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« ...et hop ! coincée. Pas mal, non ? Avoue que tu ne t'y attendais pas, à celle-là ! Tu coupes les ponts, tu pars au bout du monde, tu restes dix ans sans donner la moindre nouvelle ; quand je tente de reprendre contact, paf !
Tu me flanques hors de ta maison et de ta vie, sans l'ombre d'une hésitation... et te voilà malgré tout obligée de me lire. On sous-estime toujours sa vieille mère. ».
Lire Clark, c'est ouvrir les lettres d'une mère à sa fille. Cette confession épistolaire dessine le portrait d'une femme hors-norme. Elle raconte une jeunesse insouciante, un esprit libre et indépendant, un tempérament pragmatique.
Elle gère sa carrière et son corps pour faire de l'argent.
Même son accouchement devra entrer dans la légende !
La psychologie transparaît à travers les actes. Les choses basculent avec la maternité et l'arrivée d'un fils, après deux filles. Pour Clark, elle a ce projet incroyable : en faire un super-héros qui changera le monde. À moins que ce soit pour se sauver, elle.
Le prénom de l'enfant est bien sûr une référence à Superman.
Anouk Langaney fait allusion dans son texte aux personnages des univers DC Comics et Marvel. Mais nous ne sommes pas dans un texte fantastique, la fabrique du super-héros tourne à la fabrique d'un monstre. Reste à savoir qui est le monstre. La quête de justice tend vers l'entreprise criminelle familiale. Les missions conçues par la mère pour empêcher la construction d'un golf, dénoncer des pollueurs, saboter un chalutier à filet mènent au drame.
Clark est une histoire folle, appuyée par l'écriture d'Anouk Langaney. Si l'histoire qu'elle raconte provoque la stupéfaction, et l'effroi, elle est aussi drôle et grinçante. La force du roman repose sur les multiples réflexions qu'il porte, actuelles et intemporelles, sur la maternité, le rôle de la femme, l'éco-terrorisme et le monde que nous laissons à nos enfants.
« Clark » est un fameux pas de côté. Atypique, grinçant, il pointe du doigt là où ça fait mal. Doté d’une contemporanéité hors norme, il casse les codes du conventionnel. Affranchie, cette satire des temps moderne est affirmée. Elle ne laisse pas indemne le lecteur et c’est tant mieux. Cette missive est un pavé dans la mare. Ouvrir l’enveloppe. Lire cette lettre d’une mère à sa fille. Ici, nous ne sommes pas dans la candeur, la tendresse et le charme relationnel. Crissante, extrême, violente, sans garde-fou, Anouk Langaney ose l’écriture exutoire. Tout dire quoiqu’il arrive quoiqu’il en coûte. Pourtant cette mère veille sur ses filles comme du lait sur le feu. La cadette étant handicapée. Pourtant le bas blesse. Elles sont les boucs-émissaires.
« Toi, tu me regardais de travers - tu le fais comme personne, je crois que tu as un angle à toi. J’étais une bonne mère. Artiste ratée, socialement inadaptée, sentimentalement ruinée et physiquement usée, mais malgré tout- et d’autant plus- une très bonne mère. »
Eloignée des diktats conformistes, criblée d’esprit libre, engagée, l’homme pour elle n’est que le géniteur. On poursuit la lecture de cette missive addictive. Sa fille reçoit de plein fouet les explications de cette éducation quelque peu non étrange plutôt dérangeante et décalée. Elle assume ses désirs et projets. Envers et contre tout elle est une mère assoiffée d’espace. Elle bouscule tout sur son passage. Son besoin de maternité est l’arbre que cache la forêt. Clark, son fils bien aimé sera pour elle plus qu’un Dieu mais un moyen, un outil pour arriver à ses fins. Elle est le gourou des intériorités tant elle est manipulatrice. Clark malgré tout deviendra son siamois dans les sulfureuses aventures, tant il est endoctriné par sa mère. Cette fable est un pied de nez au conformisme. Cette mère est l’emblème des Cyniques tel Diogène et elle assume immanquablement les bouleversements et les défaillances de ses actions. Les mises en gardes écologiques, les bruissements sociétaux, les alertes politiques, les petites combines et les signaux face aux grandes puissances sont son cheval de bataille. Son fils sur le cheval derrière elle et tant-pis si les pertes sont gagnantes. Pour elle, il faut renverser les chaises. C’est un saut dans la flaque du bien-pensant. Le récit épistolaire bascule. Banquise, adrénaline, entre le fantastique et le thriller la marche est étroite. L’écoterrorisme gonfle la trame dans un paroxysme incontrôlable. Cette mère qui flirte avec les extrêmes : les siens et ceux de ses enfants frôle la folie. On ressent la torpeur qui foudroie son antre, tout ce qu’elle a fait par idéologie. Ce livre hypnotique, puissant et original est captivant et intuitif. La psychologie est souveraine. Anouk Langaney vient de mettre au monde l’antithèse de la soumission, tant cette mère est l’emblème de la liberté absolue. Mordant et imprévisible. Publié par les Éditions L’Atalante. Collection : Fusion, « Le crime est notre affaire ».
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