"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je viezns de le terminer et ne lis donc pas ta chronique Un livre que j'ai adoré
L'enfance de Pia, c'est courir à perdre haleine dans l'ombre des arbres, écouter gronder la rivière, cueillir l'herbe des fossés. Observer intensément le travail des hommes au rythme des saisons, aider les parents aux champs ou aux vaches pour rembourser l'emprunt du Crédit agricole. Appartenir à une fratrie remuante et deviner dans les mots italiens des adultes que la famille possède des racines ailleurs qu'ici, dans ce petit hameau de Charente où elle est née. Tout un monde à la fois immense et minuscule que Pia va devoir quitter pour les murs gris de l'internat. Et à mesure que défile la décennie 70, son regard s'aiguise et sa propre voix s'impose pour raconter aussi la dureté de ce pays qu'une terrible sécheresse met à genoux, où les fermes se dépeuplent, où la colère et la mort sont en embuscade. Une terre que l'on ne quitte jamais tout à fait.
Paola Pigani déploie dans ce roman, sans aucun doute le plus personnel, une puissance d'évocation exceptionnelle pour rendre un magnifique hommage au monde paysan et aux territoires de l'enfance.
Années 1970. Pia, onze ans, « pousse » dans un un coin de Charente, un petit hameau avec son calvaire, son château, son cimetière, les mares : fosses à chagrin ; les forêts pour frontière.
Lorsqu’elle a fini d’aider ses parents à la ferme avec sa fratrie, celle qui aime à se définir comme une « cheminière » arpente le paysage de son enfance « entre la couleur des chemins et les brouillons du ciel au-dessus de la tête » …
Puis vient le temps de quitter ce cocon pour le monde gris de l’internat. Vient le temps de l’adolescence et de cet écartèlement qui se traduit par cette impression « de ne jamais être à la bonne place ». Fille de paysans, fille d’immigrés italiens, fille cadette à l’ombre d’une grande sœur exubérante comme les herbes folles ; plus tout à fait une petite fille mais pas encore une femme…
Dans ce roman très personnel, Paola Pigani, poète romancière, décrit avec justesse et sans nostalgie mélancolique ce moment universel où il s’agit de « mettre la clé sous la porte de son enfance ». Ce livre évoque en outre la mutation du monde paysan dont les fermes se dépeuplent et qui survit entre les dettes à rembourser au Crédit Agricole et les directives de la lointaine Bruxelles.
Je me trouve bien incapable d’user de superlatifs qui me paraîtront trop pâles pour désigner ce vibrant hommage aux territoires de l’enfance et cet hymne à nos campagnes. J’oserai tout de même cette appréciation du célèbre guide vert : Vaut le voyage !
« Rimbaud aussi a dû connaitre les campagnes perdues où il faut marcher longtemps pour oublier à quelle époque on vit. Tout ce que je pourrais dire ou écrire un jour ira toujours dans le sens d’une rivière, à couler pour rien dans l’ordre du monde. »
“J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait…”
Victor Hugo in Les Contemplations
Pia vit avec ses frères et soeurs chez ses parents émigrés italiens au sein d'une ferme dans les Charentes, l'histoire se déroule dans les années 1970. Pia est une jeune fille pleine de vie, elle court à travers champs et fossés. Elle doit aider ses parents aux champs, car dans ce milieu, le répit n'existe pas et il faut rembourser l'emprunt au Crédit Agricole. Ce livre a fait rejaillir des souvenirs d'enfance sur le ferme de mes parents, les champs, l'odeur du foin, la proximité de mes grands parents, plusieurs générations vivant dans le même village. Une ribambelle d'images appartenant à mes souvenirs : les volumes de Tout l'Univers, l'ėcole avec ses cahiers d'essai .. l'époque des samedis soirs de Maritie et Gilbert Carpentier. J'ai aimé les phrases tendres et virevoltantes pour dépeindre la vie du monde paysan dans les années 1970, la réalité de la sécheresse de 1976 et la difficulté pour trouver du fourrage pour les bêtes, les quotas laitiers. Un monde agricole sans pitié dont peu survivront.
