Alyosha Deminn est née à Vorenj, ville chantée par Ossip Mandelstam, à quelques centaines de kilomètres de Moscou. Les dérives de plus en plus autoritaires de Poutine lui ont fait prendre conscience de la nécessité de lutter. Membre de l'opposition, elle se bat contre le pouvoir anti-démocratique des dirigeants russes, fauteurs de guerre, sans égards pour leur peuple. Arrêtée à plusieurs reprises en Russie, elle y a été jugée et condamnée à deux reprises, subissant les plus éprouvants sévices et humiliations. En racontant sans rien omettre ses 120 journées en enfer, Alyosha Deminn livre plus qu'un témoignage: le récit terrible de ses combats dans les geôles de Poutine, où l'on séquestre, opprime et torture les opposants et les militants des droits de l'homme. Son récit est une leçon de courage et de résistance, pour que le pluralisme démocratique et l'humanisme ne cèdent plus à la tyrannie.
Cher Navalny, mais pourquoi êtes-vous retourné en Russie, vous jeter dans la gueule du loup ?
Un article de « Livres Hebdo » indiquait ce livre, disant qu’il faisait partie des trois livres explicitant le cas Navalny. Au fur et mesure de la lecture j’ai mesuré toute l’ampleur des dégâts, à savoir toute l’INHUMANITE, toute l’ATROCITE que vivent la plupart des détenus russes. Donc, même si ce livre ne parle qu’à deux-trois reprises de Navalny, le témoignage de ce vécu en détention est une réelle copie de ce que Navalny a lui aussi enduré, voire nous expliquer sa déchéance puis sa mort. Je précise que le livre a été édité en février 2023, date à laquelle l’autrice ne connaissait pas encore le tragique décès de Navalny.
Alyosha Deminn est devenue une opposante du régime de Poutine en 2011, lors de la dite révolution des neiges, celle qui a dénoncée la farce des élections législatives. Son père avait lui aussi été emprisonnée. Son grand-oncle l’avait été 16 fois entre 1976 et 1984 (sous la dictature de Brejnev). Elle considère qu’elle fait partie de ceux qu’elle présente comme étant « ces russes ordinaires épris de justice et de liberté ».
Elle est arrêtée lors d’une manifestation et passera en jugement le 17 mars 2021. Elle explique comment se passe la préparation du procès, une lenteur due aux multiples recherches que font les autorités et qui ont pour but d’inventer des chefs d’accusations supplémentaires et ainsi se donner le droit de vous condamner pour des faits que vous n’avez même pas commis.
Elle se retrouve dans un Zagon, sorte d’enclos à bestiaux au Sud de la Sibérie Centrale. Et à partir de là, le récit a été pour ma part difficile à supporter.
Au travers de son histoire personnelle, Alyosha Deminn nous présente les dates et périodes clés de l’histoire contemporaine russe. 1999, année charnière de l’histoire de la Fédération de Russie. 2020 ce fameux tournant où Poutine entre en guerre contre les « agents de l’étranger, membres de la cinquième colonne, traitres à la patrie espion de la CIA » et je clôture avec son annonce de 2022, ‘’contre les nazis’’.
Revenons juste un instant sur Navalny.
Le 23 novembre 2021 Alexeï Navalny, avocat de profession, est arrêté à son retour au pays, après avoir été hospitalisé en Allemagne, très probablement empoisonné en raison de sa dissidence. De nombreuses manifestations dans toute la Russie s’en sont suivies mais n’ont plus rien changé au sort réservé à Navalny. Il sera emprisonné dans une des plus terribles prisons, dans la colonie pénitentiaire numéro 3 de Kharp, dans l’Arctique Sud, avant d’y mourrir le 16 février 2024, à l’âge de 47 ans.
Citations :
« La plupart des monstres se considèrent les derniers des saints. Ils pensent mal, agissent mal, mais clament le faire au nom du bien. Une hérésie. »
« Mon inconscient m’obligeait régulièrement à me réveiller pour vérifier ; vérifier que j’étais toujours en vie, que j’étais bien seule, vérifier que personne n’arrivait, que ma situation n’avait pas empiré. Ma plus grande crainte était de recevoir de l’urine sur mes plaies. Je craignais par-dessus tout l’infection »
« En ce qui concerne le sort de l’opposant (je précise qu’elle parle de Navalny), je découvris sans surprise que les dirigeants des deux plus grandes puissances européennes s’étaient contentées d’ ‘’ attirer l’attention du président Poutine sur la situation et sur la nécessité que ses droits soient respectés, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme, et que la santé soit préservée ‘’. Une déclaration qui comme toujours, n’avait servi à rien et ne servirait pas davantage dans l’avenir. »
« Martin Luther King a dit que ‘’celui qui accepte passivement le mal est tout aussi responsable que celui qui le commet. Celui qui voit le mal et ne proteste pas, celui-là aide à faire le mal. »
Un témoignage sur les conditions horribles d'incarcération mais aussi sur le déroulé d'un jugement qui n'a rien de légal...Tout cela pour avoir participé de manière pacifique à une manifestation contre le régime de POUTINE...Que faire contre un régime de dictature qui gouverne par la violence ?
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oui Dominique, je ne pouvais manquer de l'ajouter dans mon billet
Quelle belle - et juste - citation de Martin Luther king !