"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un soir d'hiver, dans un RER qui traverse la capitale et file vers une lointaine banlieue au nord-ouest de Paris. Réunis dans une voiture, sept passagers sont plongés dans leurs rêveries, leurs souvenirs ou leurs préoccupations. Marie s'est jetée dans le train comme on fuit le chagrin ; Alain, qui vient de s'installer à Paris, va retrouver quelqu'un qui lui est cher ; Cigarette est revenue aider ses parents à la caisse du bar-PMU de son enfance ; Chérif rentre dans sa cité après sa journée de travail ; Laura se dirige comme tous les mardis vers une clinique ; Liad arrive d'Israël ; Frank rejoint son pavillon de banlieue.
Attentive et bienveillante, Anne Collongues fait tourner la lanterne magique de l'existence et livre un texte subtil, aussi juste dans l'analyse psychologique de ses personnages qu'émouvant dans la représentation de leur beauté banale. Ce qui les sépare, c'est finalement ce qui les rapproche : cette humanité qui fait de chacun d'eux un petit monde accomplissant sa modeste révolution, traçant une destinée minuscule qui, au fil de ce trajet dans la nuit des cités-dortoirs, va connaître sa modification.
Un premier roman qui se lit facilement, une écriture simple et fluide, des personnages dont on découvre l’histoire, au fil des pages et des stations de ce RER de banlieue, une jolie performance pour cette auteure qui atteint tout juste la trentaine. Agréable moment en compagnie de ce microcosme, malheureusement je n’ai pas été vraiment séduite, il manque un petit quelque chose d’indéfinissable …
Dans « Ce qui nous sépare » Anne Collongues imagine des vies dans ce RER qui chaque soir traverse la banlieue parisienne. Des vies qui se croisent et se percutent sans se parler, sans se toucher, alors qu’il leur manquerait juste une étincelle d’humanité pour se rencontrer…
Bien sûr, à la lecture des premières lignes de ce premier roman, j’ai pensé à celui de Pierre Charras « Dix-neuf secondes » qui décrit ces rencontres, ces instants de vie avec tellement d’acuité et de réalisme que lorsqu’on qu’on l’a lu et qu’on prend le RER pendant des heures chaque jour, on ne regarde plus jamais autour de soi de la même façon.
Dans le wagon, il y a Marie, jeune maman, elle ne supporte plus les pleurs de son bébé, elle aime Gaétan plus que tout mais semble anéantie face à ce quotidien tellement éloigné de ses rêves d’adolescente. Il y a Cigarette, elle n’a pas su saisir sa chance et partir au loin avec celui qu’elle a aimé un jour, il y a si longtemps, depuis elle aide ses parents à tenir le bar PMU, parce qu’elle ne sait pas dire non, parce qu’elle ne rêve pas d’un ailleurs à conquérir. Il y a Cherif, il a su saisir l’occasion et le job qu’on lui a proposé pour se sortir de la cité, celle où pourtant règne une forme de solidarité. Il y a Liad, il arrive d’Israël et rêve d’une autre vie, sans fusils et sans armes. Il y a Alain, lui vient d’arriver à Paris et sort d’un tunnel affectif mais va retrouver celle qui lui redonnera l’espoir. Il y a Franck, il rejoint son pavillon, là, il se sent incompris, mal aimé, isolé.
En fait, dans ce wagon, des solitudes, des espoirs déçus, des attentes se croisent sans jamais se rencontrer, silence, peur de l’autre, de ce qu’on imagine ou qu’il projette mais qu’il n’est pas forcément, et qui nous laisse seul avec nos doutes, nos interrogations, nos solitudes. Des destins se forment, se décident, s’interrompent, face à la ville et au paysage qui défile, au quai tellement vide même quand il est peuplé de voyageurs qui attendent, face à la nuit qui défile à la fenêtre. Et le lecteur de se dire, et si ? Et si quelqu’un avait parlé, si les lèvres s’étaient entrouvertes, si un sourire s’était esquissé, si seulement un regard avait effleuré, si les mots s’étaient échappés, auraient ils suffit pour changer un destin ?
