Féru d'histoire et de navigation, le journaliste et écrivain Laurent Joffrin (directeur de la rédaction de Libération) est parti en mer dans le sillage de la flotte du fervent catholique Philippe II, déterminé à conquérir l'Angleterre protestante à la fin du XVIe siècle.
Sur son voilier, il a parcouru les milles chargés d'histoire, de Gravelines au nord de l'Écosse, puis il est redescendu par la côte ouest pour mieux raconter cette bataille navale à la première personne. Au fur et à mesure de son périple, il fait revivre tous les protagonistes de ce terrible combat, donnant tout autant corps aux hommes intrépides de la Marine espagnole qu'aux stratèges anglais préparant leur défense. Affrontant vents et marées, amarrant de port en port, l'auteur décrit avec réalisme les conditions météorologiques douloureuses vécues par les Espagnols, et détruisirent une partie de leur flotte, acculée loin des côtes par l'adversaire.
Un récit captivant, alternant entre passé et présent, pour mieux cerner le déroulement des faits tout autant que la passion de l'auteur pour la navigation.
Agréablement cueillie par ce récit érudit, addictif, vivant et sympathique qui lie un livre de mer à un livre d’histoire.
Laurent Joffrin invite le lecteur à bord de Pleg Mor, son voilier, un sloop de 11 mètres au pont couvert de lattes en teck… dans le sillage de l’Invincible Armada, conduite par Medina Sidonia et mise à rude épreuve par les Anglais, parmi lesquels le redoutable Drake, Sir Francis Drake, le pirate de la reine.
On oscille entre 1588, les tempêtes, les attaques anglaises et la marine désuète de l’époque qui furent un véritable cauchemar pour cette flotte espagnole mise à mal et 2015, sur la même route, une croisière de plaisancier confortable qui donne envie.
La passion pour l’Histoire fait que Laurent Joffrin nous fait vivre les batailles et les débâcles comme si on y était et sa passion pour la voile, nous fait vivre une superbe promenade de la Manche à l’Écosse et l’Irlande.
On apprend de façon compréhensible et légère, l’histoire des phares, des vents, des nuages, de la météorologie, des courants, des marinas, des bancs de sable, de la signalétique maritime, des termes de la marine, des ateliers de réparations, mais aussi de tout l’appareillage d’un voilier, ses cartes et radios, voire même des manœuvres d’un skipper.
« Toujours regarder la carte, nom de Dieu ! »
C’est un livre captivant, iodé, bon vivant, écrit simplement mais avec l’entrain de la passion. J’ai adoré.
« La dysenterie et le typhus se sont répandus sur les galions. (…) Sur cent trente navires, l’Armada n’en recense plus que soixante. Quelque quinze mille soldats et marins espagnols ont disparu dans cette odyssée. (…) premier rapport officiel écrit sur le sol espagnol après quelque huit mille kilomètres de route. — Je suis incapable de décrire à votre Majesté les infortunes et les malheurs qui nous ont accablés, parce qu’ils sont les pires que personne n’ait rencontrés durant aucun voyage ; et certains des navires que nous ramenons dans ce port ont passé les quatorze derniers jours sans une goutte d’eau. »
Ce n’est pas tant les Anglais qui ont quasi détruit l’Armada mais les vents. Avec une écriture simple, Laurent Joffrin m’a fait vivre ces tempêtes, le craquement des bois, les démâtages, les voiles déchirées, l’écume, les bateaux trainés dans des courants incontrôlables, l’affolement des hommes au vu des récifs, les cris, les manœuvres, les abordages, les fuites, les roches noires, la nuit… Je m’accrochais aux pages… Heureusement qu’à chaque étape, on quittait 1588 pour retrouver 2015 sur ce cher Pleg Mor confortable et sécurisant comme un brave animal de compagnie et ses arrêts sympathiques le long des côtes…
« Telle était la mission de Pleg Mor : faire comprendre, au ras des vagues, en explorant les baies et les détroits, en affrontant le vent et les courants, en pénétrant les ports et les canaux, en suivant les étapes de l’Armada, en visitant les batailles de Drake et de Medina Sidonia, comment la mer détermine le sort de la terre, comme le vent fait les empires, comment souvent sur l’eau se joue le destin de la terre. Passant la pointe de Cornouailles, je mets le cap sur Le Havre, chargé des souvenirs de Drake, Philippe II, d’Elizabeth et de l’infortuné Medina Sidonia. Arrivé à l’embouchure de la Seine, Pleg Mor entreprend un nouveau voyage, plus paisible, le long des fleuves impassibles et des canaux sinueux qui traversent la France. »
Un travail d’historien remarquable rendu généreusement aux lecteurs par un marin passionné. Un récit de voyage très réussi. Une écriture vraiment agréable. Un excellent moment de lecture !
https://leblogdemimipinson.blogspot.com/2018/10/dans-le-sillage-de-linvincible-armada.html
Un livre de journaliste qui n’a rien à voir avec l’actualité !
On connait journaliste engagé de Libération, on connait moins bien le plaisancier expérimenté, le marin passionné.
Dans ce cours récit, Laurent Joffrin s’attache à faire revivre, en marin des temps moderne, l’épopée de l’Invincible Armada qui en 1588, fût lancée vers le nord pour défier la puissante Angleterre dirigée à l’époque par la protestante Elizabeth I.
Bien évidemment l’épopée espagnole fut un fiasco, non pas en raison de combats directs, mais plutôt à la faveur des éléments climatiques et surtout d’une géographie que ne connaissait pas beaucoup les espagnols.
C’est en accomplissant le trajet initial de la déroute espagnole que le journaliste redonne nit aux protagonistes de l’époque, en se remettant au niveau des connaissances scientifiques et géographiques d’alors pour d’une part nous permettre de mieux comprendre, et d’autre part montrer les apports déterminants de la science dans le domaine de la navigation maritime.
Entre passé et présent, Laurent Joffrin nous donne à la fois une leçon d’histoire et une grande bouffée d’iode durant son grand tour de l’Angleterre.
C’est sans prétention, bien écrit, pédagogique et divertissant. Voilà un livre bienvenu qui dénote et qui change des traditionnel romans de la rentrée ( dont je commence un peu à me lasser…).
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