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«Sans l'écriture, je ne suis pas». Dans son journal, Louis Calaferte évoque sans cesse l'angoisse dans laquelle il se trouve de ne pouvoir mener à bien l'oeuvre en cours ou celle, quand il n'écrit pas, de voir à jamais tarie la source d'où elle jaillit. «Je ne vis pas : j'écris. Voilà plus de trente ans que je mijote au fond de cet enfer». La tentation de ne plus écrire est chez lui permanente. Quelle énergie pourtant, quelle rage... et quelle production ! Voyons plutôt : en 1985, il travaille déjà à La mécanique des femmes, publie Lignes intérieures, écrit Aux armes citoyens, poursuit Promenades dans un parc, entame L'incarnation, achève Memento Mori dont il sort épuisé (ce dernier titre clôt la trilogie entamée avec Souche d'un autoportrait). À cela s'ajoutent quatre pièces de théâtre. En 1986, il tourne L'incarnation, cette plongée dans la verticalité de l'être. Les notations personnelles sur sa vie quotidienne, ses lectures, son rapport à la nature et l'amour qu'il porte à sa femme sont entrecoupées de séquences de fiction d'une étonnante étrangeté. Ce journal est à l'écrivain ce que le carnet de croquis est au peintre. On y suit les travaux en cours, pris entre apathie et effervescence. Rarement lecteur aura été à ce point immergé dans l'intensité vibrante d'un inconscient littéraire livré sans masque ni censure.
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