Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Ecrivain en quête de mots pour dire le plaisir du toucher, Alexis Jenni est allé chercher des images du côté de la peinture. Dans les tableaux qui le troublent, chez les peintres qui parlent à son corps et à son désir. Il raconte ces détails qui attirent irrésistiblement sa main : les fesses de Maria Boursin chez Bonnard, les étoffes sensuelles de Poussin, les chairs tendres de Fragonard, le blanc crémeux que Picasso pose sur la joue de Jacqueline, le mouvement fébrile des corps enlacés chez Bacon... Enchevêtrant lettres d'amour à sa bien-aimée et plongées intimes dans la vie de ces artistes devenus amis, il cherche à cerner au plus près cette beauté qu'il regarde, sent, écoute, touche et goûte.
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Plus que quelques jours avant les premières chroniques de nos #explolecteurs, venez découvrir les avis de la page 100 !
Une déclaration d'amour à travers la peinture, ou comment trouver les mots pour traduire les émotions que fait naitre le corps de la femme aimée.
Alexis Jenni s’est livré à une tâche délicate en écrivant Dans l’attente de toi : parler d’amour en s’appuyant sur quelques tableaux, les détaillant avec précision pour révéler à son lecteur des particularités pas toujours évidentes.
Pour l’auteur, « Les livres naissent de ce que l’on ne sait pas dire. » Quant à l’amour charnel : « On sait ce qu’on a vécu intensément, et pleinement, mais ce qui a eu lieu n’est pas de la nature du langage. » Pour le toucher, les mots manquent mais il y parvient bien en se servant des tableaux comme d’un miroir.
Pierre Bonnard est à l’honneur avec cinq tableaux décortiqués. « Le cabinet de toilette au canapé rose » fait craquer l’auteur pour les fesses de Maria Boursin qui sont, d’après lui, les plus belles de toute l’histoire de la peinture : « des fesses lumineuses et denses qui sont offertes au regard dans un chatoiement de soieries. »
Pour chaque tableau, Alexis Jenni (L'art français de la guerre, La nuit de Walehammes, Les mémoires dangereuses avec Benjamin Stora) rappelle certains détails oubliés ou peu connus de la vie de l’artiste mais il ne faut pas oublier que tout ce qu’il écrit vise à dire tout son amour pour celle qui partage sa vie : « Je pose ma main sur ton ventre et j’en sens la courbe. » Il voit, il touche, il effleure, il aime.
Il nous emmène aussi dans les tableaux de Francis Bacon et nous fait partager sa complicité avec son ami George Dyer, fixée sur la pellicule par John Deakin dans l’Orient-Express ou dans l’atelier du peintre.
Quelques tableaux de Georges de la Tour, du Titien, de Rembrandt, de Fragonard, de Picasso, de Nicolas Poussin et d’Auguste Rodin (aquarelle) sont détaillés au fil du livre avec une autre photographe : Gertrude Käsebier, qui a pris le célèbre sculpteur dans son atelier : « Quel besoin a-t-on de voir, si on peut tout savoir par le bout des doigts ? »
Vers la fin du livre, Alexis Jenni dit tout son amour pour la peau de celle qu’il désire : « Tu as un contact de fruit, un fruit lisse et gonflé à craquer, comme une cerise sous la langue ; mais la cerise est trop petite pour faire image… Ma main sur ta peau me donne le sentiment d’un kaki mûr, dont la couleur de peau paressant au soleil est aussi douce que le goût. » Difficile de rendre un plus bel hommage. Magnifique !
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J'aime ta peau".
Une phrase qui exprime en peu de mots l'amour charnel.
Pour Alexis Jenni, ces mots ne suffisent pas à traduire l'émerveillement des sens.
Démuni par la pauvreté des mots à exprimer la beauté du corps et de la peau de la femme qu'il aime et au plaisir qu'il a de la regarder, l'auteur va remplacer ce vide par le plein de silence des tableaux des plus grands maîtres.
Un silence puissant qui réveille les émotions les plus enfouies et fait vaciller. Car l'essentiel n'est pas montré de manière directe, le tout est suggéré par les couleurs et les figures.
