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Lire Camarade Kisliakov jusqu'au bout, il le faut absolument, car c'est à la dernière page que tout bascule. Le roman de Panteleïmon Romanov se passe à Moscou dans les années 20. Un nouveau régime s'installe et balaye brutalement le précédent. Le communisme transforme de fonds en comble le tissu de la société russe. Pris de peur et d'angoisse, au delà de l'espérance que le nouveau monde promet, les personnages de ce texte magistral se débattent pour survivre aux épreuves quotidiennes.
Angoisse et sueur froide, ce malaise inconfortable vis-à-vis d'un pouvoir indicible, nous n'en sommes pas si loin aujourd'hui. Camarade Kisliakov, c'est mon voisin, qui a peur de perdre son travail, ses amis, s'il ne s'adapte pas aux nouvelles règles du jeu. C'est la chute d'un monde pour un empire invisible et dévastateur, celui de l'argent et du profit, de l'industrie de la « culture » et du mépris.
Abandonnant un travail créatif et épanouissant, Hyppolite Grigorievitch Kisliakov a trouvé une planque comme conservateur des antiquités au Musée central, lieu anachronique où s'entassent objets d'art et reliques, depuis le lit du tsar Nicolas Ier jusqu'aux sculptures préhistoriques. Ce renoncement a détruit l'amour qui le liait à sa femme, qu'il supporte tant bien que mal jusqu'à ce que le divorce révèle la nature désormais sordide de leur relation. Choisi par le nouveau directeur du musée pour l'aider à conduire sa politique de « prolétarisation » du personnel, Kisliakov est amené à louvoyer : son attachement au monde ancien lui dicte une attitude de complicité envers ses collègues, plutôt vieux jeu et anticommunistes, tandis son désir de trouver une légitimité à sa vie inutile le pousse dans les bras du directeur, communiste inculte, mais brave homme. Trahison qui, au-delà de ses liens avec ceux qui se targuent d'avoir appartenu à la « bonne société », met en cause son rapport à la mémoire que le musée symbolise, aux valeurs éternelles, à son propre moi qu'il a l'impression d'avoir déserté. Pour finir, il trahira aussi son nouvel allié dès lors qu'il sentira le vent tourner.
La vie privée de Kisliakov est également dominée par le mensonge. Ayant retrouvé un vieil ami qui vient d'épouser une femme de quinze ans sa cadette, il cède aux avances de cette dernière par pur dépit et besoin de prendre sa revanche sur l'existence. Mais la jeune femme, aspirante actrice, Publié en 1930, Camarade Kisliakov (Trois paires de bas de soie) présente un immense intérêt pour la connaissance de ce qu'était la vie quotidienne à Moscou à la fin des années vingt. De par sa finesse d'observation, l'auteur préfigure les terribles ravages du communisme sur la société russe. Le lecteur reconnaîtra l'univers de Romanov, avec ses ci-devant, ses mendiants, ses trafiquants et autres rebuts qui ne trouvent pas leur place dans le monde nouveau, celui des appartements communautaires, des tramways bondés, des chicanes et des administrations persécutrices. Et, à travers ces différentes formes de marginalité, un tableau social et politique de la vie soviétique de l'époque du Grand Tournant.
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