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Edmond Gilliard (1875-1969) a marqué plusieurs époques de la vie culturelle romande du XXe siècle. Enseignant, écrivain, éditeur, conférencier, il s'est rapidement situé en marge du champ littéraire, tentant de constituer un pôle contestataire et formant autour de lui un réseau d'intellectuels, composé surtout d'anciens élèves (Pierre Beausire, Daniel Simond, Alfred Wild, Jean Moser, André Muret, François Lachenal). Plusieurs d'entre eux resteront fidèles à leur professeur charismatique tout au long de sa vie, et contribueront à faire publier son oeuvre, en fondant notamment une maison d'édition (Editions des Trois Collines). Quelques-uns d'entre eux ont secondé Gilliard dans ses entreprises éditoriales ou ont animé, entre Lausanne, Genève et Paris, plusieurs revues culturelles inspirées par leur maître à penser. Reflet de l'évolution du réseau au même titre que les correspondances privées et professionnelles, ces périodiques témoignent de la façon de penser la littérature et le rôle de l'intellectuel entre 1920 et 1960 en Suisse romande. Si des divergences apparaissent, de profondes valeurs humanistes et démocratiques rassemblent les « disciples » de Gilliard. Tributaire du contexte historique, la réception de la pensée de l'écrivain évolue en fonction des préoccupations de ses admirateurs. Et l'actualité en fait partie. Au début des années trente, insatisfaits par la recherche purement artistique, certains « gilliardiens » ont apporté une dimension éthique à leur discours alors que d'autres se sont lancé en politique, puis ont soutenu la résistance intellectuelle française pendant la guerre. Durant l'après-guerre, Gilliard est devenu un modèle d'anti-conformiste pour quelques Romands de gauche, en mal de figures tutélaires. Ultime signe de fidélité des anciens, la publication des "OEuvres Complètes" (1965) d'Edmond Gilliard a été l'occasion d'unir les forces de plusieurs générations d'amis, rassemblés par leur admiration pour l'écrivain atypique. Ce livre retrace un pan important de l'histoire intellectuelle et culturelle romande, à travers l'étude de plusieurs réseaux d'influence. Il met en valeur des archives prodigieuses, essentiellement des correspondances d'intellectuels romands et français, souvent inédites. Il présente également un panorama des revues culturelles romandes entre 1920 et 1960 et retrace l'émergence d'une conscience progressiste parmi les hommes de lettres romands.
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