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C'est en 1911, à l'occasion d'un article d'André Suarès sur Ingres, que Georges Rouault lui écrivit sa première lettre. L'écrivain, d 'un abord pourtant difficile, accueillit affectueusement le peintre alors inconnu et c'est de ce jour que date une amitié qui devait durer plus de trente ans. Rouault confie avec abandon à son nouvel ami ses recherches ardentes. Avec une compréhension vive et fraternelle, Suarès sait apaiser Rouault, alors que lui-même connaît, entre autres tourments, les souffrances de l'artiste méconnu. Si leurs propos sont souvent relatifs à l'art et à la littérature, les allusions à la vie quotidienne trouvent dans cette Correspondance une large place : recherches d'appartement, maladies des enfants, voyages, conseils pratiques (d'artistes fort peu pratiques). On y découvre mieux que dans une biographie le caractère de chacun : sensibilité ombrageuse de Suarès, véhémence et anxiété de Rouault avec parfois un côté malicieux qui révèle sa gaieté profonde. Rouault vénérait son maître Gustave Moreau. Il admirait en lui l'homme et l'«animateur». Lui-même, on le sait, n'eut jamais d'élèves, mais, chose qu'il ne prévoyait guère, ses remarques sur son évolution, l'École, les Maîtres, la Nature peuvent devenir de précieuses «indications» pour de jeunes peintres. Ce volume contient deux cent soixante lettres échangées entre 1911 et 1948.
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