"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation. Ce roman est l'histoire d'un homme qui travaille dans un abattoir et ressent un beau jour un trouble pour une femelle de «?première génération?» reçue en cadeau. Il est irrésistiblement attiré par elle, même si tout contact inapproprié avec ce qui est considéré comme un animal d'élevage est passible de la peine de mort. À l'insu de tous, il va peu à peu la traiter comme un être humain.
Le tour de force d'Agustina Bazterrica est de nous faire accepter ce postulat de départ sans difficulté. Elle y parvient en nous précipitant dans un suspense insoutenable, tout en bouleversant notre conception des relations humaines et animales. Cadavre exquis est un roman tout à la fois réaliste et allégorique, d'une brûlante actualité.
L'avantage d'écrire son billet plus de deux mois après avoir terminé un roman est de savoir ce qu'il nous en reste, ou pas. Et je peux dire que celui-ci, il m'en reste beaucoup, beaucoup, beaucoup. Je suis encore scotchée par ce livre terrifiant, qui m'a en plus offert une fin surprenante et à laquelle je ne m'attendais pas du tout.
Nous sommes dans un monde proche du nôtre, cela pourrait se passer demain ou dans les décennies à venir (même si je ne l'espère pas).
Une épidémie aussi soudaine que dévastatrice a quasiment éradiqué tous les animaux de la planète, à quelques exceptions près. La population ne pouvant plus manger de viande sans risque, des "humains" sont élevés en bétail pour que d'autres puissent s'en sustenter. Plus que du cannibalisme pour survivre, cela devient une norme.
Un employé d'abattoir, ayant connu "l'ancien monde" et devant désormais évoluer avec cette nouvelle "nourriture", se voit offrir une "femelle". Alors qu'il est interdit de s'attacher à ces "créatures", sous peine de mort, il franchit peu à peu la limite.
C'est un roman qui glace le sang, à plusieurs niveaux.
Alors que je ne suis par particulièrement sensible aux descriptions horrifiques que je peux lire dans bon nombre de bouquins, n'ayant pas, par exemple, l'habitude de regarder sous mon lit si un monstre ne s'y cache pas, j'avoue que là certaines scènes, très visuelles, m'ont dégoûtée. Au point où je refermais le livre quelques secondes, avant de le reprendre aussitôt car j'avais très envie d'en connaître la suite. J'ai véritablement lu ce livre en apnée, ayant beaucoup de mal à le lâcher et y retournant dès que je le pouvais. Pourtant c'est très cru, très réaliste, j'avais l'impression de me retrouver spectatrice d'une mise à mort. Si l'auteure avait pour but de nous faire réfléchir sur la condition animale, sa souffrance bien entendu, elle y est parfaitement arrivée avec moi. Je ne vais pas devenir végétarienne pour autant mais je serai encore davantage raisonnée par rapport à ma consommation de viande.
Ce roman peut évidemment aussi être lu à plusieurs niveaux, je laisse à chacun la liberté de choisir lequel.
Je me suis vite attachée au personnage principal, parvenant à me mettre à sa place, jusqu'à un certain point. Et j'ai surtout admiré le tour de force final qui m'a laissée sans voix.
Enfin, s'agissant de la prose, je l'ai trouvée extrêmement maîtrisée, très sèche et très ronde à la fois, aussi précise qu'un coup de scalpel. Chapeau à la traduction aussi, n'ayant pas lu ce roman en langue originale.
En résumé, un livre que je ne peux que conseiller tout en mettant en garde les âmes sensibles. Il s'agit selon moi d'une dystopie assez originale et je ne pense pas que ce roman peut laisser indifférent, on aime, on n'aime pas, mais on a forcément quelque chose à dire dessus.
Et même si j'ai beaucoup aimé, si on en fait un film ou une série (cela s'y prêterait bien), cela sera sans moi, les images que je me suis créées mentalement auront largement été suffisantes.
