"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec la montée du Front Islamique du Salut (FIS) durant les années 90, l'Algérie bascule dans la guerre civile et devient un terrain dangereux, surtout pour un journaliste français. Paul-Yanis va toutefois tenter le diable afin de sortir du placard où sa rédaction l'a enfermé, se refaire une réputation professionnelle... et retrouver Nour, la jeune femme rencontrée lors des manifs étudiantes de 1988 et dont il est sans nouvelle... Fin de partie forcément tragique pour le cycle que Ferrandez consacre à l'Algérie des 30 dernières années.
L’histoire de l’Algérie prise au cœur.
Au cœur de son histoire mouvementée de 1962 à 2019 (tome 2 des 'Suites algériennes') mais surtout au cœur de Jacques Ferrandez qui, avec son art de raconter en mots et en illustrations, en fait des albums historiques exceptionnellement talentueux.
Au-delà d’être un must incontournable des classiques de la BD, Jacques Ferrandez sait transmettre tout ce qui pétrit son âme et finit par hameçonner nos cœurs.
Le talent de Jacques Ferrandez honore l’univers de la BD !
Seconde partie (la première est ici) qui construite comme la première, parle de l'Algérie depuis l'indépendance à travers des hommes et des femmes qui y vivent ou y ont vécu. Tous se connaissent plus ou moins ou se sont croisés, pas toujours pour le meilleur. Paul-Yanis, journaliste franco-algérien retourne donc à Alger pour retrouver Nour mais aussi pour tenter de comprendre comment le pays se retrouve en guerre civile depuis que le FIS a gagné les élections avant que celles-ci soient invalidées par le gouvernement.
Comme dans les autres albums de Jacques Ferrandez, l'histoire est compliquée, mais bien expliquée sans que l'auteur ne prenne parti. Il est un témoin neutre qui raconte. Il narre la violence du pays, bien avant la colonisation par les Français, puis l'alliance des Algériens contre l'occupant et la séparation dès les accords d’Évian signés. Les tensions qui suivent entre les partisans de Houari Boumedienne et ceux de Ahmed Ben Bella, entre les Algériens et les Berbères... Ses personnages fictifs évoluent dans l'Histoire, ils en sont des acteurs, des témoins, des victimes et chacun d'eux apporte sa connaissance des faits.
Son diptyque se finit avec le Hirak de 2019 : ces manifestations hebdomadaires contre le pouvoir en place et notamment la nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence. Les liens entre la France et l'Algérie sont tendus et réels et Jacques Ferrandez témoigne de son amour pour les deux pays et pour leurs habitants, et, comme à chaque fois, c'est instructif, brillamment et clairement expliqué.
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