirs, la phrase de Valdas Papievis danse et fait surgir une histoire extraordinaire sur les échos du passé et d'une mémoire collective, nous menant au plus profond de nous-mêmes.

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Avis (2)

  • Ėko, j’ai longtemps cherché si ce nom correspondait à quelque chose de précis en lituanien, autant dire que je n’ai rien trouvé, le lituanien n’étant pas une langue très transparente pour un francophone, et la consultation du dictionnaire lituanien fut assez folklorique. En-tout-cas, nous...
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    Ėko, j’ai longtemps cherché si ce nom correspondait à quelque chose de précis en lituanien, autant dire que je n’ai rien trouvé, le lituanien n’étant pas une langue très transparente pour un francophone, et la consultation du dictionnaire lituanien fut assez folklorique. En-tout-cas, nous suivons un narrateur sans nom, mais tout aussi lituanien que notre auteur. Il déambule dans les rues vides de la capitale, nous gratifiant du fil de ses pensées et des réflexions qui l’agitent. Il faut savoir que la nouvelle ayant inspiré ce roman a été écrite en 2019 juste avant la pandémie que l’on connaît, si je devais y croire, je dirais que l’auteur extralucide a été traversé par un éclair de génie tellement la fiction rejoint la réalité encore à venir de cette pandémie.

    La longue déambulation de notre narrateur débute en été, au mois d’août, et finit dans l’hiver du mois de décembre. C’est quasiment l’apocalypse dans la capitale française, les Parisiens ont déserté leur ville, ils ont laissé derrière eux appartements encore cafi d’affaires. Notre lituanien Parisien nous décrit avec beaucoup de poésie une capitale qui retourne à l’état sauvage, vidée de toute civilisation, où la nature reprend ses droits. Le dénuement de la ville est propice à l’envahissement de la pensée de l’homme, qui observe et analyse le monde désolé qui l’entoure. C’est une ode philosophique menée par la réflexion sur la nature de l’homme, sa concupiscence qui l’a mené à sa perte. Toute cette œuvre, cette urbanisation à outrance, qui n’a plus aucun sens, dont les fonctions ont dépourvu la ville de son âme, l’inanité de l’accumulation de tout. Dès le début, on assiste à travers les yeux de notre homme un lent processus de destruction, comme si la civilisation était à bout d’elle-même, tout comme la mémoire de l’homme fuit peu à peu.

    Le nom du chien, Ėko, m’a interpellée dès le début, c’est la raison pour laquelle j’ai cherché une éventuelle traduction en français. Et puis l’auteur est également francophone, peut-être pourrait-on y voir une homophonie avec notre écho français, le chien comme un écho du narrateur, dans sa solitude et ses errements dans la ville ? C’est en tout cas ce que la traduction en anglais (echo) me pousse à penser. Si la ville est vidée de toute sa consistance – À quoi sert un musée, ici Le Louvre, s’il n’y a plus personne pour admirer ses œuvres d’art ? – le narrateur, lui-même double fantomatique de notre auteur, la repeuple avec les personnages de ses romans, dont certains qui n’ont pas (encore) été traduits en France : Serge d’Un morceau de ciel sur terre, Linda et Gilles du recueil (non traduit encore en français ) de nouvelles Les briquets anarchistes. Il la regarnit de son propre folklore lituanien, là où la fanfare parisienne se mélange aux Skudučiai, une sorte de flûte de pan lituanienne, et aux surtatines (chants folkoriques) de son pays. C’est une capitale vide et revue d’après la culture d’un citoyen lituanien, là où Saint-Martin devient Sventojo Martyno, elle y prend ses consonances du pays balte.

    Pour creuser le sujet, il a cette vidéo montrant une discussion dédiée au titre de l’auteur lituanien, introduite par un discours de Son Excellence l’Ambassadeur de Lituanie, Nerijus Aleksiejūnas, au nom et à l’accent très chantant, en présence d’Emmanuelle Viala Moysan, la fondatrice des éditions Le Soupirail. On notera également la magnifique couverture du roman dans sa version originale, qui a su mettre parfaitement en valeur la capitale, ses artères exsangues, baignant dans les couleurs de l’automne propres au roman.

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  • Écrivain, journaliste et traducteur, Valdas Papievis est né à Anykščiai en Lituanie. Il est l’auteur de plusieurs romans, nouvelles, et a obtenu en 2016 le Prix National de la culture et de l’art pour son œuvre. « Eko » est son deuxième roman traduit en français (source :...
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    Écrivain, journaliste et traducteur, Valdas Papievis est né à Anykščiai en Lituanie. Il est l’auteur de plusieurs romans, nouvelles, et a obtenu en 2016 le Prix National de la culture et de l’art pour son œuvre. « Eko » est son deuxième roman traduit en français (source : editionslesoupirail.com).

    Ce livre m'a permis de découvrir un auteur lituanien talentueux. Son premier roman « Un morceau de ciel sur terre » a paru en 2020 chez les éditions Le Soupirail et a rencontré un beau succès en Lituanie.

    Eko est un roman court (environ 150 pages) qui invite le lecteur à réfléchir sur notre monde. Que reste t-il d'une grande ville (ici Paris) « vidée » de ses habitants ? Seuls quelques humains errent à la recherchent d'autres personnes. L'amour, l'entraide, la solidarité, l'amitié deviennent dans ce genre de situation des valeurs fortes et ont une importance capitale dans cette histoire.

    Le narrateur rencontre d'abord Eko un chien (le double du narrateur) auquel il s'attache puis Emi une femme (vraie personne ? L'être rêvé?) et Karim un petit garçon et il décide de continuer à vivre en leur compagnie.

    Beaucoup de poésie, de réflexions philosophiques sur l'homme et son environnement, son lien avec les animaux (le chien Eko) dans ce texte.

    Ce roman est doté d’une grande qualité littéraire très poétique. En effet, de nombreux passages sont très beaux et évoquent les souvenirs, la mélancolie, la solitude, la nostalgie, la nature, la relation homme/chien. Voici une sélection de passages parmi tant d'autres (choisis par mes soins) que j'ai beaucoup apprécié et que j'aie envie de vous faire partager :

    « J'imaginais une grande fleur qui se déployait dans toute sa beauté – elle devait inévitablement se flétrir. Est-ce que je voyais cette fleur de résignation dans les yeux d'Éko ? » (page 20)

    « Cette anxiété me passe sur la peau comme du papier de verre, comme l'été, tôt le matin, la brise effleure les tiges d'herbes argentées, captant la lumière du jour qui se lève. » (page 27)

    « En cette journée de la mi-octobre, alors que l'été était soudainement redevenu brièvement, et que la lumière du soleil chaque jour plus basse pénétrait les feuilles des marronniers cernés de brun, le vert de leur feuillage en train de flétrir étant devenu si diaphane, que l'infini du ciel le traversait pour se briser dans nos yeux... appeler ce sentiment pitié n'était pas une erreur mais de la bêtise. » (page 31)


    En conclusion « Eko » est un roman quelque peu déroutant qui brouille nos repères. Une invitation à réfléchir sur la place de l'homme dans notre société. En tout cas une belle découverte.

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