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Pianiste de talent reconvertie dans le journalisme, avec une vie de couple qui bat de l'aile, Olga part en reportage à Toulon.
Elle doit y recueillir le témoignage d'une vieille femme russe pensionnaire depuis longtemps d'un sanatorium.
Maria Koltchak, qu'on a dit folle, affirme être une ancienne détenue du goulag stalinien et désire se confier avant de mourir. Au fil des entretiens, on assiste à une tragédie familiale sur fond d'histoire de l'URSS. Aidée par le directeur de l'hôpital, Olga tente de renouer chacun des fils d'un récit palpitant marqué par la trahison et l'espoir. Elle remonte avec Maria dans les profondeurs de ses souvenirs, notamment celui de la recherche de sa fille disparue. À travers ses yeux, la jeune femme découvre Moscou, la Sibérie, elle retourne là où tout a commencé, lors d'un dernier printemps à Paris...
« Je suis née en Russie en 1919 dans une famille d’intellectuels. »Maria, ses parents et son frère sont russes. Son père, militaire, à la révolution est restée fidèle au Tsar. Sa mère, Natalia Romanovska, pianiste promise à une grande renommée. Ils font des séjours pour ou moins longs à Paris selon les dangers encourus. C’est lors du dernier séjour à Paris qu’elle tombe amoureuse de Viktor Fiodorov que son père tient en grande estime. Ils sont amoureux, fougueux et se fiancent. Avec l’accord chaleureux des parents. Pourtant ils doivent retourner en URSS, pressé par son frère Aleksei qui soupçonne les membres du NKVD de les appréhender très prochainement. « Je ne t’abandonnerai pas, murmura-t-il. Tu le sais, n’est-ce pas ? » Ce sont les dernières paroles de Viktor
Les voici dans leur nouvel environnement fait de privations et d’angoisse lorsqu’elle se découvre enceinte. Le réaction de Viktor n’est pas celle qu’elle attendait « Sans un mot Viktor tourna les talons ».
Plus tard, d’autres bruits de pas se font entendre et cinq hommes en uniforme de la police secrète se présentent, accompagnés de Viktor « Ivan Romanovski ! Vous êtes accusé de trahison contre l’État et Joseph Vissarionovitch Staline ! Suivez-nous sans opposer de résistance ! ». Olga, désignée par Viktor lui-même, est embarquée elle aussi, direction le goulag aux confins de la Sibérie. Son père sera exécuté. La purge stalinienne est en route. « Ton fiancé ?… Espèce de grosse vache ! Imbécile ! C’est un agent spécial du NKVD Et un des meilleurs ! »
Quinze années de goulag, quinze années d’enfer par la « grâce » de son fiancé. Elle y a accouché d’une petite fille qui lui a été enlevée pour la donner à un couple après un an auprès d’elle. Elle a résisté malgré cela. « Maxime Gorki a dit que la Sibérie était la terre de la mort et des chaînes. A juste raison. Sauf qu’il n’y avait pas de chaînes. A quoi bon ? Personne ne se serait risqué à fuir ce trou perdu, il ne serait arrivé nulle part. Tenter de s’échapper relevait du suicide. Parcourir des centaines et des centaines de kilomètres à travers cette forêt vierge aurait eu raison de toute créature vivante. Quelques vingt millions de personnes ont connu le goulag. Très peu ont survécu à cette monstrueuse fabrique de mort. »
Les conditions de vie au goulag, l’enfermement, les manques, la dureté, l’injustice, la faim, la vermine... je les découvre en écoutant Maria raconter sa vie à une jeune journaliste, Olga Lachaise, envoyée par son journal Le Point. Elle doit écrire un long article sur cette survivante de quatre vingts ans qui a échoué, sur les ordres russes, dans un sanatorium à Toulon.
La propre vie d’Olga frise le mélo et j’ai eu quelques craintes sur le déroulement du livre. Las ! Mes craintes étaient vaines. Les dix jours qu’Olga passe à écouter Maria Koltchak raconter sa vie, les dénonciations pour un rien ou sans raison, des suppôts du Petit Père des Peuples, les conditions de vie inhumaines du goulag et encore et toujours, la peur de la délation qui peut vous envoyer en Sibérie ou dans une fosse commune. La fin donne un autre angle de vue sur la vie d’Olga.
Lorsque Olga demande à la vieille femme de s’exprimer en russe, celle-ci répond « Quand je pense en russe, plus encore quand je prononce des mots russes à haute voix, je sens l’air se rafraîchir… l’hiver revenir et, avec lui, la Sibérie, la Taïga ;.. Le froid me ferre... »
Jelena Bačić Alimpić, grâce aux éditions Serge Safran, voit son premier roman traduit et publié en France et… Quel livre passionnant que je n’ai pu lâcher avant le point final. Le titre résonne tristement après ma lecture.
« Ma libération est intervenue à la fin de l’année 1953. Personne ne nous avait dit à nous, les prisonniers, que Staline, l’un des plus grands criminels de l’Histoire, était mort… Je me demandais comment il se pouvait qu’un homme jouisse d’un pouvoir tel que nul n’avait osé, de son vivant, s’opposer à lui, ni prévenir les crimes et bains de sang qu’il commettait…. Avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Staline avait liquidé un million d’innocents en seulement trois ans… On l’estime supérieur à vingt millions. »
Rappel vers L’archipel du goulag de Soljenitsyne dont je n’ai lu que le premier tome
Un des très bons livres de ma rentrée littéraire 2019
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