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Leur mère tient un atelier de confection et trompe sans vergogne son mari, un homme effacé. Peu enclines à reprendre le commerce maternel, les deux soeurs s'éloignent du giron familial dès l'adolescence. Fanya est embauchée par une sage-femme avorteuse qui fera son éducation scolaire et politique.
Esther, fascinée par les danseuses d'un théâtre burlesque local, prend des cours de danse tout en travaillant comme bonne à tout faire dans la maison close attenante au théâtre. Les chemins des deux soeurs, pourtant très liées l'une à l'autre, vont progressivement diverger. Avec Dessous, Leela Corman décrit les difficultés de cette population immigrante à la veille de la grande dépression, mais brosse surtout le magnifique portrait de deux femmes libres et farouchement indépendantes.
Nous sommes deux sœurs jumelles
Je crois l’avoir déjà dit dans des chroniques précédentes, je ne suis pas une grande fan des romans graphiques. Cependant, je ne suis pas totalement bornée (enfin j’aime à le croire !) et si le thème m’intéresse, je peux me laisser tenter par ce format !
C’était le cas pour Dessous, dont j’avais, en prime, lu d’excellents avis sur Babelio et ailleurs.
Alors ? Alors essais réussi !
Ce roman résolument féministe nous entraîne à New-York au début du XXème siècle, dans le quartier du Lower East Side, et plus précisément dans la communauté juive, fraichement immigrée de Russie ou de Pologne. C’est là que vivent deux sœurs jumelles Fanya et Esther avec une petite sœur « différente », un père effacé mais tendre Pologne (deux chapitres, au milieu du roman, nous emmènent en Pologne en 1895 et 1896 aux racines de la famille paternelle des deux héroïnes) et une mère dominatrice et peu affectueuse qui tient une boutique de corsets. Le roman commence lorsque les fillettes ont une dizaine d’années : Fanya qui fait des courses avec sa mère est témoin de la mort d’une femme -elle l’apprendra beaucoup plus tard, des suites d’un avortement. A cette occasion, elle fait la connaissance de Bronia, une sage-femme qui est aussi une faiseuse d’anges. Bronia prendra Fanya sous son aile, l’éduquera et la formera. Esther est fascinée par les danseuses d’un théâtre burlesque et leurs dessous élégants… Embauchée comme bonne dans la maison close du quartier elle s’apercevra que ces danseuses sont aussi des prostituées… En 1917, Esther est devenue Dalila, danseuse le soir, et l’une des filles de Miss Lucille, la plus recherchée d’ailleurs…
Ce n’est qu’en 1923 que les deux sœurs se retrouveront.
Voilà pour la partie « roman », qui relate avec brio une tragédie mais qui pourtant nous fait rire à plusieurs reprises. Fanya et Esther sont si différentes et si semblables, elles ont toutes deux fait des choix impossibles pour survivre dans ce « nouveau monde » et s’affranchir des traditions culturelles et matriarcales. La trame narrative peut dérouter mais ayant lu le roman, une première fois, d’une traite, cela ne m’a pas gênée. Une seconde lecture m’a permis d’appréhender toutes les subtilités, notamment des dessins.
Les dessins, justement, j’y viens : ils sont remarquables ! En noir et blanc, les traits parfois outranciers qui peuvent sembler simples au premier regard sont totalement au service de l’histoire qu’ils parviennent à amplifier.
Douloureux et superbe.
Très beaux portraits de femmes dans l'Amérique du début du XXs, l'histoire d' Esther et Fanya , deux jeunes filles issues d'une famille juive russe ayant fuit les pogrom. Deux portraits féministes avec ces deux jeunes filles qui s'émancipent des hommes, l'une passant du bordel au théâtre, entretenue par l'argent de riches nantis , la seconde en devenant sage-femme et faiseuse d'anges si besoin.
On sent la dureté du labeur, les femmes à la merci des hommes par le biais des grossesses répétées, une vie qui s'écoule puis s'éteint .Pas de happy end.
Outre l'histoire , j'ai aimé le trait charbonneux, un peu caricatural ou enfantin par moment et le rythme de l'album. Cela m'a fait penser à Broderies de Marjane Satrapi que j'ai lu cet été , dans le traits surtout, dans les portraits féministes aussi
Une belle découverte que cette autrice.
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