"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le narrateur, écrivain, a trouvé un travail idéal dans un village de Provence : gardien d'un monastère inhabité, niché dans les collines. Il s'y installe avec pour seule compagnie un petit chat nommé Solex. Un soir, en débroussaillant l'ancien cimetière des moines, il déterre une jambe humaine fraîchement inhumée. Mais quand il revient avec les gendarmes, la jambe a disparu... Qui a été tué ? Et par qui ?L'enquête mènera, par des chemins détournés, à des vérités inattendues. Entre-temps, nous aurons traversé les paysages de l'arrière-pays provençal, peints avec sensualité par René Frégni. Sa langue forte et lumineuse communique son émerveillement face à toutes les formes de vie et de plaisir. L'intrigue policière souligne l'âpreté de ces forêts et vallons sauvages et donne tout son rythme au récit, jusqu'au dénouement.
Voilà, c’est ça, je réouvre le livre, ce roman qui me touche profondément, et c’est la page d’exergue qui me donne la clé de mon émotion.
« Les dimanches, surtout en fin d’après-midi, et si vous êtes seul, ouvrent une brèche dans le temps. Il suffit de s’y glisser. » Patrick Modiano
Elle est là cette proximité d’écriture, de mélancolie, de complexité, d’infinitude. Je vénère Modiano et peux relire des dizaines de fois son discours devant le Comité Nobel, hommage unique à la littérature.
Alors, dans ce « Dernier arrêt avant l’automne », René Frégni écrit comme s’il avait avec Modiano, de ces expressions, de ces complicités qu’on trouve parfois dans une enfance commune.
Pourtant, tout est différent et dans ces différences Frégni donne à lire des moments si jolis, si tristes parfois, qui lui sont uniques. Il décrit comme un peintre fait un croquis ou une aquarelle. La musique en plus.
Et puis on se prend à sourire, parfois franchement à rire lorsqu’il dit, d’un mot, d’une courte phrase ces doutes métaphysiques sur lesquels de bien ennuyeux penseurs n’expriment, en gros volumes, finalement rien de plus que lui : « Je ne m’agenouille que pour chercher des champignons en octobre ».
L’histoire, peut-être est-ce un peu la sienne, c’est celle d’un écrivain qui reste devant sa page blanche, sans plus rien pouvoir y écrire. Alors il se fait gardien-jardinier d’un monastère abandonné, au mystérieux propriétaire. Il s’y installe, veillé (ou surveillé ?) par les 2 grandes statues hideuses de moines évêques à la main droite coupée. Cet endroit devient le sien et celui du lecteur : « J’ai passé ma vie à chercher des vallons perdus, semblables à celui-ci, des cabanons écartés pour lire des journées entières dans un silence de feuilles. Je lis quelques pages, je lève les yeux, un nuage glisse dans la lumière…J’écoute cette forêt tout autour, elle respire, palpite, frémit, s’égoutte des pluies de la nuit. Mon pas craque, quelque chose détale, s’envole, une branche délestée fouette le feuillage. Je n’ai jamais été entouré d’une telle qualité de silence ».
Et puis Frégni créé des personnages dont l’histoire se dévoilera petit à petit, gaie puis triste, puis tragique. Ainsi Pascal et Aline, lui libraire passionné, elle sa femme adorée « Aline est toujours aussi jolie, il lui manque chaque matin quatre heures de sommeil ». Ils sont au centre de ce roman, sombre et lumineux. Ce n’est pas une bonne idée de bavarder à leur sujet. L’auteur le fait si bien. Disons seulement qu’à la fin de leur histoire, le narrateur se remet à écrire.
Aussi il raconte avec une verve inouïe son improbable rencontre avec « l’évadé », OK Dinghy, l’indien, un déraciné plein d’histoires de marin et d’exils, qui « devait être quelque part en Inde, dans un coin de son enfance, un temple bouddhiste, ou jeune et libre sur un OK dinghy, dans le golfe du Bengale ou la mer d’Andaman ».
Et enfin, et après ça si vous ne vous précipitez pas pour trouver ce bijou de livre, je serais bien triste, il y a « Solex ». Solex*, comme son nom ne peut l’indiquer qu’à des fous qui ont toujours vécu avec des chats, est une boule de poils blanche, une petite chatte qui l’adopte. Non, ne vous méprenez pas, ce n’est pas l’écrivain qui adopte la chatte, mais l’inverse. Et Frégni sait, et sait dire que les chats parlent et comment. « Un soir, il s’est mis à me parler avec beaucoup de timidité d’abord, puis avec une certaine conviction. Depuis huit jours, il m’étudiait. Sans interrompre ma tâche, je lui ai demandé ce que faisait sa mère. Il m’a répondu en gueulant. Je me suis senti presque responsable de sa situation. Je me suis accroupi pour ramasser mon sécateur, il m’a sauté sur l’épaule. J’ai été plus surpris que lui. »
* Solex : un chat peut ronronner comme un moteur de Vélosolex, ça y est, vous y êtes ?
Bonjour à tous !
«Dernier arrêt avant l’automne» de René Frégni pour le Jour5...
