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Qu'est-ce que l'art ? : c'est " la plus haute joie que l'homme se donne à lui-même ", nous dit Henri Lefebvre dans Contribution à l'esthétique.
Il attribue cette définition à Karl Marx. Cette entourloupe permet à l'ouvrage, écrit en 1949, mais bloqué par la censure stalinienne, de paraître en 1953. Adhérant à la méthode de Marx, Henri Lefebvre apparaît alors comme un philosophe non conformiste à l'intérieur du Parti communiste. On le suspecte de déviationnisme. Comment parvenir à penser l'art dans ce contexte ? Comment dégager des perspectives sur l'oeuvre, l'activité créatrice ? Henri Lefebvre critique les définitions existantes.
Il relit Platon et Diderot, Kant, Hegel et Marx. Il propose une analyse de l'art comme moment, où l'artiste rassemble tous les éléments d'une époque, en fait une synthèse à la fois au niveau de la forme et du contenu. Dans l'oeuvre d'art, apparaissent aussi les possibles, les virtualités de l'époque. L'artiste est limité par l'horizon de son temps. Mais, plus grand que les autres, il voit plus loin, nous dit-il en substance.
Il reprendra ces idées dans plusieurs livres ultérieurs. Même si l'ouvrage est très marqué par le contexte dogmatique de l'époque, Contribution à l'esthétique contient des analyses qui débordent les consignes strictes sur le réalisme socialiste. Cinquante ans plus tard, la pensée esthétique s'est diversifiée. On pourrait même dire qu'elle a éclaté. Relire Contribution à l'esthétique n'est donc pas sans intérêt, car c'est un livre très construit qui parvient à dégager des lignes de pensée (développées ultérieurement par le philosophe) qui restent vivantes aujourd'hui.
Cette seconde édition de Contribution à l'esthétique d'Henri Lefebvre s'inscrit dans un mouvement de redécouverte et de réédition du philosophe, à l'occasion du centenaire de sa naissance, et du dixième anniversaire de sa mort.
Ainsi, les éditions Anthropos viennent de rééditer : La production de l'espace, Espace et politique, Du rural à l'urbain, L'existentialisme, La fin de l'histoire, Rabelais. Elles préparent quelques autres textes devenus introuvables.
Né en 1901, mort en 1991, Henri LEFEBVRE, métaphilosophe, sociologue, historien, théoricien de la langue et de la littérature, penseur de la ville et critique de la vie quotidienne, auteur de 68 livres, est traduit dans trente langues.
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