Autrice d'une oeuvre romanesque avant-gardiste, Monique Saint-Hélier (1895-1955) est une écrivaine du temps, elle qui l'a traversé en grande partie alitée, condamnée à le remplir de ses impressions rêveuses et de ses réminiscences feutrées comme fulgurantes. Fervente lectrice de Proust et de Woolf, amie de Rilke et de Paulhan, elle se démarque par l'intensité de son écriture comme de ses relations. Son regard sur le monde, de ceux que seules les blessures existentielles prodiguent, nourrit ses écrits d'une puissance d'évocation singulière. On découvre dans cet ouvrage la relation passionnée qui lia Saint-Hélier à l'intellectuel Jean Rodolphe de Salis, une relation empreinte de nostalgie, d'une grande sensibilité et que magnifie leur langue imagée. Ces lettres nous plongent dans le quotidien des deux correspondants, nous font découvrir leurs fréquentations, leurs pensées, leurs lectures - et surtout, leur mélancolie, douce et lancinante, qui gorgent les mots de souvenirs et suspend indéfiniment les instants fugaces comme on épingle les ailes des papillons.
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