"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Victime d'un harceleur qui ne lui laisse aucun répit, et dont elle ne connaît pas l'identité, la narratrice, écrivaine célèbre, en perd peu à peu le sommeil et, désorientée, alors qu'elle traverse la rue, se fait renverser par une voiture.
Après un long séjour en soins intensifs, de retour chez elle, elle décide de couper les ponts avec son entourage, d'arrêter sa carrière et de quitter Paris pour se réfugier dans sa maison du « Vieux Pressoir », perdue dans la campagne, au milieu du Pays d'Auge.
Cela fait maintenant cinq ans qu'elle vit là, recluse, parfaitement solitaire, en dehors de son chien, Paul, qui l'accompagne partout, et qu'elle n'a plus écrit une ligne.
La narratrice est une autrice qui a cessé d’écrire et décidé de disparaître. Elle vit désormais dans la maison qu’elle avait achetée des années auparavant, dans un petit village normand en pays d’Auge. Elle se terre loin du monde auquel elle appartenait pourtant avec un certain bonheur. Son changement de vie fait suite à une hospitalisation qui a failli lui être fatale. Elle vit avec Paul, ce chien fidèle qui l’accompagne partout où elle va, y compris ce matin là lorsqu’elle trouve une Clio bleue bizarrement garée au bord de la route, personne à bord, clé bien visibles.
Une impulsion et elle rentre dans le véhicule, le fouille, y trouve un bracelet qu’elle emporte discrètement chez elle. Puis elle part déclarer cette étrange rencontre à la police locale. Ensuite, elle écoute dans le village ce qu’il peut bien se dire de cet incident. En parle-t-on sur les réseaux sociaux ? Sait-on à qui appartient cette voiture ? A-t-on retrouvé la femme disparue qui semble y être liée ?
A mesure de l’intrigue, on comprend peu à peu que cette femme à quasiment perdu la mémoire à la suite d’un fort traumatisme liée au harcèlement dont elle a été victime cinq ans plus tôt. Et les bribes lui reviennent, la douleur, la souffrance, la seule issue qu’elle trouve dans la fuite. Surtout au moment où le harceleur en question semble être de retour. Son seul salut est dans un désir d’écrire à nouveau, comme une catharsis qui pourrait l’aider à panser ses plaies et à raviver sa mémoire. Car elle le sait depuis toujours, l’imaginaire est bien pire que le réel. Le lecteur quant à lui se demande que viennent faire cette voiture, cette rencontre dans son histoire, dans sa recherche des souvenirs disparus. Et la question se pose de savoir si par des mots posés sur le papier elle pourrait enfin traverser le gouffre qui s’ouvre devant elle avec le retour de son harceleur.
L’autrice aborde ici le traumatisme liée au harcèlement quel qu’il soit.
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lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/10/21/danger-en-rive-nathalie-rheims/
Etrange et déroutant roman de cette rentrée mais passionnant en tout cas dans une oeuvre à mi-chemin entre autobiographie, polar et roman. Difficile à en rendre l'originalité sans trahir le contenu ; néanmoins ce récit est celui d'un témoignage sur les ravages du harcélement d'un lecteur sur la narratrice du roman. C'est sous la forme d'un puzzle que le lecteur va partager la solitude choisie d'une auteure au coeur du pays d'Auge dont on devine qu'à l'origine de son exil volontaire, il y a la douleur de la perte d'un amour profond, d'une volonté de se reconstruire loin de tout ce qui fut sa vie d'avant ; une auteure reconnue plongée dans les trépidations de la vie parisienne.
Le village d'adoption de la narratrice offre le décor d'un lieu sans rien d'extraordinaire, d'une certaine banalité où tout un petit monde se connaît et se fréquente essentiellement dans le lieu habituel de toute convivialité ; un café. La narratrice, vit ici une retraite totale sans aucune activité créatrice particulière.... le goût de ne voir personne, de longues promenades avec le seul compagnon toléré ; un chien. C'est néanmoins lors d'une de ses promenades que les choses changent.... une voiture abandonnée avec comme seul élément de preuve de la présence de son propriétaire ; un bracelet qu'elle va garder au lieu de signaler et ce véhicule et le bracelet.... et là tout change avec le retour dans son quotidien, dans ses nuits et ses pensées d'une épreuve du passé qu'elle fuit. Ajoutez à cela un fait divers avec la disparition d'une infirmière et l'histoire rebondit alors entre la curiosité des gendarmes locaux, d'un détective et d'un journaliste autour de la narratrice....