Lu en février 2021
Après qu'un virus ait éradiqué la grande majorité des animaux sur Terre, les hommes exploitent une espèce unique, propre à la consommation. Il est interdit d'établir des liens avec ces humains d'élevage et pourtant, un homme qui travaille au sein de ces abattoirs va franchir l'inimaginable barrière...
Ce roman nous plonge dans la chair, le sang, les viscères sans préambule et sans œillère. L'horreur et le dégoût nous submergent, les choses sont présentées crûment dans un processus mécanique précis.
On se déplace dans un scénario de la mort, les yeux exorbités, la conscience étourdie. C'est visuel, hyperréaliste. On oppose ici un dogmatisme de masse, un enrôlement, à la sensibilité individuelle.
L'écriture est acide et projette sa capacité à nous heurter, nous bousculer. C'est extrêmement dérangeant, persuasif de quelque chose que l'on consent, et qui pourtant n'a pas sa place. C'est disséqué avec un sens accru de justesse.
"Personne ne doit plus les appeler "humains ", car cela reviendrait à leur donner une entité ; on les nomme donc "produit", ou "viande", ou "aliment". Sauf lui, qui voudrait n'avoir à les appeler par aucun nom."
On suit le parcours abîmé d'un homme qui a le sentiment d'avoir tout perdu, et auquel on accroche tous nos espoirs. On veut oublier l'univers clos, caché, les scènes d' une violence insoutenable. On frôle souvent l'indigestion avec ce roman d'anticipation qui pointe du doigt l'industrie alimentaire, l'exploitation du vivant.
Un récit dont on ne ressort pas serein : après cette lecture, vous ne verrez plus jamais la viande dans votre assiette, de la même façon !
J'ai ce roman depuis le mois de septembre dernier. Connaissant le sujet du roman, je ne voulais pas le lire avant les vacances de Noël, j'ai donc choisi de le lire pendant les vacances de février. Ce choix de période de lecture n'a aucun rapport avec l'actualité du moment, ce n'est qu'un pur hasard.
Tout d'abord et avant de commencer votre lecture de cadavre exquis, je vous dirais, « âmes sensibles, s'abstenir ». Car oui, beaucoup de passages sont difficiles à lire. J'ai fait la bêtise de lire un soir, à peine être sortie de table, j'ai bien cru que j'allais rendre mon dîner.
Pendant ma lecture et même après avoir terminé le roman, je me suis posée quelques questions : pourquoi, avoir écrit un roman sur ce thème-là ? Qu'est-ce qui a motivé l'auteure ? Je n'ai pas trouvé la réponse, mais de mon avis personnel, je pense que l'auteure cherche à nous avertir, à nous faire réfléchir sur nos actes et notre façon de vivre. Elle veut nous faire prendre conscience que nous devons changer. Je le répète, ce n'est que mon avis !!
Dans plusieurs passages, elle nous montre la façon dont sont traités ces humains réservés à la consommation humaine. Au début du livre, il y a même quelques pages qui décrivent les étapes de l'abattage (de l'arrivée du bétail au découpage des parties). Un autre passage, très difficile lui aussi, où l'on est dans un laboratoire où l'on fait des expériences de différentes sortes.
Et c'est là que je me suis rendu compte de 2 choses. D'abord, j'ai eu le sentiment que l'auteure voulais nous montrer ce que nous faisions subir à nos animaux. Et oui, sur des êtres humains, on se rend mieux compte de la souffrance, car on se met à la place de cette personne. Et la 2ème est plutôt une question, serions-nous capables d'en arriver là parce que nous ne pourrions pas nous passer de viande ? Pourrions-nous être des monstres, tel que dans ce roman ?
En tout cas, une fois que l'on a lu ce livre, on ne peut pas l'oublier !
Je trouve que ce roman nous fait réfléchir sur notre société et nous invite à nous poser des questions.
« Cadavre exquis » n'est pas le jeu littéraire inventé par les surréalistes mais le nom d'un jeu auquel jouent les enfants : devinez quel goût les autres peuvent avoir si on les mangeait ? Glaçant.
