Toujours plus de conseils de lecture hors des sentiers battus !
Brésil, État de l'Acre. Une jeune avocate originaire de São Paulo se rend dans cette région partiellement couverte par la forêt amazonienne pour suivre le procès des assassins d'une jeune indigène. Sur place, elle découvre la beauté hypnotique et mystérieuse de la jungle, mais aussi sa part sombre, les injustices et les tragédies vécues au quotidien par les populations locales.
S'initiant aux rituels ancestraux des peuples indigènes d'Amazonie et notamment à la prise de l'ayahuasca, un puissant hallucinogène, la jeune femme s'engage dans une quête de justice, pour les femmes qui l'entourent et pour elle-même.
Le roman de Patrícia Melo nous embarque entre réalité et cauchemar, dans une enquête où la violence prime sur la loi. En choisissant de tenir son intrigue dans l'État de l'Acre, dans le ventre de la jungle, l'autrice brésilienne montre la violence infligée aux femmes, mais aussi à la nature : celles qu'on tue dans l'indifférence.
Toujours plus de conseils de lecture hors des sentiers battus !
Un roman percutant car Patrícia Melo se penche sur le sujet des féminicides , une lecture dont on ne ressort pas indemne.
Un livre très sombre avec des Trigger warning, Mutilation, Violence physique et psychique. L'autrice met en lumière cette réalité brutale. Un livre basé sur des faits réels, un sujet difficile, insoutenable mais crucial. Un texte engagé et sans concession. Une reflexion à la fois politique et social, la plume de l'autrice est fluide et incisive.
On retrouve de l'émotions, un livre qui questionne sur la réalité et l'inaction à différents niveau.
Je recommande.
"Vous vous faites larguer et vous nous tuez. Vous vous trouvez une maîtresse et vous nous tuez. Vous vous sentez humiliés et vous nous tuez. Vous rentrez fatigués du travail et vous nous tuez. Et au tribunal, vous dites tous que c’est notre faute. Nous, les femmes, nous savons provoquer. Nous savons vous taper sur les nerfs. Nous savons rendre la vie d’un mec impossible. Nous sommes infidèles. C’est notre faute. C’est nous qui provoquons. Au final, qu’est-ce qu’on fabriquait à cet endroit ? A cette fête-là ? A cette heure-là ? Dans cette tenue ? Au final, pourquoi avons-nous accepté la boisson qu’il nous a offert ?"
"Celles qu'on tue" de Patricia Melo est un roman percutant qui m'a plongée au coeur de l'Acre, une région sauvage de l'Amazonie brésilienne où la violence envers les femmes est endémique. L'autrice met en lumière la réalité brutale des féminicides qui sévissent dans cette région, en racontant l'histoire d'une jeune avocate venue suivre le procès des assassins de Txupira, une jeune indigène de 14 ans.
Au fil de son enquête, la narratrice se confronte à l'horreur des crimes commis contre les femmes, mais aussi à l'impunité qui règne en maître. Elle se lie d'amitié avec une avocate générale qui lutte pied à pied contre cette injustice, et elle-même se lance dans une quête de justice et de rédemption.
Le récit se déploie entre réalité et hallucinations provoquées par la prise d'ayahuasca, un puissant psychotrope utilisé dans les rituels chamaniques des populations indigènes. Cette plongée dans le monde onirique donne au roman une dimension mystique et poétique, mais renforce aussi le sentiment d'urgence et de désespoir qui émane de ces pages.
Patricia Melo livre un témoignage fort et nécessaire sur la violence faite aux femmes, sur la domination masculine et sur l'impérieuse nécessité de briser le cycle infernal de la violence. "Celles qu'on tue" est un roman poignant, bouleversant, qui ne laisse pas indemne et qui pousse à la réflexion sur les enjeux cruciaux de notre société contemporaine. Une lecture indispensable pour ouvrir les yeux sur une réalité insoutenable.
« Celles qu’on tue » traite d’un sujet difficile puisqu’il s’agit de celui des féminicides et plus particulièrement au Brésil, dans l’état de l’Acre. Il s’agit d’un véritable fléau en Amérique du Sud (même s’il fait également beaucoup de ravages dans le monde entier).