Alexis Jenni nous invite donc dans une muséographie intime et sensorielle où voir et toucher s'imbriquent et forment une union tactile très sensuelle.
Le regard se pose sur des représentations métaphoriques de la peau dans tous ses états : une chair vivante " le boeuf écorché " de Rembrandt , des touches de couleurs du "cabinet de toilette au canapé rose" de Pierre Bonnard, des mouvements légers et audacieux comme l'escarpolette de Fragonnard ou tissu drapé à la texture douce et enveloppante d'un tableau de Poussin.
La sensation du toucher est là, la peau invisible est révélée à l'intérieur d'un blanc, la malaxation d'une pâte ou les contours d'une forme.
La main ingénieuse du peintre et du sculpteur sont les doigts qui effleurent et caressent : "Reproduire la chair non comme elle se voit mais comme elle se touche, fluide et souple".
A travers de nombreuses illustrations de peintures qui lui rappellent des moments partagés à deux, Alexis Jenni offre un hommage particulier à la beauté d'une femme.
Voici mon avis de la page 100 :
Le livre est très captivant, surtout grâce au sujet assez inhabituel. On entre dans une perception très intime et poétique, qui me permet de rêver et d'essayer de comprendre et de ressentir ce que dit le narrateur. Il met la synesthésie au service de la quête de sens, ce qui est à mon sens à la fois original et parfaitement génial. Dommage que ce soit un peu répétitif sur les bords.
Voici ma chronique :
J'ai apprécie ce livre plus dans l'écriture que dans l'histoire même qui nous est racontée. Le principe du livre repose sur la synesthésie et plus particulièrement entre la vue et le toucher. Ce dernier devient le sens principal et aide à comprendre le monde mieux que la vue elle-même. J'ai été agréablement surprise par cela, car c'est tout à fait original. De fait, pour illustrer ses propos, l'auteur utilise la peinture de manière constante. C'est peut-être là le point négatif, la répétition perpétuelle de ce qu'il essaye de nous dire.
Comme je l'ai dit, le toucher devient le sens principal. Nous sommes donc confrontés à des tableaux non pas à voir mais à toucher. Il utilise la déformation des traits et des corps pour montrer que la vue n'est pas la plus importante. Il faut « utiliser une autre voie que celle de la reconnaissance visuelle. » Si l'auteur décrit ce qu'il voit, ce qu'il ressent dans les peintures, on pourrait faire le processus inverse : peindre le tableau de son livre à partir de ce qu'il dit et ressent. C'est dans ce livre que l'on voit parfaitement que la littérature est un art. L'utilisation de la peinture fait que l'auteur se transforme peu à peu en poète. Non pas dans la forme mais dans l'écriture. Elle est majestueuse, poétique, toute faite de comparaisons, de métaphores, de métonymies. C'est une des rares écritures qui a su me toucher. C'est de plus une écriture très intime où les mots servent à décrire son amour pour la femme qu'il aime, pour essayer de nous faire comprendre – surtout à elle – quel est le plaisir et la beauté qu'il ressent quand il la touche. Une lettre où il s'adresse principalement à la femme aimée, en nous laissant presque toujours de côté.
Outre tous ces aspects originaux du livre, celui-ci nous force à nous poser des questions. Tout d'abord celle de la question du genre. Le livre appartient-il, comme on voudrait tout le temps nous le faire croire, à une catégorie bien précise ? Ici, je ne sais pas, j'hésite entre l'essai, le roman, la lettre, la poésie, le catalogue … C'est comme si j'avais traversé un musée dont l'auteur est le guide. Une série de tableaux qu'il interprète à sa manière, qu'il nous montre sous des angles et des aspects inattendus.
Mais la question qui se pose le plus à mon sens – et je terminerai par là –, c'est celle de la quête du sens, du mot exact. Depuis le début et jusqu'à la fin, l'auteur nous a prévenu qu'il essayerait de décrire un sentiment qui l'envahit, un sentiment sur lequel il n'arrive pas à poser de mots ni d'explications. Une sorte de suite de périphrases pour expliquer comme il peut ce qu'il ressent. La langue n'est pas assez fournie pour décrire les sensations. Le mot est-il impuissant ? En est-ce ici la démonstration ? Le sentiment dépasse ici le mot. On comprend ce qu'il nous explique, sans pour autant réussir à le dire. C'est une belle preuve de la complexité des hommes, qui dépasse celle des mots.