"On ne crie plus pour s'interpeller. On ne siffle plus entre nos doigts. On a laissé l'enfance sauvage pendue dans un séchoir à maïs vide, là où on se planquait pour manger des Carambar." (p.232)
C'est cette "enfance sauvage" que nous peint Paola Pigani en donnant ses mots à Pia, que la décennie des années 70 voit passer enfant, adolescente, jeune fille. "Peindre" n'est d'ailleurs probablement pas le terme le plus apte à définir l'action de l'écriture, ici, tant il paraît restrictif au regard de l'ample palette de sensations et d'émotions qui naît du choix et de l'agencement des mots et des phrases. Ce mouvement continu fait onduler le récit à l'image de la surface d'un champ de blé sous la brise estivale et évoque aussi bien les genoux couronnés, les mollets griffurés par les éteules, l'itération des tâches de la ferme, la familiarité affectueuse avec les vaches que les difficultés du monde paysan et les prémices de la disparition d'un monde.
Le monde de Pia s'englobe dans ce hameau de Charente où elle est née et dans la petite exploitation familiale, où vivent et travaillent ses parents, ses trois soeurs et son frère. Dans le hameau voisin, il y a Nonna, la grand-mère que Pia aime accompagner lorsqu'elle promène ses chèvres le long des fossés. Un peu plus loin, vit la famille de Joël, le "garçon-paysage avec une colline sur le dos" et puis Laure, l'amie des fous rires et des explorations aventureuses. Géographiquement restreint, cet espace se dilate d'innombrables perceptions et rêveries qui viennent étoffer la trame des jours. De la même manière, le temps s'appuie sur les valeurs du présent pour rythmer les gestes quotidiens, les saisons et les cycles naturels tout en profilant passé et futur, proches ou plus lointains. "La terre revient à son argile dure, cruelle sous mes sandales. Il va nous falloir retrouver le sens de la marche, lever les yeux vers le ciel, y croire à nouveau à ce qui monte, résiste, à ce qui promet."(p.156). L'écriture exprime au plus près cette puissance mentale qui dépasse les bornages d'un terroir, en fait éclater les limites et rayonne vers les quatre horizons pour les ramener à hauteur d'enfant.
Le récit ne s'égare pas dans une nostalgie amère, ni dans une déploration mélancolique. Il garde, au contraire, l'énergie de la vie, la légèreté sans insouciance, tout qui permet de construire une vie sur les fondations solides qu'offre la mémoire de l'enfance. Ce roman est, pour moi, une merveille de grâce intemporelle, qui déploie un vécu personnel jusqu'à l'universel en passant par le pragmatisme d'une âpre réalité économique. Je ne saurais pas bien expliquer pourquoi, puisque la forme et les thèmes sont différents, mais je n'ai cessé de me dire que "Des orties et des hommes" était le pendant rural de "A la ligne" de Joseph Ponthus. Peut-être par les effets similaires que ces deux romans ont produit sur moi ? Peut-être par la poésie qui irrigue les deux ouvrages et qui, pour les deux narrateurs, constitue un tuteur essentiel ? Peut-être, tout simplement, parce que leur lecture a été synonyme d'émerveillement.
L’auteur se remémore son adolescence au sein d’une famille de modestes agriculteurs de Charente, dans les années soixante-dix, alors que le monde rural en pleine mutation voit peu à peu disparaître les petites exploitations et mourir les villages.
Pia est la dernière-née d’une famille de cinq enfants, surnommés les Panzanis parce que les grands-parents sont venus d’Italie. La ferme et ses vaches laitières suffisent à peine pour joindre les deux bouts, au prix d’un travail incessant auquel participe activement la fratrie. L’enfance de Pia est pauvre et travailleuse, mais heureuse, au sein d’une tribu turbulente et unie, au contact de la nature et des animaux, dans un village qui connaît l’entraide.
Pia grandit, part en pensionnat à l’heure du collège puis du lycée, se retrouve confrontée à une société éloignée des préoccupations des « ploucs » en pleine crise. Déchirée entre sa fidélité à ses racines et l’appel du large, la jeune fille voit avec impuissance se déliter l’univers de son enfance : son frère et ses sœurs partent chacun leur tour vers leurs destins, les plus âgés et les plus fragiles des êtres chers disparaissent, personne ne reprendra la ferme familiale.
Le récit aux mille détails authentiques observe sans juger et avec humour les petits et grands évènements du quotidien, dans une ode à un monde en voie de disparition, pleine de tendresse et de nostalgie : c’est avec une infinie tristesse que s’impose sans recours l’incompatibilité entre l’énergie et les rêves de la jeune génération d’un côté, la déliquescence d’un univers condamné de l’autre.