J’ai apprécié la découverte de cette autrice brésilienne, considérée comme l’une des plumes brésiliennes contemporaines les plus importantes.
J’ai également apprécié l’ancrage dans l’actualité récente du Brésil par l’évocation des nombreux dégâts occasionnés par la politique dévastatrice de l’ancien président Bolsonaro, notamment au niveau écologique en Amazonie.
Malgré le poids des thèmes abordés, il y a quelque chose de poétique dans la plume de l’autrice, Patrícia Mélo. Son écriture, fluide mais aussi très sombre, marquera les lecteurs.
J’ai un peu moins aimé dans ce livre les chapitres « ésotériques » présentant le chamanisme et les rites ancestraux des peuples indigènes. Cela ne bloquera certainement pas tous les lecteurs, mais mon esprit trop cartésien a parfois pris le pouvoir…
Malgré cet élément, ce roman noir violent devrait vous toucher comme je l’ai été. Dénonçant brillamment les violences perpétrées contre les femmes et les injustices dont elles sont fréquemment victimes, cette chronique sociale est à lire comme un texte qui se veut engager mais aussi ô combien réaliste.
Patricia Melo immerge son lecteur dans son roman, Celles qu’on tue, au cœur de l’Acre, région à l’extrême ouest du Brésil. En plus d’être la région la plus pauvre du pays, elle détient un triste record, celui du nombre de féminicides non jugés ou non punis.
La narratrice vit une histoire d’amour avec le bel Amir. Lorsque celui-ci la traite de salope et la gifle, elle décide de s’enfuir dans l’Acre. Elle part suivre le procès d’un féminicide dont une amie, aussi avocate, représente la partie civile. Trois jeunes hommes issus de la bonne société sont dans le box des accusés.
Non seulement Patricia Melo dénonce les conditions de vie des femmes indigènes, considérées comme une sous-classe sociale au Brésil. D’ailleurs, la victime n’avait que quatorze ans. Et malgré de nouvelles avancées juridiques, l’écrivaine raconte que les meurtres de femmes ne sont presque jamais punis dans cette région.
Cette réalité, Patricia Melo la raconte à travers un montage romanesque fluide et dense. La domination y est analysée en décortiquant sa portée sociale et politique. Son but n’est pas uniquement d’attendrir mais aussi de forcer à un réveil des consciences pour que cessent ces injustices. Car, les descriptions des sévices démontrent la toute-puissance du colonialisme de l’homme blanc.
Le roman noir Celles qu’on tue renvoie vers la brutalité d’un monde injuste et violent où rien ne semble pouvoir changer l’ordre installé. Patricia Melo mêle le passé et le présent de son héroïne pour décrire la sauvagerie des hommes. Néanmoins, le roman devient roman policier en racontant une enquête sur des assassinats pour taire ceux (ou celles) qui dénoncent. Il décrit aussi la magie de l’Amazonie et ses rites ancestraux.
La voix de Patricia Melo, féministe à portée sociale, est à découvrir à la fois comme un témoignage de ce pays du bout du monde et la réalité de la condition des femmes mais aussi pour comprendre l’importance d’une nature à préserver. Le roman, Celles qu’on tue, ne peut laisser personne indifférent !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/12/04/patricia-melo-celles-quon-tue/
Bienvenue au Brésil, dans l'Etat de l'Acre, un endroit où les personnes indigènes vivaient en parfaite harmonie avec la nature, et où l'Homme blanc a tout déséquilibré, que ce soit au niveau environnemental ou social.
Ce livre est clairement écrit pour dénoncer le taux important de féminicides dans cette région, mais surtout l'impunité des hommes, et plus particulièrement des descendants des anciens colons.
Les femmes ne sont déjà pas considérées comme étant les égales des hommes par certains, les femmes indigènes le sont encore moins. Alors quand des jeunes issus de la classe dominante font preuve de barbarie sur une jeune fille indigène, il faut sacrément être pugnace pour faire éclater la vérité.
Dans cette histoire, trois femmes, dont la narratrice, sont bien décidées à faire rendre justice, envers et contre tous.