Harcélement, dangers des réseaux sociaux, volonté de se perdre, de se couper de tout son passé, la volonté d'oublier celui qui l'a persécuté qui semble avoir retrouver la narratrice. Les liens se renouent, l'angoisse monte, le questionnement du lecteur sur la fragilité supposée de la narratrice.... Quelles sont finalement les motivations de la narratrice ? Est-elle si fragile que celà ? de quel côté se trouve le personnage le plus machiavélqiue ? Les repères se brouillent, le lecteur se perd et je retrouve ici toute la qualité de la plume de Nathalie Rheims.
Voilà encore un livre de cette nouvelle rentrée littéraire. Malgré qu’il s’agisse du 22ème roman de Nathalie Rheims, c’était une totale découverte de sa plume pour ma part. Alors que j’aurais pu enchaîner ma lecture à la rédaction de cette chronique, j’ai préféré dormir dessus car ce roman m’a particulièrement troublée.
Quand je dis cela, ce n’est pas forcément mauvais signe. Par contre, cela veut dire que cela occasionne pour moi un énorme travail intellectuel afin d’en écrire parfaitement mon ressenti. Certes, je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié ma lecture. Mais la façon dont le livre conte l’histoire et en fait son sujet principal, je ne suis pas certaine d’en avoir saisi toutes les subtilités que l’auteure a sûrement voulu transmettre.
Sans qu’elle ne soit explicitement nommée, la narratrice du livre pourrait s’identifier à l’auteure elle-même. Cette narratrice a, cinq ans auparavant, décidé de quitter Paris, ses amis, son métier d’écrivaine, tout ce qui l’entourait jusqu’alors pour rejoindre sa maison de campagne et s’y retirer. A l’origine de ce changement de vie, un traumatisme. Ce dernier ne sera expliqué que par des menus détails au fil des pages mais il fût à ce point important, que la narratrice en perdit la mémoire.
C’est alors que fiction et réalité vont s’entre-mêler intimement. L’imagination de la narratrice est telle que le lecteur ne sait plus dans quel dimension il en vient à se retrouver. Imaginaire et réalité ne font plus qu’un. Et c’est dans cet aspect que j’ai l’impression de parfois m’être un peu égarée.
J’ai apprécié la vision de l’auteure quant à sa manière d’aborder le côté néfaste que peuvent avoir les réseaux sociaux où certains s’y livrent dans les moindres détails, dans la façon de présenter la presse avide de faits divers et qui peut, parfois, tomber des dérives du voyeurisme. Le thème du harcèlement moral est l’un des nombreux sujets traités dans ce livre.
L’inconvénient lorsqu’un bouquin ne compte que si peu de pages (180 au total), c’est que le lecteur peut avoir l’impression que certains éléments ne sont pas assez ciselés ou construits, que l’auteure n’a fait que les survoler, sans entrer plus dans les détails. Pour ma part, je n’ai pas trouvé cela dérangeant mais je peux comprendre que cela freinerait certains lecteurs.
Une petite mention spéciale au « personnage » de Paul, qui pour une amoureuse des animaux comme moi ait fortement apprécié cette relation privilégiée entre sa maîtresse et lui et dont je peux très bien la comprendre.
Il s’agissait d’une lecture commune avec ma copine du blog Ju lit les Mots qui partage entre autres avec moi l’aventure de 20 minutes Livres. Voici d’ailleurs le lien de notre fiche de lecture commune : https://www.20minutes.fr/arts-stars/livres/3113299-20210906-danger-rive-nathalie-rheims-coupe-ponts-brouille-pistes
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