Récit personnel et intime, servi par une langue souvent surprenante par ses trouvailles, Des orties et des hommes est un roman sensible et touchant, où l’émotion contenue rivalise avec l’humour, pour évoquer le passage du temps et l’éphémèrité de la vie.
Chronique d’une vie rurale
La Charente, ce n’est pas seulement le bord de l’Atlantique, c’est également une campagne où habite Pia 10 ans, de longues tresses. Ses grands-parents sont venus d’Italie via la Belgique cultiver une terre qu’ils espéraient meilleure. Ses parents sont fermiers. La famille ne roule pas sur l’or, c’est le moins que l’on puisse dire. Le père élève des vaches laitières , vend son lait à une laiterie et à quelques particuliers. La mère fait du beurre. Nous sommes dans les années 70, les grosses et grandes fermes grignotent petit à petit les petits fermiers.
« Entre ceux qui vivent de rien et ceux qui vivent de peu, il n’y a pas beaucoup d’envieux par chez nous. »
Cinq enfants tous remuants égaient les journées. Même si la vie n’est pas très facile, la famille est heureuse.
« A la maison, la polenta est prête. Maman a préparé un gâteau. Elle roule l’amour des siens dans la farine. Le chagrin de nous avoir loin d’elle pendant des jours, elle le pétrit et l’aplati comme elle peut. C’est dans ces odeurs de pâte chaude qu’on s’embrasse’. »
Les filles barattent le beurre au rythme des chansons de l’époque. Tout le monde aide à la ferme au retour de l’école. Attention, il faut faire les devoirs, bien apprendre pour aller au collège privé, derrières des murs gris, encadré par des bonnes sœurs pas rigolotes. Valma, sa sœur aînée n’a pas supporté et à fugué. Pila s’est fait un grand allié de Rimbaud ; ses poésies lui permettent de supporter l’enfermement tout comme un certain garçon jouant de l’harmonica. Heureusement les vacances existent et les revoici à sauter sur les balles de paille, grimper dans le clocher de l’église « A part Dieu et le spécialiste des cloches… nous sommes les seuls à grimper jusqu’ici… C’est vieux comme le monde. On marche à pas de loup sur l’éternité. » et autres fantaisies.
Quel plaisir pour Pia d’aller seule sur les chemins, marcher dans la forêt, écouter, regarder, patauger, parler avec Joël, le bossu, que beaucoup fuient et moquent.
« C’est un garçon-paysage avec une colline sur le dos… Moi je suis sûre que c’est la bonté qui dépasse de sa colonne vertébrale, un mystère de roche humaine. » Quelle belle description de Joël le bossu.
Elle vit au rythme des travaux imposés par les saisons, rentrer le bois en hiver, faire les foins, les récoltes. Tout ceci sans oublier la sacralité de la messe dominicale, les visites à Nanno, la grand-mère adorée.
« Il faudra aussi mettre de l’ordre dans mon cahier d’essai, ne pas mélanger tache d’encre et tâche d’être là quand on te parle, blouse et bouse. Mettre de l’ordre entre les absents et les présents ceux de toujours et les nouveaux. »
Pas facile lorsque l’on étudie en établissements privés surtout fréquentés par la bourgeoisie locale.
Et puis, il y a la création d’un nouveau syndicat agricole, face à la FNSEA, qui deviendra la Confédération Paysanne. Les conseillers techniques proposent leur aide à grand renfort de produits dits « phytosanitaires », le Crédit Agricole prête, le prix du lait s‘effondre, certains paysans sont obligés de mettre la clé sous la porte de la grange… C’est l‘époque du Larzac. Enfin Pia ne se sent plus venue d’un arrière-monde, grâce au commentaire désobligeant d’un camarade classe de la bourgeoisie
Le monde rural change, les maisons se vident, les vieux meurent seuls. Pia observe ces changement avec beaucoup de mélancolie. C’est ce que je constate tous les jours autour de moi.
Un livre qui m’a enchantée. J’y retrouve un tout petit peu des traces de mon enfance ou celle de mes propres enfants. La nostalgie y est heureuse, la vie, même si les habits se passent entre sœurs, même si la sécheresse de 76 a causé beaucoup de dégâts, se déroule dans une certaine harmonie.
