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Contrepoint entre le sens commun et la philosophie en islam Ghazali et Averroes

Couverture du livre « Contrepoint entre le sens commun et la philosophie en islam Ghazali et Averroes » de Avital Wohlman aux éditions Cerf
  • Date de parution :
  • Editeur : Cerf
  • EAN : 9782204083706
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Les " décrets " de Ghazali et d'Averroès touchent au coeur de la " religion du Livre " par excellence qu'est l'islam. Dans Le Critère décisif de distinction entre l'islam et les hypocrites (1005-1006), Ghazali explique que les philosophes, en prétendant savoir ce qui échappe aux croyants dotés... Voir plus

Les " décrets " de Ghazali et d'Averroès touchent au coeur de la " religion du Livre " par excellence qu'est l'islam. Dans Le Critère décisif de distinction entre l'islam et les hypocrites (1005-1006), Ghazali explique que les philosophes, en prétendant savoir ce qui échappe aux croyants dotés du seul sens commun, s'interdisent de recevoir le Coran comme Parole révélée, et ne sauraient être ses interprètes qualifiés. Pire : leur seule existence serait une menace pour la communauté musulmane. A l'exact opposé, dans Le Livre du discours décisif où l'on établit la connexion existant entre la Révélation et la philosophie (1179-1180), en réponse à Ghazali, Averroès démontre que seul le philosophe peut apprécier pleinement la vérité révélée. Lui seul peut rendre compte de la condition du croyant doté du Livre précieux, face à Dieu artisan du monde. Cette controverse intervient entre deux croyants. Voici deux penseurs musulmans, convaincus aussi bien de l'existence d'un Livre dans lequel Dieu s'est adressé aux êtres de raison que de l'excellence de la société musulmane. Et voici deux auteurs s'opposant radicalement quant à l'interprétation vraie du Livre sacré. La compréhension mutuelle entre les hommes et l'existence même de débats ne présupposent-elles pas que tous partagent un même langage de base ? Ghazali, comme David Hume au XVIIIe siècle, et comme beaucoup parmi nous aujourd'hui, est persuadé de l'existence d'un tel niveau de discours qui autorise la recherche rationnelle et la discussion significative en dehors de toute philosophie, à la lumière de l'expérience commune des hommes dans un monde qui est le même pour tous. Averroès, en revanche, est convaincu que seule la philosophie est apte à résoudre les débats significatifs et que sans elle il n'y a que des opinions diverses et des expériences multiples ; enfin, et surtout, que, sans philosophie, il n'y a pas moyen d'interpréter le Coran comme Parole cohérente et véridique de Dieu. La discussion entre Ghazali et Averroès n'est pas le débat entre philosophie et religion ou entre raison et révélation, souvent considéré comme le propre du Moyen Age. Elle ressemble beaucoup plus à celle qui, de nos jours, se trouve au coeur de la discussion philosophique. Elle apporte une grande lumière dans le débat sur la rationalité dans l'islam rouvert par le discours du pape Benoît XVI à Ratisbonne.

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