Voilà un beau premier roman, porté par une superbe écriture toute en finesse et en détails, Anne Collongues explore des sentiments et dévoile des décors, des mouvements, montées, descentes, sonneries stridentes, démarrages, et silences, tous très visuels, comme dans un film qui se déroulerait là, sous nos yeux.
https://cahiersvarisetplumenacre.wordpress.com/cahier-des-lectures/
Un angle de vue tout particulier pour ce premier roman : des personnages assis dans le RER avec chacun son histoire, ses pensées, ses envies, ses soucis, ses espoirs. Finalement rien en commun si ce n’est un bout de voyage ensemble, quelques regards croisés ou pas. Un livre que j’ai vraiment apprécié.
L’ouvrage s’ouvre sur Marie, une jeune femme qui a besoin d’échapper à son quotidien devenu difficile par la présence de son bébé qui pleure tout le temps et le peu de réconfort qu’elle trouve chez son compagnon Gaétan, le papa. Il y aura aussi Alain qui a quitté la Provence, Liad qui arrive tout juste d’Israël, Chérif qui inquiète beaucoup un passager très méfiant appelé Frank, Cigarette surnommée ainsi parce que ses parents tiennent un café et Laura qui est en chemin vers la clinique comme chaque mardi soir. Chacun est assis pour effectuer le même trajet mais les voyages sont tellement différents en raison de ce que chacun est en train de vivre. Anne Collongues nous livre quelques des points communs, par exemple : « Marie errait désemparée dans les rues de la ville trop grande, trop ville, comme Alain marche le soir dans Paris où manquent l’horizon et le pépiement des oiseaux avec lesquels tous les deux ont grandi. » (p 145).
J’ai trouvé le récit très agréable parce qu’on passe de la description du présent au récit de la vie de chacun avec beaucoup d’adresse. Mon seul regret est de ne pas connaître la suite de la vie de ces protagonistes puisque le récit s’achève au moment où chaque voyageur descend du RER. A quand la suite ?
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/07/04/34049035.html
« C’est rarement par plaisir qu’on se trouve bringuebalé dans la carcasse d’un RER, et ce qui sourd des présences muettes est bien différent de la légère euphorie ou de la quiétude que l’on perçoit parfois dans les wagons des TGV, peut-être parce que c’est le voyage alors, une sorte de luxe, un réel hors du temps et non la traversée de l’ordinaire. »
La francilienne que je suis, qui a des milliers de kilomètres de RER à son compteur, n'a pu qu'être intriguée par le pitch de ce premier roman d'Anne Collongues.
Ce qui nous sépare : très bon titre qui souligne bien ce que l'on ressent quand on effectue son trajet quotidien. On côtoie, parfois de très (trop) près, des anonymes qu'on supporte du mieux qu'on peut. Tout le monde adopte une attitude placide. Bref, on attend que ça passe... Et pourtant, derrières les masques, derrières les lassitudes, de multiples vies se font, se défont. Des cœurs battent, des souffrances se taisent. Ce sont ces vies intérieures, que personne ne soupçonne, qu'Anne Collongues dévoile dans ce roman choral à travers sept personnages qui s'épient tout en réfléchissant à leurs propres vies.
Nous avons Marie, une jeune mère débordée et qui semble malheureuse dans sa vie. Cigarette, elle, aide ses parents propriétaires d'un bar-PMU mais rêve d'ailleurs. Franck se méfie d'un jeune mec de cité, Chérif, alors que ce dernier est rongé par l'amour qu'il porte à la copine de son frère. Alain vient de province et s'est éloigné d'un événement dramatique. Dramatique est aussi la raison qui pousse Laura à se rendre tous les mardis dans une clinique. Enfin, Liad est un jeune qui arrive d'Israël et découvre la France.