Je sens les souvenirs d’enfance de Paola Pigani sous les traits de Pia. J’ai aimé suivre sa trajectoire jusqu’au lycée, la voir grandir, garder sa liberté.
Un livre enchanteur, une belle écriture fine, sensuelle ; une ode à la nature avec les quelques fêlures de la vie. Les chapitres, comme des scènes de la vie quotidienne, s'égrènent , se lisent avec grand plaisir Je me suis laissée happer, prendre au jeu des deux nattes blondes de Pia.
Coup de cœur
« Les fleurs des fossés n’oublient pas ceux d’avant, j’en suis sûre, c’est pourquoi je les caresse même affaiblies par l’été. »
«J’ai fait un pont entre le sommeil et l’oubli, traversé une nuit, un filet d’eau, un rigole, franchi mon paysage de vaches assoupies, de palisses aux oiseaux cachés, suivi le Son, La Bonnieure jusqu’à la Charente à Angoulême. Du plus petit au plus grand, du plus vert au gris implacablable, du plus sauvage au noir des pages imprimées, des champs de paix aux rues tristes, des vitrines aux peurs verticales. Cela s’appelle grandir. »
Début des années 70, en Charente, Pia est une fillette de onze ans, une fille de la campagne comme on dit. Dans un petit hameau, elle vit au rythme des travaux agricoles avec son frère et ses quatre sœurs. Toujours prête à donner un coup de main à ses parents qui travaillent la terre en fermage et élèvent quelques vaches laitières. Leurs racines sont en Italie d’où ils sont originaires.
A travers la voix de Pia, on s’évade dans un champ, on court à en perdre haleine, on observe la nature, petits plaisirs et jeux d’une enfance qui sent le plein air et la débrouillardise. Aider les parents, ramasser le bois ou baratter le beurre au son des rires de la fratrie. Une famille où on se serre la ceinture : les vêtements servent d’un enfant à un autre, pas de dépenses inutiles ou frivoles. Mais c’est aussi l’amour que lui donne ses parents, les vacances chez sa grand-mère, son amie Laure, les conversations sérieuses des adultes autour de la table où les soupirs et les silences trahissent les difficultés et la peur de l'avenir. Les paysans veulent se regrouper et se faire entendre, et parlent de créer un syndicat agricole. Pour Pia, il y a l’entrée au collège et l’internat qui se profile accompagnée d’appréhensions. Une sphère inconnue avec ses codes et ses règles.
La fin de l’enfance marque le début de l’adolescence et la sécheresse de l’année 1976 précipite la faillite de certains paysans. Son père est obligé de devenir ferrailleur. Si au collège, elle découvre la solitude et les remarques acides, la poésie se fait réconfortante et précieuse. Tandis que les amitiés de l’enfance se délitent certaines fermes se retrouvent inhabitées. Mutation d’un monde agricole où les plus petits sont à l’agonie.
L'auteure rend un hommage vibrant et nostalgique à un monde paysan et à celui de l’enfance. Il y aurait beaucoup à rajouter car elle aborde également les thèmes de l’exil et de la condition sociale. D'une écriture poétique sans fioriture et avec un sens du détail qui fait mouche, Paola Pigani a su traduire à merveille et avec justesse les sentiments, les perceptions et le regard de l'enfant puis de l'adolescente.
Ce livre a résonné en moi tant j’y ai retrouvé des souvenirs et des sensations qui ont fait briller mes yeux d’enfants.
Un roman dont je suis sortie le cœur vrillé d’émotions et avec un sentiment d’une tendresse lumineuse infinie.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/03/des-orties-et-des-hommes-de-paola-pigani.html
La narratrice, Pia, est une fillette de onze ans qui vit avec ses parents et ses quatre frères et sœurs dans une ferme en Charente. C'est une famille de paysans venus d'Italie qui vit dans une grande précarité, une famille où on "verse à peine un filet de grenadine dans le verre", où les vêtements passent d'un enfant à un autre, où on dort à deux dans le même lit. Ils vivent dans une ferme délabrée et cultivent une terre qui ne leur appartient pas.
