"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre est le bilan des effets d'une surdité de perception tardivement diagnostiquée. L'auteur mêle à la relation de ses expériences souvent traumatisantes l'analyse minutieuse des situations affrontées et des solutions qu'il met alors en oeuvre. Dans sa lutte quotidienne et épuisante pour " entendre-comprendre " les autres et " combler les blancs " de leurs mots, il tisse son propre système de perception. Par-delà la solitude et l'angoisse, il réinvente sa participation au monde, il s'y fond, non sans jouissance. Il y crée.
'Brouhaha' est l'analyse de la surdité de l'auteur Georges Knaebel. Dans cet essai autobiographique, le personnage d'Auguste a été créé pour mettre à distance les expériences vécues par l'auteur. A mon goût, le résultat est un peu spécial, même si je comprends que cette démarche a été nécessaire à l'écrivain.
Ce livre transpire le mal-être et la souffrance, et sa lecture m'a été très difficile. Pendant des pages et des pages, on traverse la peine que peut vivre un malentendeur qui n'est pas complètement sourd, qui ne présente pas un handicap visible et dont la surdité a été découverte tardivement. Son entourage a donc d'abord pensé qu'Auguste était un peu "ebn" (étourdi, bête et naïf). Pour autant, une fois le handicap découvert, l'étiquette d'ebn n'a pas disparu. Et personne dans l'entourage d'Auguste ne semble se montrer compréhensif ou aidant. On finit par se demander dans quelle misère l'auteur est-il né pour n'avoir absolument personne autour de lui capable de montrer un peu de compréhension. Ainsi, demander à quelqu'un de répéter ce qu'il a dit devient une véritable torture, la personne en face d'Auguste finissant toujours par s'énerver ou tourner les talons. Et là, je m'interroge : on apprend dans cet écrit qu'Auguste a un travail, une femme et un enfant. Il y a donc tout de même bien des personnes qui l'ont aimé tel qu'il est. Alors pourquoi ce silence à leur sujet ? Pourquoi tant de noirceur, d'amertume et même de "misérabilisme" ? Mon regard est sans doute dur car c'est bien toutes les difficultés traversées dans le brouhaha de nos paroles que l'auteur "gracieux de la feuille" a voulu relater ici. Mais au fil des pages, on n'en peut plus, l'auteur se répète, l'ennui s'installe, et on attend, enfin, une petite éclaircie parmi toutes ces lamentations, car sans éclaircie, la vie n'est pas possible ! Le suicide est d'ailleurs abordé dans cet ouvrage.
Enfin, le soleil finit par arriver timidement dans les toutes dernières pages du livre, et je n'en pouvais plus de l'attendre ! Auguste semble enfin s'accepter, mais on sent encore que ce n'est pas tout à fait ça. Pour ma part, je pense que j'aurais arrêté bien plus tôt ma lecture si je ne m'étais pas entêtée à espérer cette éclaircie finale, qui m'a tout de même laissé sur ma faim. Ce livre reste donc complexe et pénible, probablement comme la vie vécue par l'auteur...
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Le brouhaha de vos voix
Me laisse tout pantois
Ce tintamarre me rend coi
Je me sens de guingois
Les adultes restent sourds
A ma détresse et mon émoi
Ils me jouent des tours
Leurs bras ne s'ouvrent pas
Je ne suis pas une bête
J'ai bien toute ma tête
Je suis gracieux de la feuille
Je vous ai tous à l'oeil
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