Les plus : L'originalité de la synesthésie – L'écriture géniale
Les moins : La répétition
Ce qu'il faudrait améliorer : /
Avis de la page 100:
Alexis Jenni n’arrive pas à expliquer précisément le sens du toucher à sa bien-aimée. Pour se faire, il met en parallèle sa passion de la peinture, afin de pouvoir mieux définir son ressenti. A la page 100, il a présenté plusieurs tableaux…qu’il décrit à sa manière.
J’ai peur que ce procédé soit un peu rébarbatif à la longue.
Avis final:
Pour déclarer sa flamme à sa bien-aimée, Alexis Jenni utilise ses cinq sens. Il sait très bien définir son ressenti par la vue, l’ouïe, l’odorat et le goût mais le toucher lui pose problème. Il n’arrive pas à le préciser avec des mots. Il décide donc de mettre en parallèle sa passion pour la peinture, afin d’exprimer ce sentiment.
Chaque chapitre est consacré à un tableau. Il décrit ce qu’il voit, ce qu’il imagine et s’arrête sur certains détails importants pour lui. Les œuvres s’égrainent ainsi au fil des pages. Cela permet à l’auteur de nous présenter ses artistes préférés et ceux qui le touchent le plus. On en profite aussi pour apprendre des informations sur cet art et s’intéresser un peu plus au sujet. C’est donc un livre qui pourrait être instructif.
Malheureusement je n’ai pas du tout accroché à cet ouvrage. Pour moi, cela n’a été qu’une succession de divagations intérieures, sans queues ni têtes. L’auteur utilise sa plume lyrique pour nous montrer son amour de la peinture, mais toutes ses réflexions m’ont semblé trop personnelles comme si le lecteur n’était pas invité. Je suis resté à la porte sans jamais entrer et je me suis donc ennuyé copieusement devant cet enchaînement d’analyses dénuées de sens.
Dans ce texte plus proche de l’essai que du roman, je n’ai pas compris le lien entre sa définition du toucher amoureux et ses contemplations de toiles de maîtres et seule la qualité de la prose m’a plu dans ses moments les plus réalistes.
Je n’avais déjà pas adhéré à son livre « L’art français de la guerre », qui avait pourtant remporté le Prix Goncourt. Je pense donc que la relation entre l’œuvre d’Alexis Jenni et moi est vouée à l’échec et que définitivement, je ne suis pas réceptif à son écriture…sans rancune !
Dans" l’attente de l’autre", Alexis Jenni réunit des sujets qui lui sont chers comme la sensualité et la peinture. Les deux se répondent dans un jeu de miroirs.
Ce roman commence par un hymne à l’amour. Il se complexifie ensuite et se perd dans un dédale mental alimenté par la recherche de connexions entre l’art et le toucher, le sens préféré de l'auteur.
La multiplication des télescopages entre les images et les idées fait perdre le lien entre les différents récits.
Une prose moins bavarde pourrait-elle aider le lecteur à capter son attention et retrouver le chemin de ce voyage littéraire ?
Chronique:
Lettre à une femme aimée est un titre exact pour le livre d’Alexis Jenni ; l’auteur s’adresse à sa bien-aimée dans une longue déclaration d’amour. Comme grands témoins , il invite une pléiade de peintres de Bonnard, Bacon et Georges de La Tour à Rembrandt, Fragonard sans oublier Picasso, Caravage et Poussin. Chacune des illustrations choisies est le prétexte à une digression sur la primauté du toucher sur les autres sens et à la beauté de sa partenaire.
Particulièrement prolixe, l’auteur décline la tactilité sous toutes ses formes, sa beauté, sa mémoire appliquée aux trésors d’une peau familière.
Au final, la peau est le principal voire l’unique sujet. La peau aimée d’une femme même nouvelle merveille du monde mérite-elle un livre ? .
