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Cinéma d'animation en Espagne (1942-1950)

Couverture du livre « Cinéma d'animation en Espagne (1942-1950) » de Francoise Heitz aux éditions Pu D'artois
Résumé:

La fatalité s'est exercée sur le cinéma d'animation de l'époque du premier franquisme : une activité industrielle très limitée, l'absence de moyens financiers, un marché trop restreint constituaient un sérieux handicap. De plus, un discours déjà contraint (autocensure oblige) se trouva condamné... Voir plus

La fatalité s'est exercée sur le cinéma d'animation de l'époque du premier franquisme : une activité industrielle très limitée, l'absence de moyens financiers, un marché trop restreint constituaient un sérieux handicap. De plus, un discours déjà contraint (autocensure oblige) se trouva condamné ensuite par la confidentialité de la distribution, la fragilité du support et la redoutable concurrence du génie de Walt Disney. Ce cinéma eut cependant le mérite d'exister et l'étude de ce corpus réduit permet d'appréhender un moment historique qui a joué un rôle déterminant dans la production artistique espagnole. Les trois films en question sont Garbancito de la Mancha (sorti sur les écrans en 1945, il est le premier dessin animé de long-métrage en couleurs, non seulement espagnol mais encore européen), Alegres vacaciones (Joyeuses vacances, 1948) et Erase una vez (Il était une fois, 1950). La pluralité des formes de décryptage (idéologique, psychanalytique, narratologique, esthétique) s'attache à mettre en valeur les différents niveaux sémantiques des oeuvres du corpus. Le titre de Garbancito de la Mancha proclame d'emblée la dualité discursive d'un film qui renvoie d'un côté aux contes de fées folkloriques issus de la tradition orale (comme Le Petit Poucet) et de l'autre au référent explicite : le héros cervantin (Don Quichotte de la Manche). Ce mélange de réalisme à visée didactique (glorification d'un héros national) et de merveilleux en fait à la fois l'originalité et les limites. L'ancrage réaliste peut toutefois être un facteur de réussite humoristique, comme dans le numéro de " la souris matador ", et le charme poétique des numéros animaliers est la caractéristique d'un cinéma qui chante et qui enchante : ce n'est que par le jeu que peut s'inscrire le je, celui du dessinateur Moreno dans Garbancito, celui du célèbre Escobar dans Erase una vez. Dans ce dernier dessin animé, l'humour décalé des pages de Cendrillon déguisés en fantômes et le joyeux anachronisme des savetiers chanteurs de jazz font preuve de la maturité d'un humour capable de se moquer de l'oeuvre d'art elle-même. Le raffinement esthétique dû aux décors de Cirici Pellicer, l'abondance des références picturales, architecturales et ornementales créent un monde original, profondément européen, affranchi cette fois de la filiation disneyenne. Par nombre de séquences d'une fraîcheur intacte, ces films subvertissent en partie l'inactualité de l'univers social et idéologique dans laquelle ils sont ancrés.

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