Thème principal du numéro : Le divertissement. Ce cahier met à l'épreuve la « solution » que les sociétés contemporaines entendent donner au problème de la vie : la solution du divertissement, au sens pascalien du terme, et de la frivolité.
C'est notamment par ce biais que se produisent à la fois l'appauvrissement de l'expérience et la désubstantification de l'individu. « Nos sociétés, écrivait Giuseppe Capograssi, ont vu naître une science et une expérience véritables du divertissement, précises, élaborées, multiples. » Pour se distraire, l'homme se distrait de l'entièreté de la vie en élevant la « perte de temps » à une sombre volonté de se délivrer du temps en le remplissant d'une existence faite d'heures délibérément non vécues, figées dans les instants prolongés de la frivolité prise comme désir métaphysique de banalisation. Comme s'il fallait éviter que l'individu ne reste, dans le temps, quelque temps seul avec lui-même. Le vacarme devient une drogue morale qui n'est plus jeu, mais auto-condamnation à une désindividualisation qui a une terrible gravité. Il devient le masque grotesque du désespoir, le certificat lugubre de l'aliénation.
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