Le sujet aurait pu être casse-gueule mais l'auteure a su traiter avec justesse et bienveillance ces personnages à un moment-clé de leur vie dans un lieu pourtant banal de leur quotidien. On se laisse bercer par l'écriture qui ne tombe jamais dans le mielleux et on s'attache à ces différents personnages. De quoi regarder d'un œil nouveau ses compagnons de galère du RER !
Sept, ils sont sept personnages dans un wagon de RER qui traverse la capitale en direction de la lointaine banlieue un soir d’hiver. Chacun rêve, pense, revit des moments passés, chacun a une raison d’être là : retour du travail, fuite d’un monde devenu trop difficile, visite à un proche hospitalisé.
C’est la vie tout entière, ses déchirures, ses chagrins, ses deuils, ses manques, l’amour, décrits avec simplicité et humanité que nous livre Anne Coullongues. Son écriture est belle et fluide et les propos d’une grande subtilité. Elle nous dresse une étude psychologique extrêmement fine de Marie, Alain, Chérif, Laura, Liad, Franck ou encore "Cigarette".
Le texte est empreint d’une grande empathie, les personnages prennent vie, le RER s’enfonce dans la nuit et dans le huis clos de la rame, les sept voyageurs se débattent avec leurs rêves évanouis, leurs histoires d’amour ratées, la perte d’un enfant, des souvenirs d’armée. Ils sont vous, ils sont moi. On a envie de les prendre dans nos bras, de les rassurer, de les aimer. On a envie de réparer ce qui les a séparés de leur "avant". On a envie de leur dire qu’on est là, nous aussi séparés de quelqu’un, de quelque chose. C’est un roman triste – chacun est bien seul perdu au milieu des autres – et plein de vie à la fois. C’est un roman porteur de réflexions intenses, de questions, de réponses. Un roman qui se lit à la vitesse du train, lentement puis plus vite.
Et même si la mélancolie l’emporte, j’ai envie de chanter "C’est un beau roman, c’est une belle histoire".
Vous avez mis le pied gauche dans une voiture de RER qui traverse la capitale et file vers une lointaine banlieue du nord-ouest de Paris, un soir d’hiver : ainsi pourrait commencer ce premier roman d’Anne Collongues.
De gare en gare se dessine, par fragment, le portrait de sept passagers, dont les destins se croisent dans ce RER, dont les monologues intérieurs s’entrecroisent. Peu à peu, au fur et à mesure que se déroule sous leurs yeux le paysage, chacun révèle ses rêves d’ailleurs ou de jeunesse envolée, ses illusions perdues, ses fêlures et ses lâchetés, ses tragédies intérieures, ses compromissions avec la vie. Pour quelle raison sont-ils dans cette voiture de RER, ici et maintenant ?
Marie a confié son bébé qui ne cesse de pleurer à une baby-sitter avant de monter dans un train au hasard pour une destination inconnue ; carnet de sudokus en mains, Alain se remémore ce Midi qu’il a quitté, ce bonheur familial brisé, tandis qu’il va rejoindre sa fille qu’il n’a pas vue depuis trois mois ; Cigarette, surnommée ainsi à cause de sa taille et parce que ses vêtements sentaient le tabac, est revenue aider ses parents vieillissant au bar-PMU qu’elle avait fui quelques années plus tôt ; Chérif, agent d’entretien des espaces verts de la mairie de Paris, vient de fêter ses vingt ans et rentre chez lui, préoccupé par Céline qui ne répond pas à ses appels ; tous les mardis, Laura quitte le bureau plus tôt et traverse Paris pour aller passer quelques heures dans une clinique où Romain est dans le coma ; Liad vient tout juste d’arriver d’Israël et rêve de découvrir, seul et libre, un Paris immense et inconnu, tandis qu’il doit rejoindre ceux qui doivent l’héberger en banlieue ; depuis qu’on lui a retiré son permis, Frank subit les trajets en RER pour rejoindre sa famille et son pavillon de banlieue.