Le père est un paysan-ferailleur qui a installé une casse derrière sa ferme, cet homme très travailleur et joyeux aime chantonner, il a su " partir de rien toujours, planter du futur là où personne n'y croit" mais dans ces années 70, le monde paysan souffre, une terrible sécheresse ruine encore plus ces paysans étranglés par les emprunts contractés au Crédit Agricole. C'est une période où la révolte gronde dans le monde paysan, la lutte s'organise, le syndicalisme agricole se développe et le père devient un Paysan travailleur alors qu'autour de lui certains font faillite, d'autres se suicident. La mère s'occupe de la ferme, des animaux et cuisine de la polenta et des gâteaux, c'est une mère qui "roule l'amour des siens dans la farine... c'est dans ces odeurs de pâte chaude qu'on s'embrasse"
Pia vit une enfance dans la nature, au milieu des animaux, partageant son temps entre l'école et les corvées car il y a toujours du "pain sur la planche" à la ferme, il faut aider à rentrer le bois, s'occuper des poules, des lapins, plier le linge dans une vie rythmée par les saisons. C'est un quotidien fait de vacances chez sa grand-mère Nonna, de moments partagés avec son amie Laure et son voisin bossu Joël, de complicité avec ses frères et sœurs, de proximité avec une communauté de manouches, de l'attention de jeunes parisiennes en vacances qui leur donnent de temps en temps vêtements et échantillons de parfum, de liberté et de virées en vélo. Un monde où laitier, vétérinaire, inséminateur et rebouteux sont des personnages essentiels, un monde où il est naturel de veiller les morts.
Mais Pia va devoir partir au pensionnat, un lieu gris dont sa sœur Valma s'est enfuie quelque temps plus tôt. Entre les murs du pensionnat elle va connaitre la solitude et le silence "Même ensemble, on est seuls, incapables de parler de ce qui nous manque" , " L'ennui a la hauteur des murs qui nous encerclent." Heureusement elle trouve refuge dans la musique et dans la poésie avec son cahier d'essai, son dictionnaire Larousse cadeau de communion " avec la poésie, chaque jour je pousse les murs et le temps".
En grandissant elle va comprendre le désir d'enracinement de ses parents, le mal de l'Italie et la douleur de l'exil qu'ils tentent de cacher." "T'as pas de mort ici, toi?" pas de mort, ça veut dire qu'on n'est pas de là ? Pas plus de racines aux pieds qu'à nos disparus?". Pour elle, bientôt ce sera le temps des envies d'ailleurs.
J'ai été immédiatement emportée par l'écriture de Paola Pigani, par l'atmosphère parfaitement restituée dès les premières pages, par ce pays où "les bêtes ont plus de valeur que tout". La corvée des caillasses, le moment où on tue le cochon, l'heure des vaches, la vente du lait posent d'emblée le décor de ce monde vu au travers du regard d'une enfant. Paola enchaine les phrases qui vont à l'essentiel sans descriptions à n'en plus finir, multiplie les expressions poétiques que j'ai vite renoncé à noter tellement elles sont nombreuses. L'écriture est vive, virevoltante avec des phrases courtes dans la première partie pour devenir plus posée avec des phrases plus longues quand Pia sort de l'enfance et que son regard sur son monde environnant change et devient plus aiguisé .
Dans ce récit d'une vie de paysans racontée au travers de multiples scènettes de la vie quotidienne, Paola n'introduit aucun romanesque superflu, les personnages sont juste esquissés mais au combien émouvants, il y a le frère, les sœurs, l'émouvante Mimi au pensionnat, les amis d'enfance que l'entrée dans l'adolescence séparera, Christophe, le fils de l'Aboyeur... beaucoup vivent des choses difficiles " Dans notre petit pays, tout se sait, tout se tait", chacun pourrait être le héros d'un prochain roman...
A travers le regard d'une enfant qui observe sans jamais juger, Paola rend un superbe hommage à la terre de l'enfance et à un monde paysan âpre qu'elle sait rendre terriblement humain. Elle interroge avec profondeur la question des racines, du conditionnement social, de l'exil avec son lot de douleurs, des thèmes qui lui sont chers. J'ai aussi beaucoup aimé la façon dont elle évoque le pouvoir de la littérature sur son héroïne.
Sensibilité, délicatesse, simplicité, capacité d'évocation et poésie qualifient pour moi l'écriture de Paola Pigani qui parvient à merveille à éveiller tous les sens du lecteur dans ce roman qui semble très personnel.
Je viezns de le terminer et ne lis donc pas ta chronique Un livre que j'ai adoré
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