L’écriture est certes soignée mais souvent très abstraite. Point de frisson même dans la référence à Salammbô; Salammbô reste un modèle de sensualité dans la plume de Flaubert; le sujet du livre est la sensualité de la peau de la muse d'alexis Jenni. Je m'attendais à un parallèle entre ces deux modèles. Mais au lieu de s'appuyer sur Salammbô dans ce qu'elle a de plus sublime, voilà que l'auteur s'appesantit sur les trésors qui brillent d'or sur trois pages avec une seule phrase sur le trésor de la peau. D'où une vraie désillusion car si l'on peut partager la phrase de conclusion du chapitre, elle est noyée par toutes les autres sur le métal.
Il est difficile de partager l’émotion d’Alexis Jenni au contact de sa muse ; si le caméléon peut voir la peau comme un pays aux mille merveilles, tout lecteur n’a pas les yeux d’un lézard et ne cultive pas l’art de la tautologie. Ici la beauté de la peau est plus qu'un leitmotiv jusqu'à la saturation: trop de répétition tue la répétition.
Ce livre est une déception de par le décalage entre l'inspiration initiale et sa traduction. Le souffle des bonnes idées phares d'un chant d'amour et du prisme de tableaux célèbres se perd dans un phrasé emberlificoté. Au final subsiste une certaine frustration!
Les explorateurs de la rentrée 2016. Point d’étape de la page…100
Parce qu’il n’arrive pas à trouver les mots pour écrire son amour à la femme qui partage sa vie, son émotion à la toucher, le narrateur du livre d’Alexis Jenni s’aide de la peinture. A travers les tableaux qu’il contemple, il raconte ses sentiments, ses bouleversements, ses attentes.
Roman, essai, catalogue d’exposition ? Je ne sais que répondre à ce moment de ma lecture. Mais écriture majestueuse, ça, c’est sûr !
CHRONIQUE FINALE
Un mot – ou plutôt un sigle – me vient à l’esprit pour qualifier le dernier livre d’Alexis Jenni : OLNI, Ouvrage Littéraire Non Identifié.
De prime abord, il s’agit, d’une lettre, une lettre dans laquelle le narrateur s’adresse à la femme qu’il aime. Mais il se plaint de ne pas trouver les mots pour lui dire son amour, son plaisir de la toucher, de sentir sa peau sous ses doigts, d’effleurer ses courbes. Il fait alors appel à la peinture. Chaque tableau contemplé, chaque détail disséqué, chaque rai de lumière diffracté l’entrainent vers le corps de sa belle.
Et on se retrouve ainsi devant des toiles contemplées, décortiquées, analysées à l’extrême. On a l’impression de feuilleter le catalogue d’une exposition, d’une rétrospective des meilleures toiles jamais produites. L’auteur s’y entend pour noter le moindre fragment de peinture, le moindre élément d’un costume, le plus petit accessoire rajouté, une couleur plus travaillée, un sourire particulièrement marqué, une dentelle, un drapé. Tout cela le ramène à ses propres émotions, ravive ses sens et surtout le toucher. Les mots et les images se mêlent, l’intime est dévoilé, la petite musique des sentiments résonne, tout se mélange : introspection, images, toucher, les mains, la peau, l’amour, toujours l’amour. Et j’en reviens à ma question première. Quel mot désignerait l’ouvrage de la meilleure façon ? Introspection ?
Une seule chose est sûre. L’auteur écrit majestueusement. Tout est parfait dans la composition du texte, les phrases sont une dentelle travaillée avec une minutie qui confine à la perfection. Il possède même ce don d’inventer des mots à la fois drôles, poétiques et agréables à l’oreille. Parlant, notamment, d’un groupe de malentendants, dans une rame de métro, il écrit : "Ils étaient autour de nous, ils s’interpellaient en agitant les mains, c’était étrange car ils ne produisaient aucun son mais l’espace en était tout "embruyanti", totalement "vacarmé", sans que nos oreilles n’en distinguent rien." C’est étrange mais sublime ! Preuve s’il en est que cet ouvrage se lit pour la beauté.
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