Mais les choses ne se passeront pas forcément comme elles l'auraient souhaité.
Ce récit, très prenant, s'alterne avec des faits divers (comme on peut malheureusement aussi en voir chez nous), et avec l'exploration d'un univers onirique par la narratrice (qui s'initie aux rites chamaniques).
L'histoire m'a passionnée, même si certains faits sont difficiles à lire, tellement ils sont violents. Ils nous rappellent que de tels actes ont lieu un peu partout dans le monde, et qu'en France, si la parole des femmes étaient mieux prise en compte, le taux de féminicides pourrait nettement diminuer.
J'ai également beaucoup aimé la psychologie des personnages, qui sert très bien l'histoire et montre les conséquences des violences faites aux femmes, sur les proches.
J'ai trouvé intéressant de découvrir ce qu'il se passe dans cette région du monde d'un point de vue environnemental et sociologique, mais aussi de mieux connaître la culture de ce peuple meurtri.
Cela dit, il y a un point de vue, délivré par l'autrice, qui m'a passablement dérangé. Dans les chapitres oniriques, les femmes partent en guerre contre les hommes, et le propos n'est pas du tout nuancé : tous les hommes sont à mettre dans le même panier.
Je mets cela un peu à part, car c'est de l'ordre du rêve, et même si l'histoire en elle-même dénonce de manière très forte ce qu'il se passe là-bas, il m'a semblé que le propos y était moins virulent.
Le thème me plaît vraiment ,un très bon livre à decouvrir ,un coup de cœur, pour passer un très bon moment de lecture
La narratrice est une jeune avocate de Sao Paulo. Son cabinet l’envoie dans l’Acre, région située au cœur de l’Amazonie brésilienne. Sa mission consistera à y assister à une série de procès où sont jugés des hommes présumés auteurs de crimes contre des femmes. Dans cette région qui détient le plus haut taux de féminicides du pays, il s’agira pour la jeune femme de récolter données et statistiques en vue de dénoncer l’impunité endémique de ces crimes et le « massacre autorisé des femmes » au Brésil.
Elle suivra en particulier le procès des assassins de Txupira, une indigène de 14 ans, massacrée par trois jeunes hommes issus de familles aisées et puissantes de la région. A cette occasion, elle se liera d’amitié avec l’avocate générale en charge de ce dossier et de beaucoup trop d’autres similaires. Et elle se frayera aussi un chemin cathartique dans son propre passé, aidée par les rites chamaniques ancestraux et la prise d’un hallucinogène, l’ayahuasca.
Dans ce livre fictionnel mais qui reflète malheureusement une réalité terrible et glaçante, Patricia Melo montre et démontre que dans l’Acre, il suffit de naître femme pour être en danger de mort, et que ce danger est d’autant plus difficile à éviter qu’il émane, dans la majorité des cas, des hommes de l’entourage de la victime, père, frère, mari, amant. Aux sources de cette violence largement impunie et de ce fait banalisée (ou l’inverse) : l’alcool, la drogue, la pauvreté, la jalousie, le machisme, le racisme, l’intolérance, le sentiment de supériorité des hommes.
« Celles qu’on tue » est un roman plein de colère et de révolte, de désarroi et de sororité, qui donne à voir un des (nombreux) aspects les moins reluisants du Brésil. Dramatique, sombre et poétique, un roman très puissant.
En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.
#Cellesquontue #NetGalleyFrance
le titre est explicite, il va parler de femmes, des Brésiliennes avant tout, et par une femme, parce que c'est un état de fait de son pays, qui peut bien s'élargir à chaque pays, aucun n'est en reste question violence domestique. À un point tel que le nom de féminicide est rentré dans le langage courant, qu'il est lié aux violences domestiques que subissent les femmes. C'est une lecture coup de coeur, c'est le premier titre que je lis et qui évoque le Brésil post-Bolsanero. J'espère que ce titre aura la reconnaissance qu'il mérite.