Dans ce monde où les animaux ont été décimés à cause d'une bactérie contaminant leur chair, il a fallu trouver un nouveau moyen pour continuer à consommer de la viande : élever des « têtes », des êtres humains génétiquement modifiés, en somme du bétail humain dont on annihile toute humanité.
J'ai dévoré ce roman malgré le malaise et le dégoût qu'il peut procurer : voilà le vrai tour de force de cet auteure argentine, il y a une véritable réflexion derrière l'atrocité. le personnage principal est attachant, et semble avoir conserver son humanité, vraiment ?
Que ferions-nous dans ce monde post apocalyptique ? Jusqu'où sommes nous prêts à aller pour manger de la viande ? Peut on conserver sa part d'humanité en mangeant son voisin? Quel est le rôle de l'état et des lobbies pour faire accepter des choses abominables et inimaginables ?
Un roman précurseur, qui pose des questions morales et éthiques, sur une réalité qui, on l'espère, ne sera jamais la nôtre. Âmes sensibles s'abstenir mais je vous le recommande.
Dans un futur proche, si tu manges un animal tu meurs. Comme devenir vegan est hors de question dans cette société, il a été décrété qu’une tranche de la population humaine n’était plus humaine mais était du bétail. Le narrateur est responsable d’abattoir, il a commencé avec les vrais animaux et maintenant il gère la viande non-animale. Cette lecture est très dure du point de vue du thème mais pas uniquement, c’est aussi très dur pour le lecteur car l’écriture est tel qu’on oublie très voire trop facilement qu’on a affaire à du bétail humain.
Le récit est fait de telle sorte que, sur le coup, on arrive à penser que c’est une situation normale et à aucun moment on se dit immédiatement que ce n’est pas normal il faut un temps de réflexion. C’est particulièrement fort d’arriver à nous retourner le cerveau pour nous faire accepter ou tolérer les horreurs du récit au moins dans l’instantané. On a une évolution des personnages très interessante, avec un cheminement vers une fin qui fait passer par tous les sentiments possibles et inimaginables. J’ai beaucoup aimé cette horrible lecture car c’est très bien fait. On a de l’horreur mais pas juste pour de l’horreur, elle pousse à réfléchir derrière. L’autrice est d’Argentine et comme pour plop on a un traitement de l’avenir glauque, gore et où l’homme est une plaie. Ce sont deux histoires très différentes mais qui ont une ambiance très proche qui me laisse penser qu’il existe un courant en Argentine.
Dystopie qui fait froid dans le dos, on pense à « Soleil vert » mais c’est pire. Après les hommes ne sont ils pas capables de tout ?
Imaginez un monde où le règne animal est atteint d'un virus mortel, où la consommation de viande animale est proscrite, pire encore la presque totalité des animaux est exterminée.
Un monde où on se nourrit d'une autre viande appelée '' viande spéciale '' celle d'êtres humains créés, élevés puis abattus pour la consommation.
Oui, oui !!! C'est fou! On mange de la viande humaine, on s'arrache même les têtes dites PGP non modifiées génétiquement, les plus chères sur le marché.
C'est dans cette ambiance tordue qu'a voulu nous plonger l'auteure.
C'est rebutant, écœurant. Heureusement qu'il y a ce personnage ''Marcos Tejo'' qui travaille dans un abattoir, il est en deuil, délaissé par sa femme, il prends en charge financièrement son père dément depuis la transition.
Lui, il est contre tout ceci, ces êtres sacrifiés, d'ailleurs il ne goutte plus à cette viande. Il nous reconforte un peu ce Marcos. Enfin quelqu'un de normal entre guillemets dans ce monde de fou!
Un jour, on lui offre une tête PGP une femelle. Que va t il en faire?
Malgré l'écoeurement ressenti à cette lecture, j'ai tourné les pages assez vite, je voulais connaitre la fin.... et quelle fin !!! Elle m'a laissée pantoise !
