"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fritz Meier et Henry Corbin avaient attiré l'attention depuis longtemps sur ce grand maître du soufisme iranien que fut Najm al-dîn Kubrâ (1145/46-1221).
Toutefois ce traité, sans nul doute le plus important du maître, n'avait jamais été traduit. Najm al-dîn Kubrâ y aborde principalement les expériences que traverse le voyageur dans son itinéraire mystique, notamment la perception des lumières de couleur et l'accession à la sainteté marquée par le don du nom suprême de Dieu. Le saint que nous décrit Najm al-dîn Kubrâ est ce voyageur qui s'anéantit dans cet amour fervent nocturne que le maître place au-dessus de la connaissance mystique.
Il apparaît ainsi davantage que son contemporain méridional illuminé par la diurne clarté de cette connaissance, Rûzbehân de Shîrâz, comme un pur mystique de l'amour fou. La méditation de Najm al-dîn Kubrâ offre une doctrine éclatée non spéculative dont le motif essentiel est la pratique et constitue une exhortation à la sincérité et à l'envol du désir. Le maître du Khwârazm fut aussi le témoin de l'immense cataclysme qui a ravagé l'Iran au début du XIIIe siècle.
Il offre l'image d'un saint qui ne demeure pas enfermé dans son couvent, mais qui, animé d'un courage extraordinaire, refuse de fuir devant les Mongols et prend même les armes pour les combattre jusqu'à la mort sur les remparts de Khwârazm, non sans avoir auparavant achevé la formation de ses derniers disciples.
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