Si le fond est assez limpide, la narratrice avocate de Sao Paolo est venue, dans un rôle d'observatrice, assister aux divers procès pour féminicides pour le compte du cabinet qui l'emploie : l'une des affaires la frappe particulièrement, celle des trois assassins de Txupira, une adolescente indigène, violée, torturée et tuée par trois fils de bonne famille de la région. La forme l'est moins, et c'est d'ailleurs ce qui octroie toute la puissance au récit de ces meurtres. D'abord la genèse principale, de l'avocate spécialisée en affaires de violence conjugales, qui part assister à des procès dans un état du nord du Brésil, l'Acre, et qui va se retrouver intimement mêlée à un féminicide. Mais de ce féminicide, dont les trois accusés vont ressortir innocentés, elle va finir par en faire une une affaire personnelle, elle va le gérer à la manière d'une enquête policière, soutenue par les femmes de son entourage. Une affaire personnelle, car la narratrice est elle-même intérieurement en prises d'histoire difficile et personnellement confrontée à la toxicité de la violence masculine. On est autant pris par le mystère de la mort de Txupira, le scandale qui en découle, que cet aspect militant.
La forme narrative est configurée de telle sorte que les chapitres sont chapeautés par une citation, comme une épitaphe, numérotée, consacrée à un féminicide : simple, percutant, efficace. Ces féminicides auxquels nous sommes étrangers, ceux qui nous touchent personnellement. Elle démontre ainsi qu'aucune femme n'est exempte de connaître le même sort, que les monstres tueurs de femmes ne ressemblent justement pas à des bêtes difformes et laides, mais au bon copain, à l'ami à qui l'on se confie volontiers, au petit ami, compagnon, époux. La narratrice, en tant que compagne, vit cette violence, les toutes premières prémices d'une violence conjugale, une claque : de cette claque qui ne cesse de retentir dans sa mémoire, on observe tous les mécanismes en oeuvre, d'un côté comme de l'autre, bourreau vs victime : excuse puis minimisation des faits et dénie vs sidération. Elle décortique son propre comportement, ses réactions à chaud, les signaux ou red flags comme on dit, à partir de sa propre relation néfaste avec Amir, présents dès le début de la relation, des signes qu'elles auraient pu distinguer plus tôt si elle avait été vigilante. Ce discours qui transparaît de la fiction me semble à ce moment-là en quelque sorte didactique pour toutes les lectrices, pour chaque lectrice qui s'aperçoit avoir eu peu ou prou la même analyse dès lors qu'elle revient sur une relation toxique : les signaux étaient là, l'aveuglement aussi.
La plupart des romans d'autrices brésiliennes que j'ai lu se passaient dans la région du Nordeste: ici, et c'est important pour l'histoire, la narratrice part dans l'Etat de l'Acre, qui recouvre une partie de la forêt amazonienne, là où se trouve les populations indigènes, particulièrement malmenées, encore plus sous la présidence Bolsonaro. Et là où les femmes sont encore davantage maltraitées, victimes des préjugés raciaux et de l'ostracisation du système, de la corruption, liée au paternalisme gravé dans les mentalités d'une façon ou d'une autre. Plus qu'une simple mise en lumière, une dénonciation, c'est comme un roman d'apprentissage au féminisme, une remise en perspective des rapports hommes-femmes, ce que la narratrice fait par le biais de sa propre expérience et du meurtre de Txupira, afin que les femmes soient plus réceptives aux signes annonciateurs. Mais cet aspect ne ferait qu'un roman militant s'il n'y avait pas une enquête policière, sur ce meurtre particulièrement odieux de cette jeune Indienne. La région dans laquelle tout se passe tient un rôle particulier, regroupant les groupes indigènes, qui sont littéralement victimes d'une politique génocidaire, dépourvus du peu de moyens, et de pillage de la forêt Amazonienne, là où la réalité se transforme en réalisme magique, pleine des esprits des femmes vengeresses.
C'est un roman très fort, son titre éloquent, tranche dans le vif et ne laisse pas planer le doute quant à l'engagement franc et sincère de l'autrice. Ce roman m'a personnellement interpellée, saura interpeller chacune, et chacun j'espère bien, parce qu'il démonte totalement les mécanismes dont usent les hommes violents, un mécanicisme vieux comme le monde au service des manipulateurs de tous horizons, l'inversion de la culpabilité (...)
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