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Les réflexions que les processus multiformes de dégradation de la nature ont pu susciter ces dernières décennies ont eu pour étrange effet de rétablir des frontières là où la crise environnementale elle-même, de par son caractère essentiellement global, les avait en premier lieu effacées. C'est ainsi que les différentes approches des problèmes environnementaux mises en oeuvre en Europe et dans les pays anglosaxons ont eu tendance à continuer leur chemin les unes à côté des autres, chacune n'ayant d'égards que pour soi-même, sans véritablement réussir à se croiser et à tirer bénéfice de leurs différences mêmes.
Le paradoxe veut que des oeuvres aussi importantes et novatrices que celles de Hans Jonas, Peter Sloterdijk et Bruno Latour, d'une part, et de Holmes Rolston, John Baird Callicott et Arne Næss, de l'autre, qui sont loin de s'ignorer au sein de leur communauté philosophique d'origine, semblent ne plus rien avoir à se dire passé la ligne des monts, le cours d'un fleuve ou l'espace d'une mer, comme si leur objet de réflexion n'était pas au fond le même. Tout se passe comme si un océan de pensée retenait à domicile, de chaque côté de l'Atlantique, les problématiques élaborées par l'éthique environnementale et celles issues des travaux des philosophes continentaux.
En regroupant pour la première fois des contributions de penseurs américains et français portant sur des questions connexes, l'ambition du présent ouvrage est d'ouvrir un espace commun d'interlocution, et d'exposer, de manière synthétique, les enjeux actuels d'une philosophie de l'écologie.
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