Pour le cent cinquantième anniversaire de sa naissance, Colette occupera une place centrale dans le monde littéraire, succédant à Proust, qu’elle désignait comme un « petit complimenteur », un « jeune et joli garçon de lettres », avis méprisant qu’elle révisera après avoir été séduite par la...
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Pour le cent cinquantième anniversaire de sa naissance, Colette occupera une place centrale dans le monde littéraire, succédant à Proust, qu’elle désignait comme un « petit complimenteur », un « jeune et joli garçon de lettres », avis méprisant qu’elle révisera après avoir été séduite par la lecture de Du côté de chez Swann.
C’est donc l’occasion de lire ou relire l’oeuvre de la sulfureuse femme de lettres.
Claudine à l’école, paru en 1900, évoque l’adolescence de l’autrice. Dans un milieu rural, la vie est partagée entre la solitude de la maison familiale, seule avec son père qui passionne beaucoup plus pour ses limaces que pour le quotidien de sa fille, et l’école, lieu de tous les émois imaginables. Les jeunes filles assistent avec une curiosité malsaine aux relations à peine voilées entre deux de leurs institutrices, Mlle Sergent et Melle Lanthenay éveillant chez Claudine une rancoeur tenace, car elle se voit privée de l’amitié de cette dernière.
L’arrivée d’une nouvelle élève mettra en évidence ce qui ne s’appelait pas à l’époque du harcèlement.
Vient le temps du brevet, dont l’issue unique est l’accès à l’école normale pour devenir elles-même institutrices.
Ce personnage de Claudine est loin d’être sympathique : tyrannique, exclusive, vaniteuse et imbue de sa personne, comme elle ne s’en cache pas dans ces pages constituant son journal d’adolescente. Maltraitante avec ses amies, certaine d’être au-dessus du lot, que ce soit pour sa beauté ou son intelligence.
Malgré tout la lecture est intéressante. En particulier sur le plan historique, et sociologique. Découvrir le programme du Brevet de la fin du dix neuvième siècle, avec les épreuves d’écriture dont on a tout oublié (qui sait encore ce qu’est la ronde moyenne ou la batarde, à l’heure des polices sans sérif ? ).
La sortie de fin d’année pour aller présenter les élèves à l’examen est un morceau d’anthologie, à la fois drôle et édifiant.
Parlerai-je de cet odieux médecin libidineux, très attiré par le charme juvénile de ces demoiselles ?
L’écriture a la charme désuet des écrits du passé, d’autant que le texte s’orne de termes vernaculaires, heureusement expliqués en notes de bas de pages
La question se pose, à la fin de ce premier tome de la série des Claudine, de suivre Claudine à Paris. Ce sera vraisemblablement la curiosité qui l’emportera .
254 pages livre de poche Première parution en 1900