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Les cadres des tableaux restent, dans l'histoire de l'art, un domaine largement inexploré. Florissante aux dix-septième et dix-huitième siècles, la production des cadres sculptés et dorés a connu une décadence avec l'invention des pâtes économiques, imitant par moulage en plâtre les ornements en bois sculpté. Les cadres de style Louis XIV ou Louis XV dits en pâtisserie ont ainsi encombré le Salon, les musées et les galeries où les tableaux étaient solennellement présentés sur plusieurs rangs, dans la tradition des galeries royales et des cabinets d'amateurs de l'Ancien Régime.
À l'époque des impressionnistes, des artistes parmi les plus novateurs de leur temps, comme Seurat, Degas et Signac, ont réagi violemment contre la médiocrité de ce décor imposé à leurs oeuvres. Ils ont crée eux-mêmes, sculptées ou peintes, les bordures destinées à leurs tableaux. En général plats ou légèrement bombés, blancs ou coloriés, ces cadres se voulaient à l'opposé des lourdes bordures de la peinture officielle. Le recours à des matières nouvelles, écaille, bambou, vernis, à des colorations et à des formes inédites, permet de faire du cadre une partie intégrante du tableau.
Les modèles de Whistler, les cadres de jardin de Degas, la bordure chemin de fer de Signac, les cadres en couleurs de Caillebotte, Gauguin, Seurat, Moreau ou Denis témoignent de ces créations naguère jugées sans intérêt et trop souvent anéanties depuis.
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