En gros, je n'ai pas aimé. Voilà
Attention, ce roman est une véritable tuerie et c'est peu de le dire ! Agustina Bazterrica nous entraîne dans une dystopie glaçante où les animaux ont presque tous disparus, mais sont surtout devenus impropres à la consommation depuis la Grande Guerre Bactériologique qui a contaminée la surface du globe. Pour relancer et contrôler l'économie de la viande suite à des dérives, le gouvernement donne carte blanche aux scientifiques. Le génome humain copié, la nouvelle race humaine servira...de bétail ! C'est à travers les yeux et l'histoire de Marcos Tejo, protagoniste principal, qu'Agustina Bazterrica dresse un constat sans appel sur notre propre société de consommation. Mais c'est en soulevant tour à tour la question de l'éthique et de la moral que le roman laisse pantois dès les premières pages. De ses descriptions réalistes, une question demeure lorsque Marcos reçoit une femelle" en cadeau. Que va-t-il faire d'elle, lui le responsable de l'abattoir dégoûté par cette "viande spéciale" ? Un livre dérangeant, mais néanmoins nécessaire.
Suite à la Grande Guerre Bactériologique qui a décimé la presque totalité des animaux, une pénurie de viande inquiète les autorités. Atteinte d'un virus mortel pour l'homme, aucune viande animale ne peut être consommée. De plus, scientifiques et gouvernements s'accordent à dire (à tort...?) que les protéines végétales ne comportent pas toutes les acides aminées essentiels. Alors, que faire ?
Après une panique mondiale où une partie de la population s'entre-tua pour se dévorer, où les immigrés, en masse, les marginaux et les pauvres disparaissaient mystérieusement, une légalisation fut prononcée. Désormais appelée "viande spéciale", cette nouvelle race crée à partir du génome humain sert de bétail.
C'est dans ce contexte désormais bien établi que débute l'histoire de Marcos Tejo, responsable d'abattoir. Meurtri par la mort de son nourrisson et délaissé par sa femme en deuil, celui-ci mène une existence sans saveur. Dégoûté par ce qui l'entoure, l'homme ne sait comment réagir lorsqu'un client lui offre une "femelle" et de Génération Pure s'il vous plaît ! Que va-t-il faire d'elle ?
Avec la volonté de bousculer dès les premières lignes, Agustina Bazterrica sait planter son décor. Avec ses courtes phrases, celle-ci réussit à souffler un vent glacial au relent nauséeux. De ce malaise grandissant, qui n'est pas sans rappeler La route de McCarthy, elle vient perturber notre conscience et notre moralité en exposant la crudité d'une situation aujourd'hui inenvisageable, et ça le fait grave !
A l'instar d'un stagiaire, on suit les déambulations de Marcos dans l'abattoir ainsi que les différents corps de métiers qui le compose. De cette observation glaçante, l'auteure révèle la révulsion presque physique du protagoniste face cette nouvelle forme de consommation, mais plus encore face aux comportements humains. Qui de l'Homme est l'animal ?
Critique de notre société de consommation, la primo-romancière soulève de nombreuses réflexions concernant la souffrance animale, avec en filigrane, l'actualité de nouveaux régimes alimentaires. Avec un sens du réalisme désarmant, elle questionne non seulement notre morale, mais surtout l'éthique en accusant subtilement gouvernements et lobbys.
En créant son propre vocabulaire, l'auteure a su créer un univers dénué de vulgarité en laissant la porte ouverte à l'étude du pouvoir, de la violence, et même de l'amour. De la précision de l'écriture à sa distance, comme pour mieux retranscrire l'atmosphère ambiante, la romancière a su écrire une allégorie lucide afin de bouleverser notre rapport à l'animal. Récompensé par le prestigieux prix Clarin 2017, ce roman mérite largement qu'on s'y attarde !
Devinerez-vous quelle pâtisserie j'ai choisi pour ce roman ? Parce que oui, j'en ai trouvé une ! Rendez-vous sur le blog pour tout savoir...
http://bookncook.over-blog.com/2019/12/cadavre-exquis-agustina-bazterrica.html
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