"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ça commence par un interdit. L'une de ces choses que l'on ne veut jamais raconter, parce que l'on a honte. Honte d'avoir trompé, fait souffrir à ce point la personne aimée. Honte de s'être égarée, d'avoir été naïve, perdue au point de penser en finir. On peut mourir d'être toujours en vie. C'est ce qui m'est arrivé. » En amour, une seconde chance est-elle possible ?
Après avoir trompé sa compagne, une femme s'interroge. Entre Paris, Montréal et Las Vegas, elle va tout mettre en oeuvre pour trouver la réponse.
Nous sommes à Paris en hiver. L’actualité est à l’image de la météo : « on ne parlait que de crise, licenciements, chômage, immobilier inabordable pour les jeunes, hausse des prix délirante, retraites qui n’existeraient plus si on continuait comme ça […] Allumer la radio devenait une épreuve, lire les colonnes économiques des journaux diffusait un sourde anxiété. L’amour avait dit une actrice à la télévision, l’amour, il ne reste que ça. »
Or justement, de ce côté là aussi les choses ne vont pas au mieux pour la narratrice. Elle veut mettre fin à sa relation avec Marie, dont elle pressent qu’elle ne mènera à rien tant leurs caractères sont opposés. De plus, elle n’a pas encore fait le deuil d’un premier amour. Mais Marie s’accroche. Elle ne veut pas de cette rupture et lance tous ses atouts sur la table. La carte de la compassion par exemple, qu’elle a déjà su jouer avec brio. Ou encore celle de la passion fusionnelle, qui ferait vaciller les partenaires les plus décidées. « Marie, un ouragan, un tsunami, un magma de colères, des bouderies à rebonds. » qui se nourrit même de la violence de l’autre pour assouvir son dessein. Marie qui, après s’être éloignée, contre-attaque de plus belle. Harcèle sans cesse sa partenaire, la couvrant de promesses.
Au milieu de cette vraie-fausse rupture, la maladie et la mort de son père, vient encore plus exacerber les tensions, mettre les nerfs à vif. Cette fois, c’en est trop. Un break est plus que nécessaire. Elle s’envole pour Montréal.
Brigitte Kernel a l’art de la construction romanesque. Elle partage cette année particulière en trois temps. Après l’hiver parisien, vient l’été québécois. A Montréal elle retrouve Léa et cet amour qu’elle s’est toujours refusée à croire terminé. Mais s’il suffisait de se retrouver pour que tout soit comme avant et pour que sa partenaire soit au diapason de ce que l’on ressent…
Commence alors un chassé-croisé patient qui conduira à un voyage improbable à Las Vegas, en août. Avec Léa et avec sa mère qu’elle retrouve dans cet univers de pacotille. Pourtant, c’est bien là que les masques tombent, que la douleur peut s’exprimer, que les comptes vont se régler : « Jamais ces dernières années tu ne t’es inquiétée de moi, de papa, de ce qu’Aimée pouvait me faire vivre en refusant de s’occuper de lui, me laissant tout à charge, allant même jusqu’à vouloir le mettre sous curatelle, le déménager de chez lui, cet espace où il ne cessait de sourire, serein, apaisé… »
Un roman vrai et sincère sur les épreuves qui jalonnent une vie, mais surtout sur la reconstruction après un drame, un échec. Bref, une belle bouffée d’oxygène !
https://collectiondelivres.wordpress.com/2015/05/06/dis-moi-oui/
"Avant était heureux."
"Avant", la narratrice vivait avec Léa un amour vrai, profond. "Avant", son père lui était une armure et un abri. "Avant" était sans culpabilité et sans regrets, ni remords. "Avant" était sans Marie qui englue la réalité dans un marais de noirceur et de dégoût.
"Avant"... Comment continuer à vivre en gardant cet "avant" fiché en plein coeur, comme un gouffre qui sépare inexorablement ce qui est de ce qui aurait pu être ? Pour solder le compte du passé et commencer à reconstruire, faut-il se punir des erreurs qu'on a commises, des choix qu'on a faits ?
En cherchant Léa, c'est l'amour de sa vie que la narratrice tente de retrouver, mais c'est aussi l'amour de sa propre vie et l'amour de la vie.
Avec infiniment de subtilité et de sensibilité, Brigitte Kernel raconte cette douloureuse et vitale reconstruction. Deuxième chance ? Mais la chance a-t-elle à voir avec l'amour ? Ce sont les êtres, ce qu'ils sont et ce qu'ils font, qui savent - ou non - renouer les fils d'une histoire déchirée.
Plus qu'une histoire d'amour, "Dis-moi oui" est l'histoire d'un amour qui plonge ses racines et trouve sa solidité dans les histoires singulières de chaque personnage. La finesse d'écriture de Brigitte Kernel nous donne à voir, mais surtout à ressentir et à nous enrichir de ces autres vies, si différentes et si semblables à la nôtre. Un roman que j'ai aimé pour tout ce qu'il donne et partage de douceur frémissante.
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