Ce roman fulgurant, qui ne ressemble à aucun autre, conserve le souvenir de son projet initial : il fut un extraordinaire scénario. Cela se retrouve dans la caractérisation des personnages, la force d'évocation des images, la vivacité du dialogue.
Ici se croisent la mythologie classique et la seule mythologie moderne : celle du cinéma. Ainsi, déesses et dieux de l'Olympe portent-ils bientôt les noms anglo-saxons ou d'Europe centrale des stars, des metteurs en scène et des producteurs d'Hollywood.
En temps qu'actrice - elle préférait ce terme à celui de " comédienne " - Catherine Jourdan a vécu son métier comme un parcours initiatique. Son roman est comme un mythe qui part à la recherche de la vérité et des origines. On y trouve la même jubilation de jouer avec les images et, en passant du cinéma à la littérature, de jouer avec les mots. Ces jeux débouchent souvent sur un formidable humour, puisqu'il arrive aux déesses et aux dieux de drôles de mésaventures. Loin des images de sex symbol, suscitées par la plastique exceptionnelle de Catherine Jourdan, on lui découvre ici sa plus grande admiration pour le burlesque et son rêve d'incarner un personnage féminin aux allures d'ingénue clownesque.
Lors de sa disparition, un article dans Libération l'a décrite comme une " Greta Garbo de l'avant-garde ". Ce compliment extrême l'aurait fait rire et pleurer.
Alain Fleischer
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