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« On voit des écussons chargés d'armoiries, partout, sur les tours et sur les portes des châteaux, sur les portes de beaucoup d'édifices publics et privés, sur les tombeaux, sur les sceaux, dans les églises, notamment sur les clefs de voûtes ; et le plus souvent l'archéologue et le simple curieux ne peuvent dire à quelle famille appartiennent ces marques de distinction.
Les pierres sépulcrales ont souvent aussi des armoiries qui révèlent les noms et les titres de ceux qui reposent sous ces sortes de dalles.
Pour arriver d'une manière certaine à expliquer ces marques archéologiques, et pour éviter des recherches souvent infructueuses, nous voulions, immédiatement après avoir fini le Nobiliaire d'Auvergne, publier, comme complément, un dictionnaire héraldique de la même province ; mais comme nous avions d'autres travaux sur le chantier, force nous a été de suspendre.
Ayant vu avec un très grand bonheur que M. Potier de Courcy avait eu, pour la Bretagne, la même pensée que nous, et qu'il nous avait devancé, nous avons remis très activement la main à l'oeuvre.
Considérant son ouvrage, le dictionnaire héraldique de la Bretagne, comme un excellent guide, nous l'avons suivi quant à la classification alphabétique. Comme cet auteur, nous avons divisé notre travail en cinq chapitres, en débutant par les émaux des champs des écussons, puis les partitions de l'écu, et ensuite nous avons indiqué les figures héraldiques ou pièces honorables, etc.
Dans un nobiliaire disposé par ordre alphabétique, il est facile de trouver les armoiries d'une famille, mais il n'en est pas de même pour appliquer le nom du possesseur d'un écusson que l'on voit isolé sur une porte ou sur une clef de voûte.
Les armoiries furent accordées ou autorisées par les rois, aux familles, aux communautés et aux corporations civiles et religieuses, comme une distinction transmissible à perpétuité.
L'opinion qui fait remonter les armoiries au-delà du dixième siècle, est réfutée par Spelman, André Duchène, les Frères de Sainte-Marthe, Justel, Lepinoy, Chifflet, Fauchet, Dutillet, le P. Ménestrier, le P. Mabillon, etc. ; ces auteurs disent que ce sont les tournois qui ont fait fixer les armoiries.
On peut admettre, comme le dit M. de Courselles, que l'origine des armoiries remonte incontestablement à la fin du 10e siècle, plusieurs sceaux l'établissent ; mais c'est plus particulièrement à l'époque des croisades qu'elles ont été régulièrement établies, puisqu'elles devinrent des récompenses accordées aux chevaliers et aux villes qui se distinguèrent dans les guerres saintes. C'est de ces guerres saintes que sont venues ces multitudes de croix de toute forme, de toute couleur, de toute dimension, qui ornent les armoiries. Plusieurs familles dont les armes ne figurent pas au musée historique de Versailles, n'ayant pas eu d'ancêtres à l'une des sept croisades, ont néanmoins introduit ce signe dans leurs blasons, par pure dévotion, et probablement sans l'intention de faire croire à une plus ancienne origine de leur noblesse.
L'empereur Henri-l'Oiseleur, qui régla les tournois en Allemagne, environ l'an 938, donna lieu d'inventer et de régler ces marques d'honneur, qui sont plus anciennes chez les Allemands que dans tout le reste de l'Europe.
Cependant, si l'origine des armoiries vient d'Allemagne, on peut dire que c'est en France qu'a commencé la science du blason (synonyme d'armoiries) ; car selon le père Ménestrier, les Français sont les premiers qui ont donné les préceptes, et les Allemands n'en ont presque rien dit. De la France, le blason, qui naquit, comme toutes les choses humaines, insensiblement, a passé en Angleterre, en Italie, en Espagne, etc.
Les armoiries n'ont bien été en usage que depuis le onzième siècle. Ce n'est que vers cette époque que l'on commence à voir des cottes d'armes, espèce de livrée composée de bandes de plusieurs couleurs, d'où sont venus la fasce, la bande, le pal, le chevron, la losange, etc., qui ont pour ainsi dire été le commencement des armoiries.
Charles V, par ses lettres du 9 août 1371, permit aux bourgeois de Paris de posséder fiefs et arrière-fiefs, sans être tenus de payer aucune taxe, et de porter des armes timbrées, comme les nobles d'extraction. Plus tard, les bourgeois les plus notables des provinces imitèrent cet exemple et demandèrent des armoiries.
Charles VIII, par lettres du 17 juin 1487, avait créé un maréchal d'armes, pour écrire, faire peindre et blasonner dans les registres publics les noms et les armes de toutes les personnes qui avaient le droit de porter cette marque de distinction.
Les remontrances que la noblesse, convoquée à Paris, fit à Louis XIII en 1614, pour ordonner une recherche de ceux qui avaient usurpé des armoiries, au préjudice de l'honneur et du rang des anciennes familles, et suivant les motifs des ordonnances de Charles IX et de Henry III, le roi établit un juge d'armes. Cet officier fut chargé de dresser des registres dans lesquels figuraient le nom et les armes des personnes réellement nobles, des ecclésiastiques, des officiers d'épée, de robe et de finance et tous autres ayant emplois. Chaque maison était tenue de fournir aux baillis et sénéchaux ses blasons et ses armes ; mais tous les fonctionnaires pourvus de cet office, n'eurent pas l'autorité suffisante pour conserver le lustre des armes des grandes et anciennes maisons. » (Jean-Baptiste Bouillet.)
Dictionnaire héraldique de l'Auvergne... par J.-B. Bouillet,...
Date de l'édition originale : 1857
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