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Un jeune Chilien d'une vingtaine d'années accompagne son père en voiture de Santiago, où il réside seul avec sa mère, à Iquique, dans le nord du pays. Son père, qu'il ne voit que rarement, était venu à la capitale pour affaires. Une fois à Iquique, où habite également le grand-père maternel du narrateur, il est prévu qu'ils se rendent à Tacna, dans le sud du Pérou, où le père a décidé de faire soigner (à bon marché, sans doute) la dentition bien mal en point de son fils. C'est cette longue remontée du pays du sud au nord, en passant par le désert d'Atacama, que nous relate le jeune homme. Mais plutôt que de livrer un récit linéaire, le narrateur donne sa voix à une succession de fragments, triste désordre de monologues, de souvenirs mutilés et de visions fantasmagoriques.
C'est ainsi que le lecteur va reconstituer peu à peu l'histoire d'une famille en lambeaux. Il est par exemple question de la mémoire lacunaire et des problèmes de surpoids de ce narrateur sans nom qui a encore un pied dans l'adolescence. De son grand-père, embrigadé dans une secte religieuse. De sa mère, en proie à une insondable solitude depuis le départ de son mari. De la mort d'un oncle, tué peut-être volontairement par le père. De ce père, distant, satisfait de lui-même, indifférent au sort de son fils aîné puisqu'il a refait sa vie et a eu un autre garçon. De la liste d'effets que le père devrait acheter à son fils, et dont presque rien, significativement, ne sera acquis.
À l'image de ce titre mystérieux qui désigne ce brouillard de la frange côtière du Pacifique chilien qui vient planer de nuit au-dessus du désert d'Atacama, Camanchaca plonge le lecteur dans une ambiance déroutante toute en clair-obscur. Road-movie à la fois grave et halluciné, portrait émouvant d'êtres abandonnés, emmurés dans des carapaces de chair ou de silence, radiographie d'une famille en décomposition, le premier roman de Diego Zuñiga peut également être lu comme l'allégorie d'un peuple en quête d'identité. C'est surtout un texte plein d'humour et de tendresse entre ce père et son fils.
Né à Iquique, au Chili, en 1987, Diego Zuñiga est écrivain et journaliste. Avec Camanchaca, il a remporté le prix littéraire Gabriela Mistral, le Prix littéraire de la jeune création Roberto Bolaño dans la catégorie roman, et une bourse de création littéraire du Conseil national de la Culture et des Arts. Depuis, il a contribué à plusieurs anthologies de nouvelles dont Antología de la novísima narrativa breve hispanoamericana (2009), Asamblea portátil (2010), Los mejores cuentos chilenos del siglo XXI (2012) et Trucho (2013). Il est directeur de la revue littéraire 60 watts et collabore à différentes revues, notamment El Mercurio, Rolling Stone et Qué Pasa.
À sa publication, Camanchaca a très vite été remarqué par la presse et les lecteurs sud-américains. Mis à l'honneur dès la Foire du Livre de Santiago en 2009, Diego Zuñiga a fait une entrée très remarquée sur la scène littéraire sud-américaine. Chef de file d'une nouvelle génération d'écrivains chiliens nés dans les années 1980, il apparaît dans le dernier roman d'Alejandro Zambra, Personnages secondaires (paru aux éditions de l'Olivier).
« Dans Camanchaca, la route, et le territoire qu'elle traverse, est à la fois un espace géographique et un personnage à part entière. A l'image de William Goyen, Cormac McCarthy - et d'autres membres de la troupe du Sud des Etats-Unis qui ont influencé de nombreux lecteurs d'Amérique du Sud - Zuñiga façonne ses personnages sur l'air qu'ils respirent, la langue qu'ils parlent et la culture locale qu'ils portent sur eux comme une seconde peau. [.] Diego Zuñiga s'approprie le genre du récit minimaliste. C'est annoncé dès la première page avec une citation de Richard Ford très adaptée, et cela se confirme avec cette structure fragmentaire grâce à laquelle les chapitres se lisent comme des micro-récits ou comme les morceaux d'un miroir brisé.» (Damián Huergo, Página 12) « Cela va vous sembler pompeux, mais pour être honnête, Camanchaca a un peu changé ma vie. » (Alejandro Zambra, propos recueillis par Roberto Careaga C. pour le quotidien chilien La Tercera)
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