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La revue est un art méconnu. Difficile. Ingrat autant que trop souvent les auteurs qui y passent, désinvoltes ou dilettantes. On pourrait donc croire qu'il y a là, pour qui s'est mis en tête de publier une revue, matière à découragement. Détrompez-vous, prenez l'exemple de Jacques Morin, voilà plus de 35 ans qu'il dirige, anime, gère, cette revue de poésie Décharge qui peut se targuer d'avoir livré aux lecteurs 170 numéros. Car le revuisme est aussi une maladie, de type monomaniaque : les symptômes sont connus, le patient (oui, le revuisme est une longue patience) mange et ne vit que pour subvenir à la revue, son rythme biologique en est perturbé : il marche au trimestre et au quantième. Et ne croyez pas que cette maladie soit tenue pour honteuse : non, le malade s'expose volontiers, prend plaisir à s'observer, prendre des notes, publie ses Carnets. Car là se cache sans doute le ressort secret du revuiste : il tient plus que tout à nourrir cette source perpétuelle d'étonnements que lui procure sa revue. © Claude Vercey
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