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Wyndham Lewis (1882-1957), peintre et écrivain, se vantait non sans raison d'être " l'homme le plus haï de son temps ".
Et pour que les choses soient claires - et rappeler qu'il l'avait bien cherché -, il s'était affublé lui-même de ce surnom sans détour : " L'Ennemi ". Malgré les efforts de Christian Bourgois (Tarr, Mémoires de feu et de sang, Une analyse de l'esprit de James Joyce) et ceux des Editions L'Age d'Homme (La Rançon de l'amour, Le Corps sauvage, A bas la France, vive la France !), son oeuvre demeure mal connue en notre langue et plusieurs de ses romans majeurs restent à traduire.
Yeats, Eliot, Pound et quelques autres n'hésitaient pourtant pas à voir en lui l'un des écrivains les plus importants du siècle... même s'il s'était arrangé, au fil d'une carrière riche en affrontements divers, pour donner de lui une image insupportable. Condamné par lui-même (1954), jamais traduit en français à ce jour, considéré comme l'un de ses maîtres livres - et le dernier en date -, évoque l'exil de l'écrivain au Nouveau Monde pendant la guerre.
Un exercice de lucidité cruel pour l'entourage... mais plus encore pour celui qui parle ici, bientôt réduit lui-même à néant. " Une agonie spirituelle presque intolérable ", selon T. S. Eliot, qui salua le livre à sa parution. Peu avant, Ezra Pound, s'interrogeant sur la valeur de Lewis romancier, concluait sans hésiter par ce jugement : " Le seul écrivain anglais qui puisse être comparé à Dostoïevski.
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