Sept figures d’une humanité banale et blessée. Sept portraits d’une grande finesse psychologique. Sept voix qui s’entremêlent au fil des pensées et des stations. Sept regards qui se croisent ou s’évitent dans cet espace. Comme un puzzle, où chacun construit sa destinée, déconstruit son passé, pour reconstruire un avenir. Le temps du trajet, c’est une modification qui s’opère en chacun d’eux.
Un premier roman réussi, vraiment réussi !
Lechatquilit.e-monsite.com
Ce qui nous sépare de Anne COULLONGUES
Un soir dans un RER, sept personnes rêvent, s’observent, réfléchissent, se souviennent. Il y a Marie et son chagrin, Cigarette qui va retrouver ses parents, Alain qui vient s’installer à Paris, Chérif qui rentre chez lui, dans sa banlieue après une journée de travail, Laura qui comme chaque mardi va dans une clinique, Liad qui arrive d’israel et Franck qui rentre chez lui.
Cela créé un roman où chaque personnage va vers son destin et nous dessine des tranches de vie aussi différentes que réalistes.
C’est beau, c’est bien écrit. J’ai eu parfois du mal à rester dedans et je m’y suis même perdu, ayant quelques difficultés à suivre et à passer d’un personnage à l’autre.
Extraits :
C’est seulement quand il a posé son bagage sur le tapis roulant pour qu’il soit enregistré que sa mère, remarquant l’inscription, s’est soudain affolée : mais pourquoi as - tu pris ce sac - là ? - faisant tourner vers eux plusieurs têtes de la file d’attente. Je t’ai dit pourtant de cacher tout signe d’identité ! De ne pas parler Hébreu dans la rue, de ne pas dire aux gens d’où tu viens. Regarde, c’est écrit en grand sur ton sac. C’est pas croyable.
C’était si simple de parler à Céline, si doux de la taquiner puisqu’elle avait été d’emblée dans leur quotidien, chez les parents, là où il ne pouvait rien cacher. Dans l’intimité qu’on ne partage pas avec les potes parce que ça ne s’accorde pas avec la virilité et cette image est dure à entretenir.
Aujourd’hui que reste - t- il de ce qu’ils partageaient avant ? Pas même l’étreinte sans laquelle ils n’auraient jamais pu s’endormir. À quoi pense - t - il de son côté du lit ? À quoi pêne - t - il quand il prend le RER le matin pour aller en cours ?
Des citernes, des cheminées, des graffitis, les voies soudain s’élargissent, les rails se dédoublent, se multiplient, des pylônes, des dizaines et des câbles, le bruit du train sur les rails, le silence dans le wagon. Et puis l’espace se rétrécit, de nouveau il n’y a plus qu’une voie, ces deux parallèles de fer, le RER accélère, trace droit.
Sept histoires qui s’entremêlent pour n’en faire au final qu’une seule, au gré des stations et d’un voyage effectué en RER, voici ce que nous propose le premier roman d’Anne Collongues.
Servies par une écriture (déjà) maîtrisée et métaphorique à souhait (je ne suis pas étonnée qu’elle ait été publiée chez Actes Sud), ces bribes de vies faites d’illusions, de rêves, d’espoirs, de solitudes marquent de leurs empreintes psychologiques ces pages dont les rames sinueuses engendrent des tournants singuliers dans chacune des normalités décrites.
Ce qui sépare est parfois ce qui rassemble…
J’ai simplement envie de vous dire ceci : laissez vous embarquer !
Et pour tous ceux qui prennent quotidiennement les transports : ce livre va vous faire les apprécier.
Ma chronique complète sur https://arthemiss.com/ce-qui-nous-separe-danne-collongues/
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