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Quand Fatiha, la femme de ménage des Lampelle, entend un râle à l'étage de la maison où elle travaille et découvre une masse sombre, inerte, étendue sur le sol, elle ne se doute pas que cet événement va changer le cours de la vie d'Arthur, jeune lycéen en train de sombrer dans la dépendance aux jeux en réseau.
Florence Lampelle, sa mère, et Fatiha racontent cette dérive à deux voix et initient, chemin faisant, une relative découverte réciproque. « Cité et pavillon » croise le regard de ces deux femmes qui vivent dans la même banlieue mixte où les gens de la cité et ceux des pavillons demeurent dans les limites de leurs territoires, sans se côtoyer ni se connaître.
Leur récit, tantôt douloureux tantôt cocasse, donne à découvrir deux mondes ayant chacun ses codes et ses règles, deux mondes dont la souffrance n'est pas exclue, quel que soit le côté de la rue où l'on habite.
Margarita Perea Zaldívar est enseignante en communication et auteur de romans, nouvelles et manuels. « Cité et pavillon » est son second roman.
J’ai vraiment apprécié ce court roman, j’ai passé un très bon moment en compagnie des personnages. Les thématiques des milieux sociaux français et de l’addiction d’un adolescent aux jeux en réseau sont traitées de façon sobre et juste. L’approche familiale ainsi que les différences culturelles sont abordées de manière assez pudique et ne tombent pas dans le cliché. Ici, on ne rentre pas dans un débat sans fin, mais dans une réalité exposée sincèrement et sans a priori. De plus, les touches d’humour sont très appréciables !
« Leur maison est juste de l’autre côté de la rue qui sépare la zone pavillonnaire de la cité. En traversant, on sait que l’on change de monde : pas la même manière de s’habiller, pas les mêmes métiers, pas les mêmes enfants, pas les mêmes mots (…). »
Vivre dans une cité ou vivre dans une zone pavillonnaire ne devrait pas constituer un frein ou une barrière dans les relations entre les Hommes. Dans ce roman, les habitants de cette banlieue mixte apprennent à se côtoyer enfin, à s’apprécier suite à un événement familial survenu chez les Lampelle. On se découvre, on s’intéresse à l’Autre, on apporte son aide. On ne sait pas s’il on parviendra à résoudre le problème mais on essaie.
Cette peur de l’Autre, souvent injustifiée, est mise à mal ici. En effet, habiter dans un pavillon ne signifie pas être dénué de soucis, quand habiter dans une cité n’empêche pas une vie pleine de compassion et d’altruisme.
Le deuxième fil conducteur est l’addiction aux jeux en ligne d’un adolescent, Arthur, une problématique bien actuelle qui isole l’individu de la société et de la vie « réelle ». J’ai trouvé que la dépendance était bien décrite, que les conséquences pour la cellule familiale étaient bien développées. J’aime beaucoup quand les romans abordent la psychologie, et quand c’est réussi, c’est un vrai plaisir de rentrer dans l’intimité des personnages. Tour à tour, nous passons des points de vue de Fatiha à ceux de Florence, respectivement la femme de ménage de la famille et la maman d’Arthur. J’ai beaucoup apprécié découvrir leurs différences de vie et d’esprit de cette façon. Cela donne un rythme au récit.
En bref, c’est un bon roman qui traite de la société actuelle dans ses dérives, ses doutes mais aussi sa redécouverte d’autrui. S’ouvrir à nouveau, ne plus catégoriser la population, en voilà un beau programme. "Cité et pavillon" expose une tranche de la vie de ces deux familles qui remet l’humain en place centrale et qui dresse tout le monde au même niveau, sans oublier la richesse des différences qui constitue la richesse de nos existences.
L’auteure connaît son sujet, cela se sent à la lecture et c’est agréable. Son écriture est fluide et efficace. Je vous recommande ce roman qui se lit d’une traite et qui fait du bien !
Ma chronique sur mon blog ici : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/10/31/lecture-cite-et-pavillon-de-margarita-perea-zaldivar/
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