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De l'air volé réunit six essais ou discours sur la poésie, écrits au long d'une période de vingt-cinq ans, prononcés ou publiés jusqu'ici de façon éparse, dans lesquels Pierre Voélin expose une poétique fondée sur la réunion indissociable de l'humilité et de la sévérité. Cette alliance est conçue comme la condition d'une poésie libre, lucide, ouverte à la compassion envers les victimes de toutes les propagandes, en particulier celles des génocides et des persécutions au xxe siècle, et apte à s'opposer aux logiques ayant mené à ces catastrophes, encore à l'oeuvre à l'heure actuelle. Pour Pierre Voélin, la poésie ne saurait se résumer à un jeu, à une production, définitions à quoi elle a été ramenée par le structuralisme, l'Oulipo ou Tel Quel dans les années 1970. Il s'agit au contraire, à une époque médiatique par excellence, où l'âge de la propagande bat son plein, d'envisager une parole apte à briser nos automatismes, capable de nous arrêter, et de faire retour vers le monde rêche.
Se développe ainsi une poétique spécifique parmi les poètes romands et français. Pierre Voélin se situe certes dans une famille, et sa méditation de la finitude rappelle celle d'Yves Bonnefoy.
Mais sa singularité s'inscrit dans l'importance accordée à la honte (qu'il s'agit d'éprouver, et non pas de refouler), et elle est marquée par une exigence et une fidélité, vertus chez lui garantes d'une liberté et d'une joie. La poésie qui est ici célébrée est ainsi liée à un travail intérieur, rendant nécessaire la rencontre de l'autre, mais non pas dans une sociabilité évidente : bien plutôt dans l'expérience commune d'un retour à un irréductible silence. Ayant permis au lecteur de se retrouver lui-même, et de retrouver la fragilité du monde, elle le laisse poursuivre son propre chemin.
Cette expérience de la poésie s'élabore à tâtons, dans un dialogue avec des voix venues d'ailleurs, en particulier celles des poètes russes Ossip Mandelstam et Anna Akhmatova, mais celles aussi d'Emily Dickinson ou d'Umberto Saba. Partant d'une honte nécessaire et salutaire, elle rappelle également la possibilité d'une jubilation.
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