" Aucun tableau ne révèle mieux l'avenir d'un grand peintre que celui de E. Delacroix représentant le Dante et Virgile aux Enfers ", voilà comment Adolphe Thiers salua, en 1822, la première oeuvre qu'Eugène Delacroix présenta au Salon.
Par un sujet inédit inspiré d'un épisode peu connu de la Divine Comédie de Dante, par la conception sombre et profondément dramatique de la toile, par l'exécution, rapide et dense, nourries de références à Michel- Ange ou à Rubens, Delacroix, âgé d'à peine 24 ans, étonna, déconcerta ou suscita l'enthousiasme.
Les termes du débat sur la question du romantisme en peinture, qui allait éclater, en 1824, avec les Massacres de Scio, venaient d'être magistralement posés.
L'ouvrage accompagnant l'exposition, replacera Dante et Virgile aux Enfers, dit aussi la Barque de Dante, aujourd'hui conservé au musée du Louvre, dans son contexte historique, artistique, iconographique. Il s'attachera d'une part à préciser la place de ce coup d'essai au Salon dans la carrière et la production de jeunesse de l'artiste, d'autre part à évaluer dans quelle mesure l'inspiration littéraire a pu permettre un renouvellement de la peinture d'histoire et enfin à expliquer comment ce célèbre tableau a pu constituer un jalon fondamental dans la définition d'un art romantique, en ouvrant à la peinture française un univers poétique nouveau, plus intense et dramatique.
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