"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a ce moment où vous vous faites arrêter pour presque rien. Celui où l'on vous met en prison sans que vous puissiez savoir quand vous en ressortirez. Il y a cette petite fille qui vous attend avec votre femme. Et toutes ces lettres entre vous. Celle qui attend est le roman bouleversant d'une famille soudain entre parenthèses et de ce père confronté à la réalité carcérale - la promiscuité, l'ennui, le manque. Et de ce que les hommes imaginent dans les situations les plus difficiles pour conserver les liens. Réinventer l'amour.
Incarcéré pour un contrôle qui a mal tourné, Alexandre va passer plusieurs mois en prison, à Fleury Mérogis. Sa femme Pénélope et sa petite fille Pamina devront l’attendre pendant ses semaines de détention. Le récit tiré d’une histoire vraie est bouleversant. Tout au long des pages, on vit au plus près du héros, de ses heures en prison. Dans ses quelques mètres carrés de cellule, il va tenter chaque jour de supporter le quotidien, le manque des siens, l’ennui. L’auteur sait retranscrire l’univers carcéral fait de rencontres, de violences aussi, d’injustices. Alexandre écrit pour sa femme et pour celle qui l’attend Pamina.. Les lettres touchantes ponctuées de dessins, les souvenirs de son histoire d’amour avec sa femme sont comme des parenthèses qui viennent adoucir sa dure réalité.
Le style de Camille Zanka est simple, mais empreint d’émotions, de pudeur comme le héros et de sensibilité. On vit au plus près du personnage et on a qu’une hâte qu’il quitte les murs terribles de la prison pour retrouver ses deux amours.
Au-delà du récit, je pense aussi que l’auteur a voulu nous sensibiliser au sort des détenus. Quel que soit leur faute, leur peine, l’univers carcéral avec son manque de moyens, ses violences peut broyer un individu. Alexandre traversera sa détention non sans souffrance et douleur, peut-être porté par l’amour qui le relie à sa femme et sa fille.
Pénélope et Pamina, elles, resteront en attente, dans cette autre prison, celle du dehors, en sursis.
Je suis entrée facilement dans un récit , émue sûrement comme d’autres lecteurs par le destin d’Alexandre, enfant noir adopté, puis par son histoire avec Pénélope, cette femme d’un autre milieu. On reste dans ce cocon où un homme se souvient de sa vie pour supporter le quotidien où le manque conduit aux pires extrémités. Ce roman est baigné d’une lumière à la fois douce et violente, empreinte de tendresse et d’aspérités.
Ce roman qui se déroule dans l’enceinte d’une prison permet une évasion du lecteur. Très vite, on s’attache au personnage d’Alexandre, on ressent la solitude qu’il peut éprouver, ses craintes, ses peurs. En parallèle, on découvre aussi la douleur de ceux qui sont dehors : sa femme, Pénélope, et sa fille Pamina. L’autrice nous pose une question : pour qui est-ce le plus dur finalement ? Pour celui qui est enfermé,
ou pour celles qui doivent continuer à affronter la vie, sans lui ? La question de l’écriture comme échappatoire est au centre de ce roman. Au-delà d’une histoire vraie, c’est une histoire d’amour et une réflexion sur le rapport au temps.
Alex dirige une société de voituriers, est marié et a 1 petite Pamina de presque 3 ans: une vie de rêve. Mais un jour, suite à un délit routier, il se retrouve en prison à Fleury Merogis. Une vie en suspens commence pour lui: une nouvelle vie faite de cohabitation, de codes d'ennui mais en total décalage avec la vie extérieure. Ainsi il prend la décision d'écrire à ses femmes quotidiennement afin de garder un lien avec elles et de ne pas devenir fou .
Un premier roman plein de vérités carcérales, d'émotions et d'une volonté farouche de garder ce qu'il a réussi à construire et dont il est fier.
Une écriture vraie, poignante, toute en douceur où la violence n'est pas le maitre mot. L'enjeu de cette histoire (basée sur une histoire vraie) est ailleurs: le maintien de liens et l’espérance de ne pas être abandonné une seconde fois.
Incarcéré pour un motif futile, Alexandre va passer cent-sept jours derrière les barreaux.
Cent-sept jours loin de sa femme Pénélope et leur petite Pamina.
Cent-sept jours à tenter de combler le fossé de l’insupportable absence, du manque, de l’ennui, de la peur.
Cent-sept jours, une infinité de nuits.
« Chaque jour est une éternité »
Cent-sept jours à affronter l’univers carcéral, cette noirceur poisseuse, cette violence, le mitard, l’espoir, le désespoir, le temps qui ne s’écoule pas, les repères qui s’envolent.
Cent-sept jours à n’être plus qu’un numéro d’écrou, une fiche.
« Un moins-que-rien. Un homme qu’on balade d’une cellule à une autre. Un homme qu’on peut surprendre dans son sommeil ou sous la douche. Un homme dont on fouille les affaires et dont on lit le courrier »
Cent-sept jours, cinquante-deux lettres, des mots envoyés, des mots reçus pour ne pas rompre lien, pour qu’une enfant de trois ans ne pense pas que son papa l’a abandonnée. Ce papa qui est « au coin ». Les dessins, le courrier caché sous l’oreiller, comme pour le respirer. Comme pour chasser la crasse.
« Quand il se couche, le soir, ça fait un bruit de papier froissé »
Cent-sept jours, et ces souvenirs qui remontent à la surface, ces blessures d’enfance, ce jour où il a compris que des parents blancs ne pouvaient pas avoir un enfant noir.
Cent-sept jours, la rencontre magique avec Pénélope, deux univers aux antipodes l’un de l’autre. L’amour, toujours l’amour. Celui qui fait qu’on tient le coup. Pamina, son rire, son odeur.
Cent-sept jours , la promiscuité, les mutineries, les privations, et l’attente… Toujours…
Cent-sept jours , écrire, écrire sur des bouts de papier, sur n’importe quoi. Dessiner. Patienter.
« Contenir ses poings. Brider ses pensées. Ne pas craquer »
Cent-sept jours. Ses mots à elle. Sans lui. Loin de lui. Seule. L’absence qui déchire. Les enveloppes faites « maison ». Les dessins de Pamina. Se raccrocher aux petits bonheurs. A la douceur quand elle est là.
Cent-sept jours à attendre. A l’attendre.
« Dans ce quotidien sans lui, il faut apprendre à retenir chaque moment de douceur »
Celle qui attend est le premier roman de Camille Zabka. Un récit mené de bout en bout par une émotion fulgurante, une écriture tout en sensibilité et pudeur.
J’ai été viscéralement touchée par cette lecture, par les thèmes qu’elle aborde , au-delà de celui du monde carcéral. Je pense notamment à la paternité, à la filiation, mais aussi à la rigidité des institutions et de ceux qui les représentent. J’ai eu plus d’une fois les larmes aux yeux en découvrant les mots maladroits de ce père, qui écrit comme il parle : avec son cœur.
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