"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pendant des décennies, ils ont enfoui leurs lourds secrets. Mars 1960 en Kabylie, le jeune appelé Antoine Berthier achève à l'aube sa dernière garde avant d'être libéré et pouvoir enfin retrouver ses parents et sa soeur jumelle qui l'attendent sur le continent. Quelques jours plus tard, sans aucune explication, il se donne la mort sur le bateau du retour. En septembre 2001, on découvre, à Marseille, les corps sans vie de plusieurs de ses anciens compagnons d'armes. Très vite, Aïcha Sadia, jeune femme d'origine kabyle, aujourd'hui commissaire, et Sébastien Touraine, ex-flic à la dérive, désormais détective, vont remonter les traces de l'Histoire. Entre les errances d'alors et les rancoeurs d'aujourd'hui, ils vont découvrir que des deux côtés de la Méditerranée les mémoires saignent encore.
Sébastien Touraine a bourlingué dans de nombreux services de la police judiciaire et occupe, désormais, la profession de détective privé.
Une femme, sexagénaire, Viviane Dimasco, vient le trouver un jour pour lui demander d’enquêter sur la fin tragique de son frère jumeau Antoine Berthier, survenue en 1960.
Malgré son mariage, elle ne s’est jamais remise de ce drame car très proche d’Antoine comme le sont, bien souvent, les jumeaux. Une disparition tragique, au combat pendant la guerre d’Algérie, comme l’en a informé, à l’époque, les autorités militaires. Toutefois, quarante ans plus tard, elle reçoit un appel téléphonique puis un courrier de la femme de René Michaud qui a fait son service dans le même régiment qui remettent tout en question. L’ancien sergent, sur son lit de mort, a demandé à Sylvie, sa femme, de rétablir la vérité auprès de la sœur d’Antoine comme quoi il s’est donné la mort sur le bateau qui le ramenait à Marseille. Dans le courrier figure une liste de noms d’autres membres de la compagnie qui pourront confirmer cette version.
Par manque de courage et sous prétexte que les langues des anciens se délieront plus facilement en présence d’un homme, elle porte tous ses espoirs sur notre détective pour comprendre comment son frère a pu en arriver là alors qu’il était démobilisé et s’apprêter à retrouver sa famille.
Malheureusement, les investigations vont tourner court, chaque fois qu’Antoine veut rendre visite a un des hommes figurant sur la fameuse liste, il arrive trop tard. Difficile de faire parler des cadavres, qui égorgé, renversé par une voiture ou victime d’un surdosage médicamenteux. La perplexité de notre enquêteur ne cesse de croitre, car il retrouve son cabinet de travail complétement sans dessus-dessous. Le lendemain, il doit en avertir sa cliente. Survient l’apothéose, il se rend à la chambre d’hôtel que Viviane a réservée le temps des recherches, elle ne répond pas. Quelle horreur, il la trouve dans la salle de bain, torturée puis finalement égorgée.
Sur la scène du crime de Viviane, la police découvre un rasoir mécanique appartenant à Antoine. Le commissaire Aïcha Sadia ne peut qu’inculper Antoine malgré son parcours professionnel. Ce dernier, explique pendant la garde à vue que Viviane est, en fait, sa cliente et l’informe de la teneur du courrier qu’elle a reçu et du lien probable entre ce meurtre et ceux des anciens d’Algérie. La vérité doit rejaillir à tout prix, Antoine et Aïcha doivent unir leur force.
Passionnant de bout en bout, Gilles Vincent utilise un langage viril parfois un peu cru qui sied bien au milieu militaire et à cette « sale guerre » d’Algérie. Il nous embarque et ne nous lâche pas jusqu’à l’épilogue inattendu. La lecture de « Djebel » nous ouvre des questionnements sur les stigmates liés à ces foutues guerres, sur les jeunes appelés, sur les populations, les mémoires qui saignent des décennies après. Les interrogations du personnage d’Aïcha Sadia, la commissaire, kabyle de naissance, sont très intéressantes, cette affaire la plonge dans un embarras et réactive les souvenirs que sa famille lui a racontés.
Tous mes remerciements aux Editions Cairn pour cette lecture.
La guerre en Kabylie , un dépucellage militaire qui tourne aux massacres , Antoine le vit mal et met fin à sa vie avant le retour parmi les siens ...
40 ans plus tard Sébastien Touraine détective se voit confier une enquête par la sœur d'Antoine ... La guerre est fini et pourtant les témoins tombent comme des mouches et les cadavres jalonnent le chemin du détective qui remonte les traces de l'histoire....Combien de vies détruites va-t-il découvrir ?
Extrait :
"Décidément, la mort du jeune soldat semblait porter en elle bien plus qu'une simple interrogation '
" De chaque côté de la Méditerranée, les hommes ont la mémoire qui saigne encore ."
Avec une plume remarquable , Gilles Vincent nous offrent un polar divin , en véritable conteur il nous embarque dans cette histoire qui ne nous lâche pas une seconde .
Un style raffiné , sans superflus et bien accrocheur , un régal .
Extrait :
" quand on veux comprendre une histoire, il ne suffit pas d'en extraire deux ou trois scènes choisies et de se poser pour seules questions celles qui n'ont pour objet que de coller au film qu'on s'est fait de l'histoire. Ça n'est pas comme ça que ça marche. Voyez-vous , pour apprécier toute la trame qui nous intéresse, il faut commencer par le commencement, par la première heure, la première seconde et peut-être même avant. "
"C'est ça la guerre ,Aïcha.Une escalade de haine et de violence.Une saloperie sans fin ."
Bon vous l'aurez compris j'ai adoré et je ne vous en dirai pas plus , à vous de le lire et de découvrir cette histoire .Vous voilà donc averti , amis lecteurs ce polar vaut le détour, et cette plume mérite toute notre attention.Mon premier de Gilles Vincent mais pas le dernier.
Et Si vous avez aimé ce polar je vous invite également à découvrir ' seul le silence ' de Paul Colize et aussi " après la guerre " d'Hervé Le Corre ....deux autres magnifiques et sombres histoires où la guerre n'est pas loin ....(oui je sais ça fait beaucoup de livres mais voilà toi qui t'aventure ici , faudra t'y faire ....) en attendant :
La guerre ,ici ou ailleurs cache de bien sombres secrets qui peuvent amener parfois à de terribles vengeances....et quoi de mieux que de bons bouquins pour ne pas oublier ....
" on ne peut traverser une vie sans en sortir abîmé '
En attendant j'adorerais retrouver Aïcha et Touraine .... Dans une autre enquête, joli Duo ...à suivre ..
" Aïcha se dit qu'elle aimait sa ponctuation,ses virgules et ses points de suspensions silencieux.Que, peut-être, il aurait peur de ses points d'exclamation à elle, de ses points d'interrogation et aussi de ses parenthèses...Elle se dit que pour aimer l'autre, il faut avoir la même respiration du texte , ce commentaire secret que chacun se fait de la vie ''
Un peu d'amour , d'espoir parmi la folie des hommes....
Pour ma part, la découverte sous un autre angle de la guerre d'Algérie a travers une ville Marseille dans les années 2000
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !