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Viré des stups en France, Solo vivote comme détective à Bamako, capitale du Mali, en noyant ses souvenirs dans l'alcool. Une jeune touriste qu'il avait aidée à faire sortir de la prison où elle croupissait pour trafic de cocaïne, est retrouvée égorgée. Solo veut comprendre pourquoi, comme il veut comprendre pourquoi quelqu'un s'attaque à ses proches. Tandis que les cadavres se multiplient, il se lance à la poursuite des assassins à travers ce pays de chaleur, de poussière et de violence.
Tous les éléments du style "hard-boiled" sont réunis dans Black cocaïne : un détective à la dérive, une femme fatale, une enquête moins simple qu'il n'y paraît (meurtres, disparitions et trafics s'entremêlent savamment) et beaucoup d'action.
Souleymane Camara, dit Solo, métisse franco-malien, noie son désespoir dans les paradis artificiels : drogue et alcool l'aident à (sur)vivre au jour le jour, tandis que les comportements à risque le mènent souvent au bord du gouffre ; il ne souhaite plus vivre, mais refuse de se donner la mort. Anéanti par la perte d'êtres chers à son cœur, il va trouver dans la vengeance une force insoupçonnée et un nouveau désir de vivre. J'ai adoré ce personnage meurtri et complexe, partagé entre deux pays, deux cultures, qui tente de se construire une nouvelle existence en faisant le bien autour de lui par le biais de son agence de détective privé.
L'intrigue du roman se déroulant au Mali, le dépaysement est total. L'essentiel de l'action se passe à Bamako, une ville tentaculaire au bord de l'asphyxie, noyée dans la pollution, la surpopulation, la violence et la corruption endémiques, où tout et tout le monde s'achète et se vend. Une ville où cohabitent tant bien que mal populations locales de différentes ethnies et expatriés en tout genre, extrême pauvreté et richesse indécente. L'auteur ayant vécu au Mali dans le cadre d'une coopération pour des affaires de stupéfiants (il a été commandant d'une unité anti criminalité), on sent le vécu au travers du récit, il nous apporte une vison du pays bien différente de celle que l'on peut avoir à travers les médias, loin de tout angélisme mais avec beaucoup d'amour.
Le style de l'auteur est agréable à lire, le rythme est rapide grâce notamment à la succession de courts chapitres, et le fait que ce soit Solo qui raconte son histoire ajoute du punch et du réalisme au récit. Actions et rebondissements s'enchaînent sans temps morts au milieu d'excès de violence qui peuvent surprendre au début, mais qui rendent bien compte du climat ambiant (et je ne parle pas que de la météo !). Les dialogues sonnent juste et les descriptions sont extrêmement vivantes, mine de rien on apprend beaucoup sur le pays et ses habitants. J'ai passé un très bon moment avec Solo, et j'espère que l'auteur - Laurent Guillaume - lui donnera l'occasion d'apparaitre dans de nouvelles enquêtes...
http://andree-la-papivore.blogspot.fr/2015/05/black-cocaine-de-laurent-guillaume_23.html
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