"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'homme est un loup pour l'homme.
Brave Minjue, elle a fait toute la route depuis la campagne pour rendre visite à sa grand-mère Sooja, avec des courses plein le coffre de la voiture. Elles ont parlé un peu. Elles ont caressé le chien. Ensuite la colocataire de Minjue a fait une promenade avec la vieille dame. Elles ont papoté, mère-grand a raconté des bribes de sa jeunesse. C'était un après-midi ordinaire. A ceci près que mère-grand, Sooja, était morte quelques semaines plus tôt.
« C'est pour mieux te manger » ce titre pourrait nous rappeler des contes de fées, eh oui le petit chaperon rouge qui se perd en forêt et qui arrive à la maison de sa grand-mère qui lui dit « c'est pour mieux te manger ».
Dans ce polar coréen il y a bien une grand-mère. Sa petite fille va lui rendre visite avec une amie ou plutôt sa colocataire suite au décès accidentel de ses deux parents. Puis, au fil des chapitres, plusieurs points de vue nous raconte une histoire de famille.
Mais qui est qui ? Bien sûr, nous allons nous perdre, du fait peut être de la difficulté que nous avons avec les différents prénoms des protagonistes : qui est cette grand-mère qui d'un coup intéresse beaucoup de personnes, qui est cette jeune fille rescapée d'un incendie, qui sont ces jeunes filles qui recherchent leurs parents, grands-parents.
Ce n'est pas réellement un thriller mais j'ai été titillée par cette histoire et essayer de comprendre qui était qui on s'y perd mais on apprend aussi sur la société coréenne, sur les apparences, sur la place dans la société de la jeunesse, des vieux…
J'ai été un peu perdue comme le chaperon rouge dans la forêt mais on s'attache aux différents personnages à différences facettes et à leur façon de vivre avec les autres.
Ce texte questionne sur la famille, sur les liens familiaux mais aussi sur les liens amicaux. Il décrit aussi la difficulté sociale, économique dans la société coréenne. La difficulté des jeunes à trouver un emploi, à financer leurs études. Étranges rapports familiaux dans ce texte mais aussi le portrait d'êtres qui essaient de s'en sortir même si pour cela il faut être quelqu'un d'autre, voir prendre la place de quelqu'un d’autre.
Ce texte parle aussi du rapport à l'argent. Bien sûr, il est question d'héritage dans ce texte qui va hériter lors de la mort de la grand-mère et quelles sont les clauses d'une assurance vie lors d'un accident de voiture, accidentel ou pas. Et il y a souvent et toujours un inspecteur des assurances suspicieux par nature qui va chercher des preuves pour savoir s’il s’agit bien d'un incendie accidentel il interroge les voisins, une rescapée qui semblent n'avoir plus aucun souvenir mais qui est-elle? Et qui est qui ?
Bref un imbroglio digne de certains textes d'Agatha Christie.
Cette année, je m’étais fixée d’étendre les origines des livres que j’avais l’ambition de lire et notamment, de plonger dans l’univers coréen des polars. Pourquoi ? D’abord, parce que j’avais découvert plusieurs séries coréennes sur Netflix (dont « Squid Game » et « All of us are dead ») que j’avais adorées. En 1 ou 2 épisodes, elles avaient réussi à me rendre accro. Ensuite, parce que j’avais lu d’excellentes chroniques sur des polars coréens depuis la création récente en 2020 de la maison d’édition, Matin Calme, qui leur est complètement dédiée.
Jusqu’à présent, je ne m’étais plongée que dans un seul et unique livre venant de ce pays à savoir :« La rivière de l’oubli » de Cet Jun. J’avais eu beaucoup de difficultés à saisir l’intrigue dans sa construction mais aussi au regard des nombreux personnages. Parce que je déteste rester sur une mauvaise note par un accident de parcours peut-être (pas le bon moment où j’ai décidé de le lire par exemple), je suis facilement passée au-dessus de cela.
Donc, me voilà enfin réconciliée avec le polar coréen si je puis dire. « C’est pour mieux te manger » m’a vraiment captivée que ce soit par sa trame narrative que par son substrat. Bien sûr, étant vraiment novice, les noms et prénoms restent un peu ardus pour moi. Maintenant, je pense qu’il ne s’agit que d’une question d’habitude et une fois que j’en aurai lus plusieurs, ça ira plus aisément !
J’ai perçu ce roman comme un vrai livre à énigmes ou à tiroirs. Quand on pense en avoir résolu une ou ouvert un, d’autres, voire même plusieurs se profilent alors. C’est un vrai puzzle qui se construit et le lecteur est souvent à des années-lumière de la résolution finale. Le style d’écriture est quelque peu simpliste mais je ne dis pas cela péjorativement. Il s’agit peut-être d’une spécificité culturelle ou à tout le moins, d’un souhait de l’auteure et cela fonctionne bien par rapport à l’intrigue.
En se tournant vers un livre issu d’une culture que l’on ne connaît pas vraiment, on peut ainsi apprendre plein de choses de façon très ludique. Pour moi, cela a bien été le cas. Ce polar est donc une immersion très réussie dans la littérature coréenne et cette atmosphère si riche d’évasions. Franchement à ce titre, j’en redemande encore !
« Début février, une de ces journées placées en alerte. »
Le thriller prend place.
Cette histoire emblématique, sombre est envoûtante.
« C’est pour mieux te manger » dit le loup dans « Le petit Chaperon rouge. »
Ici, pas de conte mais une trame qui glisse immanquablement dans la forêt des doutes opaques.
Contemporain, pragmatique, sans fausse route, on est en plongée dans une histoire addictive. L’intrigue est un tour de passe passe. Les protagonistes ont un rôle, celui de nous désarmer et de nous faire réfléchir à l’enquête à venir.
Un frère et une grand-mère en proie à un incendie. Une sœur qui résiste, seule, aux flammes.
Une enquêtrice tenace et intuitive va de fil en aiguille telle une araignée tisser la toile de cet évènementiel.
L’argent est le centre de ce livre sous toutes formes possibles.
Est-ce pour toucher une assurance-vie que cet incendie a été provoqué ?
Est-ce le petit-fils toujours en quête d’argent qui aurait voulu attenter à la vie de sa grand-mère ?
Pourquoi l’incendie a-t-il débuter de la montagne ?
Pourquoi seule la maison de Lee Sooja a brûlé ?
Tant de mystères qui vont enfler tels un tsunami.
On ressent une ambiance oppressante, un drame et ses énigmes.
Pourquoi la mort de mère-grand ? Et qui ?
Ce premier roman de Kim Ji Yeon est une réussite hors pair. On aime l’esprit des éditions Matin Calme. On est en plongée dans La Corée du Sud et on apprend beaucoup de ses traits de caractère. Je vous conseille de découvrir cette ligne éditoriale riche de romans noirs succulents.
A savoir que cette jeune auteure Kim Ji Yeon a reçu la distinction du Young Writers Award. Traduit avec brio du coréen par E.J. Lee et Anne Berthellemy.
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