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La correspondance entre André Breton et Benjamin Péret (1920-1959), soit 195 lettres et cartes postales, revêt une importance majeure pour la connaissance du surréalisme, parce qu'elle constitue un exemple rare, sinon unique, d'une collaboration étroite dans ce qui fut une grande aventure intellectuelle collective et d'une amitié de toute une vie entre deux poètes. Elle montre, loin des clichés, la véritable nature de cette amitié reposant sur des affinités électives mais aussi sur des inclinaisons et des goûts sensiblement différents mais complémentaires. Elle offre une vision nouvelle, saisie de l'intérieur, des moments clés, des crises et de l'action du mouvement surréaliste, permettant d'en saisir les nuances et les inflexions, et par là, de réexaminer nombre de ses déclarations et prises de positions officielles.
Si l'amitié indéfectible entre André Breton et Benjamin Péret ne surgit pas d'emblée, celle-ci ne cesse, au cours des années, de s'affermir et de s'approfondir. Elle repose autant sur une admiration réciproque que sur un accord intellectuel profond qui leur permet de surmonter les crises traversées par le surréalisme comme les drames intimes qui touchent les deux correspondants.
Cette correspondance se décompose en trois périodes principales. Tout d'abord, celle de l'entredeux- guerres (1920-1939), la moins abondante, correspondant à l'apogée du mouvement qui coïncide, dans les années trente, avec son internalisation.
La deuxième correspond à la seconde guerre mondiale et à l'exil aux États-Unis et au Mexique (1941-1947). Elle est de loin la plus fournie, la plus dense et la plus passionnante.
La dernière, de l'après-guerre à la mort de Péret (1948-1959) apporte un aperçu inédit sur la reconstitution du groupe surréaliste parisien. C'est une vue de l'intérieur de son activité à laquelle participe une nouvelle génération.
Ces quarante ans d'échanges témoignent de toute une vie à la hauteur de l'idée de liberté et d'émancipation de l'esprit que le surréalisme s'était fixé dès sa naissance.
Présentée et éditée par Gérard Roche
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