@editions_gallimard 2019
En cette nouvelle matinée de confinement,
Un roman qui se lit comme un conte...
c’est l’histoire d’un écrivain, un peu bohème, qui décide de s’isoler dans un petit village perdu de Provence entre Sisteron (village médiéval perché magnifique vous connaissez?) et Manosque.... Décor mythique qui nous rappelle le film « Le Hussard sur le toit » de Giono, 4 ans après « la Peste » d’A. Camus enfant de Provence également.
La plume de R. Fregni est aussi dense, érudite que celle de ces 2 grands écrivains.
les 50 premières pages servent à décrire les paysages arides, les souvenirs d’enfance et camper l’esprit de notre «héros» lui-même écrivain; son isolement durera 9 mois.... recruté comme gardien d’un étrange domaine en friche... et il s’occupe à corps perdu, sans relâche !
C’est épatant de voir vivre cet esthète dans ce monastère moyenâgeux en compagnie d’un adorable chaton tout blanc et cotonneux.
Il m’a donné envie d’avoir un chat !! Quand il le caresse, nous lecteurs, le sentons ronronner sur notre ventre ou se faufiler entre nos jambes !
Puis attention l’intrigue s’envole ! Les dialogues « façon Pennac » s’enchaînent, on rit beaucoup et on garde le sourire jusqu’à la fin, pourtant un peu plus dramatique...
Extrait :
« - un poème?...
« - « je creuse, tu creuses, il creuse, nous creusons, vous creusez, ils creusent. Ce n’est pas un très beau poème, mais c’est très profond. »
« - (...) Ce soir je vais lire Jacques Prevert.
C’est le seul qui peut nous dire où est passé le cadavre ! »
Bonne lecture à vous!
je vous laisse, j’entame un autre roman, ah, la découverte, le meilleur moment! On se retrouve sur mon Instagram EMMANUELLEM06
Encore sous le charme et l’émotion de la lecture de ce dernier roman de René Frégni… J’y ai retrouvé avec délectation son univers, les parfums de sa Provence, son humanité et sa tendresse immense pour les hommes et les femmes qui l’entourent, la douceur du silence, la chaleur des pierres sous le soleil… Quand un tout tient dans un petit rien, quand la vie se love dans le ronronnement d’un chat, quand l’amour inonde des sourires… Un livre de René ne nous quitte jamais…
Le dernier né de René Frégni.
L’histoire, comme toujours, se passe dans le sud.
Par l’intermédiaire d’un ami libraire, un écrivain un peu en mal d’inspiration, devient provisoirement gardien d’une abbaye abandonnée.
Ambiance bucolique, jusqu’à ce que…………
J’aime bien lire René Frégni.
C’est toujours frais, rafraîchissant.
Mais aussi sensible et poétique.
Il nous donne des envies de nature
Il cultive l’art de prendre son temps, l’art de l’écriture, l’art de la contemplation
Et ses histoires sont toujours sympathiques même quand il y a mort d’homme
Cette lecture m’a reposée, emmenée ailleurs.
Je me suis laissée bercer, sans reprendre mon souffle, par la voix de René Frégni, sans l’avoir jamais écoutée, rien qu’en lisant « Dernier arrêt avant l’automne » paru en mai dernier aux éditions Gallimard.
Le narrateur, écrivain de son métier, décide de compléter ses fins de mois en acceptant la proposition de son ami Pascal, libraire du village avec sa femme, de devenir gardien d’un monastère cistercien, Notre Dame de Ségriès, situé dans l’arrière pays en Haute-Provence. Ce lieu est abandonné de tous, en pleine forêt, sur une colline. En mal d’inspiration pour écrire son nouveau roman, il s’épuise en débroussaillage et élagage de toutes sortes appréciant le silence du lieu et en recommençant à écrire des mots sur ses cahiers d’écoliers. A la faveur d’un matinée identique aux autres, le narrateur déterre un bout de jambe d’homme…qui va bouleverser sa tranquillité et sa liberté.
+ sur mon blog
https://vagabondageautourdesoi.com/2019/07/06/dernier-arret-avant-lautomne-rene-fregni/
Lu d'une traite, ce livre m'a fait un bien fou; je le relirai lentement pour en savourer la poésie.Un écrivain en panne d'inspiration accepte un travail de gardien d'un monastère en ruines; il travaille d'arrache-pied pour rendre le terrain accessible; c'est son ami le libraire Pascal qui lui a trouvé ce travail sans rien savoir du commanditaire. Le gardien vit seul à quelques kilomètres du village; une petite chatonne blanche l'apprivoise et se fait adopter: il l'appelle Solex car son ronronnement lui rappelle le moteur de son adolescence: tout le livre est plein de l'amour de ce chat. Il y a aussi un artisan immigré bien sympathique. Le livre est plein aussi de l'amour de la région (que je partage mais n'ai pas les mots!).
Mais le roman plein d'amour et de poésie se transforme en roman noir quand l'écrivain trouve une jambe d'un cadavre enterré près de tombes séculaires des moines. On tremble de peur avec lui!
A ma première lecture, la fin est tout-à-fait inattendue et permet à l'auteur de montrer ce que peut faire l'amitié.
Il y a peu d'auteurs qui me fassent un tel effet: j'aime l'homme et l'oeuvre!
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